Chaque année, les personnes vivant dans l’isolement ou ayant un faible revenu sont confrontées à la période de Noël : un moment qui peut être dur lorsqu’on passe les fêtes seul ou que l’on ne peut pas s’offrir les repas de réveillon traditionnels. L’organisme communautaire La Courtepointe, situé dans le quartier Sainte-Foy à Québec, tente d’aider les personnes en situation précaire tout au long de l’année, mais plus encore durant le temps des fêtes.
Caché derrière l’Église Sainte-Geneviève, le bâtiment de la cuisine collective La Courtepointe accueille ce matin du 14 novembre 2019 deux membres pour un atelier cuisine. Plusieurs recettes sont au programme : du poulet à l’étouffée, du pâté de saumon sans croûte et un potage citrouille et bacon. Si ces plats ne sont pas prévus pour les menus du réveillon de Noël, la cuisine collective commence déjà à organiser ses activités pour le temps des fêtes.
Valérie Dubé, directrice de La Courtepointe, affirme sans hésitation que les demandes pour son organisme augmentent fortement lors du mois de décembre : « À ce moment-là, on a beaucoup de gens qui viennent demander de l’aide alimentaire d’urgence. » Elle explique notamment qu’en temps normal, environ une personne fait ce genre de demande chaque mois mais que cela peut aller jusqu’à plus d’un individu par semaine durant la période des fêtes. « Nous sommes ouverts à toute la ville de Québec : n’importe qui peut débarquer nous ne demandons pas de preuve de revenue ni de preuve géographique. », ajoute la directrice de l’organisme.
Noël, une période particulière pour la cuisine collective.
La Courtepointe offre plusieurs services et activités toute l’année, principalement liés à la nourriture. Le centre prévoir des activités spéciales à ses membres durant le temps des fêtes, notamment des ateliers de cuisines de biscuits de Noël, en plus d’un brunch un peu plus tard dans le mois de décembre. « Certains de nos membres ne sont pas capables d’offrir des cadeaux à leurs proches. On a donc mis en place un atelier de confection de biscuits de Noël et les participants peuvent repartir avec une belle boîte remplie qu’ils peuvent décorer. », mentionne fièrement Valérie Dubé.
Ce programme semble beaucoup plaire aux deux participantes de l’atelier cuisine de ce matin du 14 novembre 2019. Louise Tremblay et Marie-France Simard ont toutes deux inscrit leur nom sur les listes des participantes à l’atelier de Noël. « C’est le fun, on chante des chansons de Noël, il y a une très bonne ambiance », se remémore Marie-France Simard, le sourire aux lèvres.
« Notre but est de créer des occasions de rencontres et surtout de remplir son ventre. Beaucoup de nos activités tournent autour de la nourriture parce que c’est un bon moteur de discussion. », lance madame Dubé avec le sourire. Pour varier les plaisirs, les recettes des activités cuisine sont adaptées selon le calendrier, par exemple à l’occasion de la Saint-Valentin, de Pâques, de la saison des pommes ou encore d’Halloween.
Pour le brunch de Noël, l’organisme compte sur des commandites pour offrir des petits cadeaux à leurs membres : « on offre beaucoup de tuques, de bas »,explique la directrice. « Ces cadeaux sont parfois les seuls qu’ils auront toujours » ajoute-t-elle. Le brunch est donc une façon pour les membres de se réunir et d’avoir la chance de participer à un repas de Noël. Cette activité est en lien direct avec les objectifs de contrer l’isolement et d’établir des liens humains de cet organisme communautaire.
Pour qu’un lien affectif se crée que se maintienne en dehors des ateliers, les groupes de cuisine sont formés par l’équipe de La Courtepointe à la suite d’une rencontre d’accueil. « On essaie de créer des matchs, que ça clique », explique Stéphanie Jones, employée à la Courtepointe. « Il y a des personnes qui font des cuisines ici depuis 10 ans et se suivent entre eux dans le même groupe depuis des années. », raconte Valérie Dubé.
Si elles ne sont que deux ce matin à l’atelier, Marie-France Simard et Louise Tremblay font partie du groupe de cuisine Les Cocottes, encadré par Stéphanie Jones. Toutes deux cuisinent ensemble depuis 5 ans et sont devenues un réel soutien amical l’une pour l’autre.
L’organisme La Courtepointe est né d’une mobilisation des citoyens du quartier St-Foy. Selon la directrice, les habitants avaient un réel besoin de solidarité, d’entraide et d’un lieu de rassemblement. Au départ, seules des activités sociales étaient organisées. La cuisine collective est, elle, née ensuite – lorsque les problèmes d’insécurité alimentaire sont apparus – en même temps que les groupes d’achats et d’autres services liés à l’alimentation. L’objectif est donc de lutter contre l’insécurité alimentaire tout en rassemblant pour cuisiner dans un climat chaleureux et bienveillant. À la suite de l’atelier, les participants repartent avec la nourriture, en général une dizaine de plats, qu’ils ont préparé pour deux dollars par portions.
Pour organiser ses ateliers, La Courtepointe reçoit beaucoup de denrées alimentaires de la part de l’organisme Moisson Québec. C’est à partir de celles-ci que les employés organisent les recettes pour les participants des cuisines collectives. Pour fonctionner, l’organisme a aussi besoin de dons extérieurs qui lui permettent notamment de se fournir en matériel ou en ingrédients non offerts par Moisson Québec.
Un organisme centré sur la cuisine mais pas que.
Un des programmes importants de l’organisme La Courtepointe est son groupe d’achat, qui permet d’acheter des produits directement chez les fournisseurs, avec des prix réduits en raison de partenariats qu’ils ont avec différentes compagnies. « Au lieu que tout le monde ait a acheté chez IGA, Métro et autres, on sauve de l’argent en achetant directement en caisse chez le fournisseur. », explique Valérie Dubé. Selon elle et son équipe, cela permet d’éocnomiser entre 30 % et 40 % sur plusieurs produits.
L’organisme offre également plusieurs activités sociales et culturelle: : achat de lunettes, lectures de pièces de théâtre en groupes, discussions et échanges ainsi que l’opportunité de participer à des cours d’activités physique à bas prix.
Malgré tout les cuisines collectives comme celles offertes à son organisme ou par d’autres dans la région, ne sont pas très connu du grand public comme l’affirme la directrice Valérie Dubé. Selon elle, les gens connaissent davantage les ressources comme les soupes populaires ou des organismes comme Lauberivière. Pourtant les ressources offertes à La Courtepointe aident des centaines de personnes chaque année de Sainte-Foy et de la ville de Québec, selon les statistiques de la cuisine collective.