Le Centre Holistique Ôm Prana, premier bistro d’alimentation vivante dans la Vieille-Capitale, a ouvert ses portes il y a deux ans dans le Nouvo St-Roch. Sarah-Maude Deschênes, nutritionniste à la clinique de nutrition Hélène Baribeau, explique que l’alimentation vivante semble être une mode ou une tendance depuis quelque temps.

Les personnes qui adoptent cette alimentation sont tout d’abord végétariennes, végétaliennes et finalement, elles mangent seulement des aliments crus, d’où le nom de  crudivores. (Les aliments doivent toutefois être déshydratés à une température inférieure à 41oC pour ne pas détruire les propriétés de l’aliment.)

Nancy Bilodeau, propriétaire du Ôm Prana,  précise et illustre les fondements de cette alimentation.

Origine et motivations

Dans l’Antiquité, les cyniques étaient un groupe de philosophes radicaux qui vivaient à l’encontre de toutes les normes sociales. Marc-Antoine Beauséjour, assistant d’enseignement en philosophie à l’Université d’Ottawa raconte que « l’idée qu’il faut vivre selon la nature contre toute convention implique aussi un rapport particulier avec la cuisson. Cuire semble être un acte culturel et non naturel ». Les cyniques sont donc parmi les pionniers de  l’alimentation vivante même si leurs motivations et croyances particulières diffèrent de celles des adeptes d’aujourd’hui.

Nancy Bilodeau explique que nombreuses sont les motivations, aujourd’hui, pour adopter une telle alimentation et que bien sûr, ces motivations sont propres à chacun. Certaines personnes vont le faire pour une question de santé, afin de se soigner, de guérir ou de prévenir certains troubles. D’autres croient tout simplement que le corps humain n’est pas conçu pour se nourrir autrement. Il y a aussi ceux qui à la base étaient végétariens ou végétaliens pour la défense des animaux et qui maintenant sont adeptes du crudivorisme.

Selon Michel Verreault, professeur au département de marketing de l’Université Laval, l’idée de modifier sa consommation alimentaire aussi extrêmement sans aucune motivation ou croyance précise peut sembler folle pour la majorité des gens. Il explique qu’au même titre qu’arrêter de fumer, c’est souvent la peur qui nous motive. Si quelqu’un voit un effet négatif de sa consommation sur sa santé et qu’il craint pour sa vie ou pour sa santé, l’adoption d’un comportement différent face à sa consommation est beaucoup plus envisageable. La croyance vient également se combiner à la motivation lorsqu’il est temps de modifier sa consommation. M. Verreault mentionne que la personne se dirigera vers une consommation plus qu’une autre en raison de sa croyance en apport positif de cette consommation.

Crédit : Ann-Sophie Harvey et Rosalie Baril

Les bienfaits d’une alimentation crue

Sarah-Maude Deschênes, nutritionniste, confirme que l’alimentation vivante apporte au point de vue de la santé bien des aspects positifs. Elle explique qu’un tel régime «apporte beaucoup de légumes, fruits et légumineuses donc ça favorise un bon apport en fibres et antioxydants et c’est souvent associé à une alimentation faible en matière grasse».

« Depuis que je mange cru, c’est le jour et la nuit! », affirme Nathalie Massée, une cliente du Ôm Prana. Elle confie qu’elle a beaucoup plus d’énergie et se sent davantage en santé.

Crédit : Délicieusement cru de Judita WignallNancy Bilodeau affirme qu’une telle habitude de vie aide à maintenir un équilibre de bien-être et donne davantage d’énergie. La propriétaire explique également que les fonctions digestives de notre corps sont encore plus en santé et efficaces, lors d’une alimentation crue. Le fort apport en enzymes, qui se retrouvent en plus grande quantité dans les aliments non cuits, explique ce phénomène. La cuisson supprimerait les enzymes des aliments, un élément nécessaire au bon fonctionnement des organes du corps. Lorsque les aliments cuits sont consommés, l’être humain plus jeune peut facilement utiliser ces propres enzymes pour digérer. C’est en vieillissant que l’apport d’enzymes par le corps humain pour la digestion se fait plus difficile.

Toutefois…

Selon la nutritioniste Sarah-Maude Deschênes, il y a certains bémols à ne vivre que d’une alimentation vivante :

Il est important de considérer selon Madame Deschênes, qu’il y a plus de risque de carences alimentaires en raison de la rigidité d’une telle sorte de régime alimentaire. Il est plus complexe, de ce fait, de ne manger que cru. Nancy Bilodeau mentionne également que la situation géographique du Québec n’est pas favorable à l’adoption de l’alimentation vivante à plus de 75 % de sa consommation alimentaire à longueur d’année.

Pour Sarah-Maude Deschênes, une alimentation saine et équilibrée est constituée d’aliments cuits et crus.