Le recours à la chirurgie esthétique n’est plus seulement réservé aux femmes. La tendance attire les hommes, mais surtout les plus jeunes.
Catherine Bégin est psychologue et professeure en psychologie clinique à l’Université Laval. Questionnée au sujet la différence entre le Québec et les autres pays sur la popularité des interventions esthétiques, elle répond que, même si le nombre de chirurgies est plus élevé notamment aux États-Unis, les Québécois sont exposés aux mêmes modèles et donc aux mêmes pressions. «Je pense qu’au Québec aussi on a des modèles qui sont assez irréalistes. […] On en a des comédiennes qui, quand elles sont plus âgées, ont de la difficulté à trouver du travail.»
En 2000 aux États-Unis, 145 000 mineurs ont subi une intervention chirurgicale esthétique, selon le dossier de l’émission Enjeux de Radio-Canada. Selon une étude réalisée dans un hôpital pour enfants d’Ontario par McVey et Gail, au Canada, 60 % des filles au début du secondaire réduisent leur alimentation, même si elles ont une masse corporelle dans la normale. Selon l’Institut National de Santé Publique du Québec, entre 10 % et 15% des garçons de 6 à 16 ans veulent gagner du poids en se musclant.
Cette tendance qui touche de plus en plus les jeunes comporte des risques physiques, mais aussi psychologiques selon Catherine Bégin :
Parmi tous les chirurgiens esthétiques de la Ville de Québec inscrit à l’Association des spécialistes en chirurgie plastique et esthétique du Québec, aucun n’a voulu commenter les risques liés à la chirurgie esthétique en bas âge. La nouveauté de cette tendance fait qu’il n’y a encore peu d’études et de données statistiques.
Cependant, en sondant les plasticiens du monde, l’International Society for Aesthesic Plastic Surgery (ISAPS) a recensé le nombre d’interventions chirurgicales et non chirurgicales réalisées par des plasticiens dans le monde. En 2014, ce nombre dépasse les vingt millions.
Le nombre d’interventions cosmétiques a augmenté de 279% entre 1997 et 2012, qu’elles soient chirurgicales ou non. L’Amérique du Nord regroupe à elle seule 28,7% des interventions esthétiques chirurgicales ou non chirurgicales du monde en 2010.
Le phénomène a débuté aux États-Unis, s’est massifié et atteint désormais le Canada. En 2010, ce dernier est le 15e pays dans le monde en terme de procédures cosmétiques, avec un total de 210830 interventions, soit 1% du nombre mondial de procédures.
Dans son rapport émis en juillet 2015, l’ISAPS met en avant que les interventions faites aux hommes représentent 13,7% du nombre mondial de procédures esthétiques.
Le recours à la chirurgie plastique ne touche pas seulement les femmes. En effet, la population masculine est elle aussi de plus en plus soumise à une pression sociale. Si les standards de beauté féminins poussent à être mince, ceux qui concernent les hommes leur imposent la virilité par la musculature. Selon les données de l’organisme EquiLibre, 62% des hommes s’entraînent intensivement, quand 33% ont recours à des suppléments alimentaires pour répondre à ce modèle.