La crise des réfugiés syriens est rapidement devenue un sujet largement exploité dans les médias et dans les discours politiques de la campagne fédérale. Par contre, il n’est pas devenu pour autant un enjeu électoral, du moins il ne le serait pas dans la région de Québec.

En dehors du contexte électoral, des engagements locaux et provinciaux ont été pris successivement par le Premier Ministre Couillard et le maire Labeaume de Québec. Toutefois, ces engagements n’ont pas forcément influencé le discours des différents candidats des partis dans la ville de Québec. En effet, tous et chacun ont leurs avis sur cette question qui à la fois suscite compassion et crainte au sein de la population.

À la suite d’échanges avec les gens de leur comté, certains députés en ont déduit que cette crise représentait davantage une préoccupation sociale qu’une problématique locale, c’est du moins ce qu’ont affirmé  les différents candidats interrogés par l’Exemplaire. Chaque candidat rencontré a permis de donner une perspective locale aux engagements qui ont été pris par les différents partis fédéraux. Les candidats conservateurs n’ont pas voulu s’exprimer sur le sujet.

Une crise dans un contexte précis

Selon Denis Blanchette, député sortant pour le NPD dans la circonscription de Louis-Hébert, la crise des migrants s’est « invitée » dans la campagne électorale.

« Ce que beaucoup de gens oublient, c’est que tout a commencé par une guerre civile en Syrie il y a quelques années. Tout ça a commencé avant même la propagation de l’État Islamique » explique-t-il.

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Mais peu importe le contexte politique, religieux ou militaire, l’important pour le moment c’est d’accueillir de façon efficace et rapide le plus de réfugiés syriens possible, c’est que souligne madame Caroline Pageau, candidate dans Louis-Hébert pour le Bloc québécois.

« Faut les sortir de là absolument, tout de suite, puisqu’on a les moyens de le faire, on peut les amener dans les bases canadiennes c’est ce qui a été fait en 1998 avec le Kosovo. » a affirmé madame Pageau.

Un enjeu plutôt post-électoral

D’ailleurs, certains candidats ont affirmé ne pas vouloir aller à l’encontre des provinces et des municipalités en ce qui concerne justement l’arrivée des syriens, mais ils sont d’avis qu’un plan d’accueil devra être établi entre le fédéral et les provinces dès que le prochain gouvernement sera élu.

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Une crise avec précédent : le cas des Bosniaques et des Vietnamiens

Ce n’est pas la première fois que la ville de Québec fait face à une arrivée importante de réfugiés de guerre. En effet, dans les années 1960 et 1970, lors de la guerre du Viêt-Nam, le Canada a pris la décision d’accueillir des Vietnamiens qui fuyaient massivement le conflit. Une centaine de familles s’était alors installé dans la ville de Québec. Même histoire au début des années 1990, lorsque Québec a accueilli des familles bosniaques pendant la guerre de Bosnie. Aujourd’hui, leur communauté compte environ 2000 personnes.

« C’est dans l’histoire du Canada d’accueillir des réfugiés. On en a accueilli à différentes époques. C’est sûr que l’intégration n’est jamais facile pour la première génération qui arrive. Cependant, je regarde aujourd’hui avec positivisme comment la deuxième génération contribue à notre société. On y gagne », constate Joël Lightbound, candidat du parti Libéral dans la circonscription de Louis-Hébert.

Accueillir dans un milieu homogène : une bonne idée?

Joel Lightbound voit d’un bon œil le fait d’accueillir des immigrants dans un milieu plus homogène, tel Québec par comparaison avec Montréal,  car ceux-ci contribueront inévitablement à l’essor économique du milieu en question. Cependant, il rejette l’idée de placer les immigrants tous ensemble dans le même milieu pour espérer qu’ils s’intègrent mieux. « Il faut s’assurer d’avoir une bonne intégration, d’éviter la « ghettoïsation » comme ça s’est fait ailleurs parfois, explique-t-il.

Outre le risque de ghettoïsation, l’accueil d’immigrants dans un milieu homogène peut porter atteinte à l’homogénéité de la communauté, une homogénéité que certaines personnes tiennent à tout prix à préserver. C’est un constat que partage Louis Massicotte, professeur en sciences politiques à l’Université Laval. « En général, une région homogène cherche à rester homogène. Les gens qui sont les plus anti-immigrants sont ceux qui ne vivent pas avec des immigrants. Les gens sont insécurisés par la différence, c’est dans la nature humaine », explique Monsieur Massicotte.

Cependant, le professeur en science politique constate que, malgré le risque de rupture de l’homogénéité d’un milieu, il y a, comme partout ailleurs, des gens plus réticents à la mixité et des gens plus accueillants et qu’il n’y a aucun moyen de prédire l’opinion publique. Aucune étude empirique n’a pour l’instant été réalisée pour évaluer l’impact de l’arrivée des immigrants sur l’homogénéité de la ville de Québec.

CBC a avancé, grâce à des données fournies par Immigration Canada, le nombre de réfugiés accueilli au cours de l’année 2014. On peut de voir grâce au tableau ci-dessous qu’un nombre important de réfugiés venant de la zone de guerre au Moyen-Orient ont été accueilli au Canada l’an dernier.

Source: Immigration Canada