Avec un accroissement de population de 29% de 2011 à 2016, la petite municipalité de Sainte-Brigitte-de-Laval, située dans la périphérie de Québec, a connu le plus fort accroissement de population de la couronne nord de Québec depuis le dernier recensement. Cette croissance vient avec son lot de casse-têtes pour les dirigeants et les citoyens, alors que les experts en urbanisme s’inquiètent des conséquences futures de ce nouveau chapitre de l’étalement urbain de Québec.

Arrivée à Sainte-Brigitte-de-Laval en 2011, la Mairesse élue en 2013 Wanita Daniele croit que sa ville est un choix intéressant pour des gens qui, comme elle, ont «choisi Sainte-Brigitte». Originaire de la Côte-Nord, elle explique qu’un esprit de communauté s’est créé dans sa ville, que la population se sent en sécurité. «Les gens ont l’impression de connaître leurs voisins, ce qui donne confiance aux familles avec des enfants», se réjouit Mme Daniele.


Crédit vidéo: Érik Chouinard et Francis Beaudry

Plus de croissance dans les cartons de la ville

Si des plans d’agrandissement du terrain de baseball, de construction d’autres patinoires et d’une piscine publique, sont dans les cartons de la municipalité à la suite d’initiatives citoyennes, la mairesse croit que la clé de la réalisation des projets passe par la coopération entre la mairie et une diversité d’acteurs. «Nous avons des discussions avec le privé, avec d’autres villes dans le but de voir ce qui peut être fait pour dispenser ces services», explique-t-elle.

Au-delà des services au citoyen et des élargissements des routes d’accès, un défi plus important attendra bientôt l’administration municipale: avec deux écoles primaires, dont une toute neuve qui sont déjà presque à pleine capacité, de nombreux choix devront être faits en matière d’éducation à Sainte-Brigitte-de-Laval. Selon Wanita Daniele «L’agrandissement de la nouvelle école primaire devra être fait dans 2 ans, alors que l’on prévoyait devoir procéder seulement 5 ans après l’ouverture».

De plus, la population d’enfants qui résident dans la municipalité approchera bientôt une masse critique, qui obligera la municipalité à investir très bientôt dans la construction d’une école secondaire. «Pour l’ouverture d’une école secondaire, il faut un minimum de 600 élèves, on devrait l’atteindre d’ici 3 à 5 ans, on travaille sur un projet d’école secondaire d’ici 5 à 10 ans», raconte Mme Daniele.

En ce qui a trait au développement immobilier, la mairesse souhaite une nouvelle approche pour les prochains projets qui seront formés à Sainte-Brigitte-de-Laval. «On vend des terrains qui sont beaucoup plus grands, on est loin des quartiers qui ont été faits avant que j’arrive à la mairie par exemple, ce qui a été fait dans le secteur du golf, qui contenait de 900 à 1000 habitations dans un espace restreint. On va respecter le couvert forestier minimal», explique-t-elle.

Une pression supplémentaire sur les infrastructures

«L’étalement urbain exerce beaucoup de pressions sur les infrastructures», souligne Marie-Hélène Vandersmissen, professeure au département de géographie de l’Université Laval. Dans les cas d’accroissements rapides de la population, le réseau routier peut rapidement être surmené par l’augmentation du trafic. Les municipalités assez isolées comme Ste-Brigitte-de-Laval sont d’autant plus à risque d’être victime de leur succès n’ayant parfois qu’un ou deux accès routiers.


Crédit vidéo: Érik Chouinard et Francis Beaudry

 

Un autre problème provient de la pression sur le réseau de l’eau potable. C’est le cas lorsque le développement se fait autour des sources d’eau potable. «Les risques de pollution de la nappe phréatique et du lac St-Charles sont énormes», prévient Mme Vandersmissen. Le Lac St-Charles étant une des principales sources d’eau potables de la région de Québec, sous protection d’un règlement de protection d’eau potable.

Les habitations situées en terrain escarpé dans les montagnes au nord de Québec sont particulièrement problématiques pour le réseau d’aqueduc. Mme Vandersmissen s’étonne que la communauté métropolitaine de Québec ait choisi d’assouplir son règlement interdisant les constructions résidentielles sur des terrain ayant un escarpement de plus de 15%.

En plus des impacts sur les infrastructures, Mme Vandersmissen insiste aussi sur l’importance de ne pas négliger les impacts environnementaux que provoque l’étalement urbain. «Les décisions individuelles ont un coût collectif», rappelle-t-elle. «L’obligation de se fier à l’automobile pour se déplacer produit les gaz à effet de serre menant aux changements climatiques. Et, les développements résidentiels empiètent sur les écosystèmes locaux pouvant parfois en venir à les menacer ou du moins à les transformer.»

Le cas de l’exode des jeunes familles vers des milieux plus ruraux n’est pas spécifique à la municipalité de  Ste-Brigitte-de-Laval. Mme Vandersmissen rappelle qu’il y a quelques années, c’était plutôt Ste-Catherine-de-la-Jacques-Cartier dans la région de Portneuf qui avait connu son propre accroissement important de population.

Des avantages qui rejoignent la population

Les propos d’Éric Jobin, résident de la municipalité, résonnent avec ceux de la mairesse. Il a été attiré «recette Sainte-Brigitte-de-Laval». Les bas prix des propriétés, la proximité de la nature et le sentiment de sécurité  ont tous contribué à l’arrivée de jeunes familles comme celles de M. Jobin dans la région.


Crédit vidéo: Érik Chouinard et Francis Beaudry

Comme l’indique Éric Jobin, habitant la ville depuis 18 ans, le transport fait partie de la vie aussitôt qu’on sort des quartiers centraux. «Ça ne me dérange pas de faire une vingtaine de kilomètres en 30 minutes, ce n’est pas vraiment différent de quelqu’un qui habite à Saint-Augustin qui fait 30 minutes pour faire une trentaine de kilomètres, c’est plutôt équivalent»,  conteste-t-il.

Une proximité à l’épreuve de la réalité?

Pour mettre à l’épreuve la viabilité de Sainte-Brigitte-de-Laval comme lieu de résidence pour le travailleur, L’exemplaire a testé pour savoir si «les vingtaines de minutes» évoquées par nos interlocuteurs étaient bel et bien réalistes pour se rendre à Québec.


Crédit infographique : Francis Beaudry et Érik Chouinard

Si le site web de la municipalité indique bel et bien une proximité de 25 minutes avec le centre-ville de Québec, la mairesse Wanita Daniele admet que c’est un argument qui n’est pas mesuré dans les heures de pointe. «C’est vrai que ce n’est pas 25 minutes, mais dans les faits, peu importe à quel endroit vous êtes dans la ville de Québec, si vous faites de la route dans le trafic, personne n’échappe à rallonger son trajet», avoue-t-elle.

Pour désengorger les routes et rapprocher la municipalité de Québec pour tous les citoyens, la mairesse nous rappelle l’existence d’un service de transport en commun qui opère dans sa ville.

Ces autobus, qui sont gérés par le transport collectif de la Jacques-Cartier offrent 4 départs qui se dirigent vers Beauport et l’université Laval chaque jour, ainsi que 2 départs qui reviennent à Sainte-Brigitte-de-Laval en fin de journée. Pour 87$ pour le laissez-passer mensuel ou 128,50$ pour le laissez-passer métropolitain, qui englobe les autres services de transport de la région de Québec et Lévis, un habitant de Sainte-Brigitte-de-Laval a l’option de se déplacer en transport en commun dans la ville. Le tout moyennant un trajet d’environ 1 heure 20 minutes pour se rendre à l’Université Laval par exemple.