Alors que les préparatifs s’accélèrent pour accueillir les dirigeants du G7 les 8 et 9 juin prochain à La Malbaie, les militants des différents groupes anticapitalistes poursuivent l’organisation de leur contre-sommet. C’est la ville de Québec qui sera le théâtre des futures manifestations, au cours desquelles les contestataires vont mettre de l’avant leurs positions contre les politiques néo-libérales et l’austérité économique.

« À quoi ça sert ces sommets-là ? Qu’est-ce que ça change dans le monde pour le bien-être des citoyens ? On a parfois un peu l’impression que ça tourne en rond ». Voilà comment Wartin Pantois, un artiste engagé de Québec, résume la rencontre entre les sept représentants des États considérés comme les plus grandes puissances économiques du monde.

Il admet qu’il a « plus de questions que de positions sur le G7 » :

Wartin Pantois a l’habitude de présenter des œuvres sur des réalités sociales qui touchent l’actualité, et aussi de collaborer avec des groupes communautaires. Plusieurs de ces organismes se retrouvent au cœur de cette mobilisation contre le G7. Marie-Ève Duchesne, porte-parole des groupes de Québec mobilisés contre le G7, rappelle que ce sont plus d’une trentaine d’organisations qui ont répondu présent à la rencontre organisée en février dernier par le Regroupement d’éducation populaire en action communautaire de Québec et Chaudière-Appalaches (RÉPAC).

Pour autant, la porte-parole du mouvement explique qu’il ne s’agit pas « d’une coalition nécessairement officielle » entre les différents regroupements. Ces groupes communautaires, qui comprennent notamment le Comité populaire Saint-Jean-Baptiste et la Coalition Eau Secours !, se sont entendus sur certains axes et idées d’action qu’ils souhaitent mettre de l’avant en juin :

 

Pour l’artiste Wartin Pantois, sociologue de formation, les enjeux présentés lors des sommets internationaux « dépassent les États ». Il affirme également que « l’économie des entreprises et la finance sont priorisées par rapport aux enjeux citoyens ».

La tenue du Business Summit B7 au Centre des congrès de Québec le 5 avril dernier avait déjà entraîné une première manifestation qui a réuni une centaine de personnes. Et les militants travaillent en ce moment sur leur manifestation d’accueil, qui se tiendra à Québec le soir du 7 juin, ainsi qu’à l’organisation d’une formation à La Malbaie. « Mais actuellement, on sent qu’il y a un défi avec La Malbaie, car nous ne sommes pas sûrs de pouvoir nous y rendre », confie Marie-Ève Duchesne.

Un essoufflement des mouvements sociaux 

L’événement du mois de juin prochain n’est pas le premier en la matière au Québec. En effet, la province a déjà eu l’occasion d’accueillir un précédent G7, celui d’Ottawa-Montebello, en 1981, ainsi que le Sommet des Amériques qui s’est tenu à Québec en 2001.

Selon madame Duchesne, la tenue du Sommet des Amériques « a grandement marqué les esprits ». Elle se souvient du périmètre de sécurité qui avait été mis en place, mais également de l’odeur des gaz lacrymogènes que les résidents du quartier Saint-Jean-Baptiste avaient pu sentir dans leurs logements.

Quant à Pascale Dufour, professeure en sciences politiques à l’Université de Montréal et spécialiste des questions sur les mouvements sociaux et l’action collective, elle rappelle que la mobilisation « a été très forte pendant toute la durée du congrès, avec des affrontements assez virulents avec les forces policières ».

Mais pour madame Dufour, il est « clair qu’aujourd’hui, [les mouvements altermondialistes] prennent de moins en moins de place dans la vie des organisations ». Ce point de vue est également partagé par Marie-Ève Duchesne, qui avoue que « le mouvement altermondialiste s’est un peu essoufflé avec le temps. (…) Il y a toujours un mouvement altermondialiste international qui observe les impacts, mais il est un peu moins présent ».

La présence des groupes d’extrême-droite

De plus, les groupes anticapitalistes ne seront pas les seuls à manifester lors du G7. En effet, des mouvements d’extrême-droite ont aussi annoncé leur intention de contester les enjeux examinés par les dirigeants. Ces groupes seront notamment menés par le regroupement populiste Québec libre basé à La Malbaie.

D’après Pascale Dufour, leur présence dans ce type de manifestation est un élément nouveau au Québec, comparativement à différentes formations d’extrême-droite en Europe, qui ont l’habitude de mettre en avant leur position protectionniste. « On est dans une confrontation entre les mouvements antifascistes et les mouvements d’extrême-droite. (…) Les questions sur la mondialisation vont être mises de l’avant, mais avec des positions divergentes », explique-t-elle.