Mi-novembre, les médias ont rapporté un troisième cas québécois de maladie grave lié au vapotage depuis la fin du mois de septembre. La nouvelle, même si elle a sensibilisé certains à l’utilisation de la vapoteuse, n’a pas dissuadé les consommateurs réguliers selon Patrick Grenier, gérant d’une boutique de cigarettes électroniques de Sainte-Foy. Il a d’ailleurs noté un changement d’attitude entre ses clients réguliers et les nouveaux.
Si certaines interdictions gouvernementales et patronales l’empêchent de discuter ouvertement du sujet derrière son comptoir, Monsieur Grenier reconnait que cas récents de maladies liées au vapotage ont eu des répercussions sur sa clientèle. Depuis plus d’un mois, il observe que son chiffre d’affaires diminue. « J’ai un 10% à 15% de clientèle en moins », affirme-t-il. « Avec la propagande des médias, ça n’a pas aidé », martèle-t-il.
Il pense cependant que ce sont surtout les clients potentiels qui se sont abstenus, et non les consommateurs réguliers. Ceux qui souhaitaient faire la transition de la cigarette au vapotage ne verraient plus les avantages au niveau de la santé qu’elle pourrait amener. « Je n’ai plus de nouveaux clients qui viennent acheter de vapoteuses », remarque le gérant. « Les fumeurs ont entendu parler des décès liés au vapotage dans les médias se disent que vapoter est encore plus dangereux que la cigarette, et ils vont rester sur la cigarette ».
Pourtant, les clients habitués ne semblent pas autant affectés par la situation. Selon lui, il existe désormais un lien de confiance entre les commerçants et les utilisateurs. Ses clients savent que sa marchandise est vérifiée et de bonne qualité, ajoute-t-il. Lui-même ancien fumeur, il est conscient que la cigarette électronique et la cigarette traditionnelle sont nocives. Toutefois, vapoter reste à ses yeux l’option la moins dommageable présentement.
Des consommateurs dans le doute
Alexandre Gilbert-Liboiron est un ancien utilisateur de cigarettes électroniques. Ce ne sont toutefois pas les nouvelles qu’il a appris dans les médias qui l’ont poussé à arrêter. S’il était encore consommateur, les nouvelles ne l’auraient pas dissuadé. « Très franchement, j’aurais toujours continué », lance celui-ci. « J’ai recommencé à fumer la cigarette, mais par choix personnel. Les deux sont mauvais. Les deux, c’est une addiction ».
Selon lui, c’est le consommateur qui est en faute. Il pense que le danger est d’abord d’acheter des produits en ligne ou de fournisseurs non enregistrés, dont le stock ne répond pas aux normes. « Va dans un “Vape shop” et tu seras sûr à 100% ».
Alexandre n’est pas seul à tenir ce discours. Le lien de confiance entre certains vapoteurs de longue date et boutiques de cigarettes électroniques est encore présent, malgré les nouvelles alarmantes. C’est ce que laisse comprendre un autre vapoteur, Manko Ouellet.
Manko Ouellet vapote depuis plusieurs années et n’a pas arrêté depuis. Il ne compte pas abandonner bientôt non plus. « Je me suis renseigné auprès du propriétaire de la boutique où j’achète mes articles. Il connaît ça et m’a tout expliqué », commence-t-il. « Il m’a rassuré là-dessus et je lui fais confiance. Lui-même vapote, donc j’imagine qu’il ne le ferait pas si ce n’était pas bon pour lui ».
Une foi solide qui pour l’instant assure la survie des commerces de vapotage à Québec et ailleurs. Même si plusieurs fumeurs n’y voient plus une alternative à leur dépendance à la cigarette.