En créant les Ateliers du Réacteur, la Ville de Québec met plus que des ateliers abordables à la disposition des artistes de St-Roch. Dans un quartier en pleine revitalisation où les prix de l’immobilier grimpent, c’est aussi une assurance que cet édifice-là et indirectement le quartier lui-même conserveront leur vocation artistique.  

Pendant plus de 150 ans, le bâtiment a accueilli le complexe funéraire Lépine-Cloutier alors que l’emplacement des ateliers était une fabrique de cercueils. À l’été 2015, des étudiants en architecture de l’Université Laval y ont aménagé la Sympathique Place Ouverte à Tous (SPOT). Puis, en décembre dernier, le 727 rue Saint-Vallier Est changeait à nouveau de peau en devenant les Ateliers du Réacteur, complexe de trois étages pouvant accueillir une quarantaine d’artistes en arts visuels.

Bien qu’il appartienne à l’homme d’affaires et créateur Olivier Dufour, le complexe est entièrement géré par la Société de développement commercial (SDC) de Saint-Roch. Les ateliers sont subventionnés par la Ville, qui a injecté 500 000 $ dans la rénovation la bâtisse.

Besoin d’espaces abordables

La demande était forte pour créer des ateliers abordables dans le quartier dont les loyers augmentent depuis les années 1990. On y trouve au demeurant une forte concentration d’artistes, note Alexandrine Cardin-Dubé, directrice-générale de la SDC de Saint-Roch.  « On veut que ce soit  des ateliers accessibles aux artistes, qu’ils veuillent s’y installer à long terme », poursuit la jeune femme qui garantit que les loyers n’augmenteront pas en 2016-2017.

Il en coûte effectivement entre 9 $ et 11 $ du pied carré pour louer un atelier chaque mois, ce qui permet à des artistes comme Philippe Langlois d’y exercer leur art.

Situé au cœur de la ville de Québec, le quartier St-Roch semble être l’endroit tout indiqué pour établir les locaux du Réacteur, indique Mme Cardin-Dubé.

 

Protéger la vocation

Le marché des ateliers d’artistes a également souffert des changements de vocation des espaces, autre conséquence de la revitalisation du quartier. Le problème n’est pas toujours l’augmentation des prix, « mais le fait que la nature du projet immobilier change », observe Ève-Marie Taquet, chargée de projet à la SDC Saint-Roch. 

Cette situation, Philippe Langlois la connaît très bien. Les quelques ateliers dans lesquels il s’est installé dans les dix dernières années « étaient souvent dans des coins qui n’étaient pas prévus uniquement pour la pratique artistique. Au final, ce sont des lieux qui sont appelés à disparaître aussitôt que le propriétaire décide de trouver quelque chose de plus payant pour eux », comme des condos, décrit-il.

La dizaine d’ateliers du 727, rue Saint-Vallier Est est quant à elle protégée puisque la Ville a signé un bail valide pour une dizaine d’années, assure Alexandrine Cardin-Dubé. Cela veut dire que « pendant 10 ans, il ne peut y avoir autre chose que des artistes qui s’installent ici […] Lorsqu’ils viennent ici, ils sentent une certaine pérennité. Ils savent que le projet va perdurer », explique la directrice-générale de la SDC de Saint-Roch.

Cette entente sur plusieurs années permet aux artistes et aux gestionnaires du bâtiment de construire un environnement qui répond spécifiquement à leurs besoins. En offrant un lieu uniquement dédié à la création, la ville espère ainsi mettre sur pied un espace où les échanges entre artistes sont encouragés.

L’an dernier, le bâtiment patrimonial datant de 1845 a été transformé par la ville de Québec dans le but d’accueillir les artistes. Depuis, On y offre sur place quatre types de location selon des périodes de temps différentes. Si certains, comme Philippe Langlois, souhaitent y installer leur atelier permanent, des créateurs peuvent également louer certains espaces à la journée pour y réaliser des projets rapides. Enfin, les ateliers du Réacteur souhaitent mettre en valeur leur vision de la collectivité en instaurant très bientôt un système de « location individuelle dans un espace partagé» conclut la responsable du projet, Eve-Marie Taquet.