Le vieillissement de la population au Québec est un enjeu important. D’ici la fin des années 2020, les statistiques prévoient un surpassement du nombre des décès par rapport à celui des naissances. Québec sera donc le théâtre d’une population en perte d’autonomie et dont les besoins médicaux seront grandissants.

« Le vieillissement de la population est un défi supplémentaire pour les gériatres , constate Valérie Plante,  médecin et directrice du programme de gériatrie de l’Université Laval. Il y a beaucoup d’essais qui se font pour améliorer les services mais il faut vraiment comprendre les besoins et les problématiques des personnes âgées pour permettre de réelles améliorations. » Selon elle, le gouvernement ne suit pas les cadences de ces changements démographiques.  La spécialiste regrette une pénurie de médecins formés à la gériatrie. On compterait une soixantaine de gériatres pour couvrir toute la province de Québec. Au sein de l’Université Laval, seulement deux résidents sont formés dans ce domaine chaque année.

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Redéfinition des programmes universitaires

Pour pallier à ce manque de spécialistes en vieillissement, le stage en gériatrie est devenu obligatoire. Pour Dre Plante, « c’est une petite bataille de gagnée. Depuis environ cinq ans, les urgentologues ont aussi une formation d’un mois obligatoire en gériatrie ». Il s’agit d’une avancée non négligeable puisqu’environ 30% des consultations en urgence sont faites pour des personnes âgées à l’heure actuelle.

Du côté de la formation des infirmières, des efforts aussi ont été fait. Le programme de baccalauréat en sciences infirmières a notamment été redéfini pour s’adapter à ces évolutions démographiques.

« Depuis quelques années, il y a eu une révision importante du programme, en passant par une prise en compte du vieillissement de la population. Notre programme veut promouvoir une vision positive du vieillissement tout en mettant plus d’emphase sur les maladies chroniques » explique Kathleen Lechasseur , professeure et directrice du programme de premier cycle de la faculté des sciences infirmières. La priorité ? Mettre l’accent sur le travail en équipe et l’utilisation des ressources communautaires.

L’importance du travail en équipe

« Un gériatre seul, c’est un peu comme un chirurgien sans bistouri, affirme Valérie Plante. Pour s’occuper des problématiques complexes, ils doivent s’entourer d’une équipe complète. Le travail en équipe est primordial ». C’est dans ce sens, que va le cours « collaboration interprofessionnelles » dispensé à l’Université Laval. Il réunit les étudiants des sciences de la santé et les étudiants en service social. Ces derniers doivent apprendre à connaitre les rôles de chacun et s’habiliter à collaborer de manière interprofessionnelle. Pour Kathleene Lechasseur, « il s’agit d’un ajout important au niveau de la formation qui outille bien les infirmières et les autres collaborateurs dans la formation en santé ».

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Les CHSLD au cœur de la polémique

« Une infirmière pour 170 patients dans un CHSLD de Québec » Journal de Québec, le 29 septembre dernier.

C’est l’une des centaines de situations dénoncées via la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) entre le 24 août et le 11 septembre. « Pour tout le Québec, 2136 citoyens ont communiqué avec la FIQ par téléphone ou par courriel. Quelque 42 % des dénonciations avaient trait aux problèmes d’accessibilité aux soins » précise l’article. Et cette polémique n’est pas isolée. Un manque d’effectifs dans certains Centres d’Hébergements et de Soins Longue Durée (CHSLD) qui impactent directement sur les conditions de soins des patients, la peur des représailles…

Ces problématiques sont-elles abordées au cours de la formation des infirmières ? Le sujet reste un peu tabou dans le domaine universitaire. « Il y a de grands enjeux qui dépendent de l’endroit où elles travaillent, explique Nancy Cyr, professeure en sciences infirmières à l’Université Laval. Dans certains lieux, les cas sont plus lourds et les infirmières font face à des clientèles qui ont plusieurs pathologies en même temps, cette clientèle est en perte d’autonomie tant physique que cognitive. »

Dre Valérie Plante  admet qu’il y aurait un alourdissement des cas dans les CHSLD avec un ratio important.  « Dans un hôpital, c’est environ une infirmière pour 8 patients et dans un CHSLD c’est des dizaines », note la spécialiste. Cependant, selon elle, les problèmes se situent dans les lieux dit de transition.  « Lorsqu’un patient est attente d’une place pour un CHSLD, il séjourne à l’hôpital. Mais si l’attente est trop longue, la personne doit aller alors dans un lieu de transition, explique-elle. Lorsqu’il y a des troubles cognitifs la routine est importante et lorsqu’on change de milieu souvent, occasionne une perte cognitive supplémentaire… Ces lieux sont des résidences privés subventionnées par le gouvernement. Et c’est là qu’il y a des vrais problèmes. ».