Le projet de loi 40, qui modifie la loi sur l’instruction publique permettra, selon le ministre de l’éducation, monsieur Jean-François Roberge, de faire des économies pour le gouvernement. Cependant compte-tenu du travail des commissaires actuelles, il est possible de se demander si le gouvernement fera véritablement des économies.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce projet de loi ne vise pas simplement à changer le nom de « commission scolaire » pour le remplacer par « centre de services scolaire ». Il s’agit plutôt de mettre en place un tout nouveau système de gestion des écoles. Bien que les commissions scolaires deviendront des centres de services scolaires, le conseil des commissaire disparaîtra pour devenir un conseil d’administration. Les membres seront élus parmi leurs pairs seulement au lieu d’être élus par la population en général. Ces deux systèmes ont aussi une grande différence sur leur rôle face aux écoles.
Dans le cas des commissions scolaires, les commissaires scolaires s’occupent de prendre toutes les décisions concernant les écoles. C’est-à-dire qu’il s’occupent de gérer les ressources financières et matérielles des écoles mais offrent également un soutien pour la réussite des élèves. Les commissaires sont souvent sur le terrain et fréquentent les milieux. Ils sont pour la plupart parents, voire même grands-parents.
Ce que le gouvernement propose, c’est de donner au ministre de l’éducation tous les pouvoirs pour gérer les ressources financières et matérielles. Quant à la réussite des élèves, cela sera géré par les directions d’écoles. Les centres de services scolaires nouvellement créés par la loi viendraient soutenir les écoles et non les gérer.
Les membres du conseil d’administration seront issus d’horizons variés. Il y a des parents élus dans les conseils d’établissements, des personnes de la communauté, des membres du personnel des écoles et également le directeur général et un cadre. Ces derniers n’auront pas droit de vote . Ce sont donc pour la plupart des personnes sur le marché du travail et qui concilient déjà travail-famille et qui devront s’impliquer bénévolement. Selon monsieur Alexandre Beaupré-Lavallée, professeur adjoint au département de l’éducation de l’Université de Montréal « lCe sont tous des parents qui seront aux conseils d’administration et ce n’est pas vrai qu’ils seront capables de faire la même charge de travail que les commissaires ».
Des économies négligeables
La modification de l’administration scolaire peut entraîner des économies selon le Ministre de l’éducation. Cependant, il est possible que ce ne soit pas de grosses économies selon madame Liz S. Gagné et appuyé par monsieur Beaupré-Lavallée D’ailleurs, selon un article du Journal de Québec, l’économie serait de 45,5M$ par 4 ans soit environ 11,3M$ par année.
Sauf que selon monsieur Alexandre Beaupré-Lavallée, « On oublie que les commissaires avaient du travail en dehors des réunions du conseil de commissaires, c’était des politiciens, des élus. Donc il y avait du travail à faire au niveau de la circonscription, des travaux décisionnels, ils participaient à de nombreux comités. »
D’ailleurs, c’est ce qu’a pu témoigner, madame Liz S. Gagné: « Nous devons travailler à mettre en place des services éducatifs sur notre territoire, à veiller à la qualité des services éducatifs nous devons travailler également à la réussite des élèves, nous contribuons aussi au développement social, culturel et économique de notre région.»
Donc ce projet de loi que le gouvernement propose fera en sorte que la population aura encore moins leur mot à dire et n’aura pas la chance de rencontrer directement les élus. Car les commissaires étaient proches de la communauté et ils rencontraient directement les parents, les élèves et avaient un lien direct avec le personnel d’école. Donc, les personnes soucieuses de la réussite des élèves perdront un service de proximité et la population générale perdra une démocratie.
Une incompréhension des parents
Des parents ont été rencontrés lors des portes ouvertes de l’école secondaire de la Camaradière à Québec. Alors que certains appuient le gouvernement en ce qui concerne les économies, d’autres ne comprennent pas ce projet de loi et ne sont pas suffisamment informés des changements que cette réforme va entraîner.
Monsieur Beaupré-Lavallée explique que l’incompréhension de certains vis à vis du travail des commissions scolaires s’est reflétée par le faible taux de participation aux élections scolaires au cours des années.
Le graphique montre que le taux de participation chez les anglophones est plutôt bon. Cependant, il faut savoir que la liste des commissions scolaires anglophones comprend des parents d’élèves de leurs commissions scolaires et des personnes qui font une demande d’inscription sur ces listes. Du côté francophone, toute personne sur le territoire est inscrite sur la liste. De ce fait, il y a beaucoup plus de personnes inscrites sur les listes des commissions scolaires francophones que sur les listes des commissions scolaires anglophones.
Quant à madame Gagné, elle explique que les commissions scolaires du Québec n’ont peut-être pas été assez visibles auprès de la population ce qui expliquerait le manque de participation aux élections. Avec plus de moyens , ils auraient pu être plus visibles aux yeux de la population générale.
Si le projet de loi est accepté, il y aura une période de transition d’une durée d’un an. Les commissaires scolaires feront partie de comités pour une transition avec le moins d’impact pour les écoles.