La hausse des prix dans l’alimentation n’inquiète pas les petites épiceries alternatives locales qui offrent la nourriture en vrac. Ces commerces de détail ont confiance en leur clientèle qui priorise bien souvent une alimentation saine. L’Ère du vrac et Le Crac Aliments sains proposent tous deux des aliments en vrac, c’est-à-dire dont la quantité n’est pas préétablie dans un sachet. Chacun choisit sa quantité et peut apporter son contenant, ce qui facilite les économies pour des personnes seules.

L’Ère du vrac est l’un des seuls commerces à offrir une variété d’aliments en vrac à Québec. Situé dans le quartier de Vanier, l’Ère du vrac offre une variété de produits en vrac, locaux et importés. L’achat en vrac, c’est un peu l’opposé d’un magasin à grande surface comme Costco : au lieu d’acheter tout en gros, on achète tout en petit.

Un nouveau phénomène attire l’attention de Nathalie Audet, propriétaire de l’épicerie fine. Depuis environ deux ans, les clients amènent de plus en plus leurs contenants pour éviter les emballages plastiques. Elle explique que ce mouvement à commencer à prendre de l’envergure depuis la sortie du livre Zéro déchet de Béa Johnson, publié en avril 2013. La propriétaire rajoute qu’elle amène ses propres contenants depuis 32 ans à son commerce, soit depuis qu’il a été fondé par sa mère.

Mais le phénomene a explosé récemment, d’après Mme Audet. En effet, elle croit qu’«en 2016, les gens ont pris la résolution de réduire leurs déchets. Au mois de janvier, j’ai vu une explosion incroyable. Avant, on avait un ou deux clients par jour. Là, il y a au moins dix clients par jour qui amènent leur contenant», explique-t-elle.

Cette effervescence des commerces de proximités et des produits en vrac est visible sur Internet, raconte-t-elle. «Les gens parlent beaucoup sur les réseaux sociaux.»

À l’Ère du vrac, la propriétaire ne s’inquiète pas de la hausse du prix des aliments. Selon elle, la fréquentation de son commerce ne sera pas pénalisée par la faiblesse du dollar canadien. Elle est certaine que les clients cherchent avant tout à bien se nourrir.

 

Petits détaillants contre chaînes

Selon le Bottin statistique de l’alimentation de l’édition 2015 du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAC), le Québec se distingue des autres provinces canadiennes quant à la source de ses achats alimentaires.

«L’essentiel du commerce de détail alimentaire se fait surtout par l’intermédiaire de détaillants indépendants (63,2 % des ventes) plutôt que par des chaînes de magasins d’entreprises (36,8 % des ventes). À l’échelle canadienne, la situation est tout à fait différente, puisque la proportion de détaillants indépendants atteignait seulement 39,4 % en 2014.»

Bien que datant de 2015, ces chiffres restent pertinents puisque l’année passée avait aussi amené une hausse du prix des aliments. Selon l’Institut alimentaire de l’Université de Guelph, le prix des viandes avait déjà augmenté de 5 % l’année dernière. En décembre dernier, l’Institut a publié un rapport sur les prix alimentaires à la consommation 2016 qui prévoit encore une hausse du prix de 4,5 % sur les viandes pour l’année en cours.

Un marché alternatif

L’engouement pour les alternatives écologiques, végétariennes ou biologiques aux grandes épiceries ne cesse de monter. Depuis quelques années, voir même significativement depuis quelques mois, Bernard Houle, copropriétaire du Crac Aliments sains sur la rue St-Jean, constate l’augmentation de l’affluence dans son magasin biologique.

Sa clientèle est très diversifiée, mais tend vers des habitudes de consommation qu’on appelait autrefois « grano ». Le prix de la matière augmentant, les prix vont aussi augmenter dans son épicerie. Serein, le copropriétaire du Crac Aliments sains déclare ne pas s’inquiéter pour son établissement. Il a confiance en ses clients qui, selon lui, continueront à faire le choix de bien manger, au détriment d’autres activités.

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Pour lui, l’achat en vrac est un avantage réel pour les consommateurs puisque choisir sa quantité permet de garder les aliments plus frais, et d’éviter ainsi le gaspillage alimentaire.

En 2012, selon le Bottin statistique de l’alimentation de l’édition 2015 de la MAPAQ, les Québécois préféraient acheter un peu plus de la moitié de leurs produits biologiques dans les épiceries plutôt que dans les grandes surfaces. Le Crac est l’une des seules épiceries biologiques indépendantes de la Capitale nationale.

Endroits où les québécois achètent des produits biologiques

Sans frayeur

La hausse du prix des aliments est prise avec précaution, mais sans frayeur pour certaines personnes. C’est le cas d’Amelia Actarian, cliente à diverses épiceries biologiques et marchés de proximité. Elle varie le choix des endroits où elle achète ; tout dépend de ce qu’il y a à proximité. Les produits locaux, la grande variété d’aliments et les informations sur les produits des commerces en vrac plaisent à madame Actarian. Pour elle, «ce n’est pas juste une étiquette» qui se retrouve sur les produits.

La hausse des prix des aliments n’affectera pas ses achats dans les épiceries en vrac et biologiques. «Souvent, quand je prends le temps de comparer les prix, il n’y a souvent pas une grande différence de prix avec les produits déjà là. Alors, avec l’augmentation, ça va être la même chose.» Madame Actarian se dit mieux sensibiliser à une bonne alimentation. «C’est juste une question d’éducation et d’être informer», affirme-t-elle.