Les entreprises de repas prêt-à-cuisiner telles que Marché Goodfood, Missfresh et Cook it modifient la façon dont les familles québécoises se nourrissent. Pour Goodfood, c’est plus de 200 000 repas livrés chaque mois dans l’est du pays. 

À Québec, deux jeunes entrepreneurs comptent bien profiter de la situation. Christophe Contant et Samuel Turgeon ont lancé l’entreprise Holos qui offre un concept de déjeuner tout-en-un, au coût de 5$.

Les deux hommes ont décidé de joindre leurs deux passions, la nutrition et l’entrepreneuriat, à la suite d’une rencontre dans l’Ouest américain. À l’époque, Samuel Turgeon avait certains problèmes d’énergie dans la journée. « Lui, les lacunes étaient dans son déjeuner comme pour la plupart des gens, on a le goût de dormir plus, on est pressé », explique son collègue, nutritionniste de formation.

Holos est un produit biologique, végétalien, sans gluten qui regroupe plus d’une douzaine de super-aliments. « C’est la crème de la nutrition », affirme M. Contant, qui croit que tout le monde gagnerait à intégrer Holos dans sa routine matinale, autant pour sa santé que pour sa productivité.

Le produit Holos avant et après sa préparation. Crédit photo : Holos

Line Desjardins, nutritionniste et naturopathe au Centre Nutrition-Santé de Laval, confirme que la majorité des produits utilisés par les entreprises de prêts-à-cuisiner sont de qualité et que c’est justement l’une des forces des produits prêts-à-cuisiner. « C’est vraiment des produits d’une excellente qualité. C’est complet », spécifie-t-elle.

Holos, du temps ou de la santé ?

Lorsqu’on leur demande s’ils basent leur marketing sur la promotion d’un mode de vie sain ou sur l’économie de temps, Christophe Contant n’hésite pas à dire « qu’il s’agit clairement des deux ! »

 

 

La jeune entreprise est présentement en campagne de sociofinancement sur la plateforme La Ruche. L’objectif est de 30 000$ et ils en sont à 55%. Pour l’avenir, ils visent un modèle 100% numérique, prônant les abonnements mensuels et la livraison à domicile.

 Pour eux, Holos favorise trois choses :

  • Un meilleur prix qu’en épicerie
  • En tant qu’entreprise, être sur le numérique permet d’avoir plus de données sur la clientèle
  • Les données permettent de mieux adapter les produits à la clientèle.

Une concurrence pour les épiceries ?

Avec la croissance en popularité des repas prêts-à-cuisiner, plusieurs se tournent vers cette option, délaissant ainsi la méthode traditionnelle d’aller à l’épicerie. Professeur en marketing et chercheur en comportement du consommateur, Stéphane Gauvin estime que ce nouveau mode d’alimentation fait de la concurrence à tout ce qui touche le domaine de l’alimentation. « Bien sûr il s’agit d’un concurrent, puisqu’ils œuvrent dans le même domaine tous les deux. Par contre, jamais il ne délogera le rôle des épiceries ».

Ces propos ne sont pas partagés par l’entrepreneur de Holos, Christophe Contant, qui estime plutôt que les consommateurs vont de plus en plus se tourner vers le numérique pour commander leurs repas grâce au gain en efficacité et en temps. « Les épiceries vont toujours exister à mon avis, mais seulement pour certains produits. Il y a des avantages à aller vers l’ère numérique », croit l’un des jeunes entrepreneurs.

De son côté, M. Gauvin estime que trois motifs combinés pousseraient les consommateurs à changer leurs habitudes :

  • La hausse du revenu discrétionnaire (montant d’argent alloué à ce qui n’est pas une nécessité)
  • Les contraintes de temps
  • La recherche d’une meilleure alimentation

Le coût réel 

Lorsqu’on extrapole la situation, il devient intéressant pour le consommateur de comparer le coût pour une famille de quatre qui désire se tourner à 100 % vers les repas prêts-à-cuisiner comparativement à une famille qui continue d’acheter ses produits de façon traditionnelle.

Pour l’exemple, nous avons utilisé la combinaison de deux entreprises offrant des prêts-à-cuisiner, soit Holos qui couvre les déjeuners à 5$ chacun (4 déjeuners / jour), ainsi que le forfait familial de Marché Goodfood (140$) qui offre 4 repas (2 diners et 2 souper) de 4 portions. Au bout dune semaine complète, la famille de quatre n’utilisant que les repas prêts-à-cuisiner aura déboursé 630$, comparativement à 162,96$, qui équivaut au panier d’épicerie moyen des familles canadiennes.

Sources
1. Marché Goodfood
2. Holos
3. Statistique Canada
Crédit tableau : Julien Girard

Malgré toutes les nuances qu’il est possible d’apporter à cet exemple, on constate toute de même que le coût des repas prêts-à-cuisiner est substantiel pour une famille de quatre, comparativement à la moyenne québécoise actuelle.

Une mode qui passera, ou pas

Selon le professeur en marketing Stéphane Gauvin, l’engouement pour cette nouvelle mode est définitivement là pour rester. « On a juste à comparer avec Picard en France, qui est un géant des repas surgelés et des prêts-à-cuisiner », poursuit-il. En 2018, Picard dispose de plus de 900 succursales où le consommateur peut se procurer les produits déjà tout préparés, en plus d’offrir le service de livraison à domicile.

De plus, plusieurs épiceries commencent à s’adapter et à prendre des initiatives pour offrir aux clients plus de services, que ce soit par la livraison à domicile de paniers d’épicerie, ou même la commande par téléphone ou internet des aliments. « Il y a définitivement un mouvement dans la catégorie de l’alimentation, et c’est à voir si, au Québec, une entreprise comme Holos peut se démarquer des autres à un point tel de devenir un spécialiste dans sa catégorie », termine Stéphane Gauvin.