Dans un souci social et environnemental, la Bouquinerie Nouvelle Chance située dans le quartier Limoilou à Québec redonne vie aux livres usagés depuis 2011. Qu’elle les reçoive de particuliers ou d’entreprises, elle fait partie de ces organismes qui refusent de jeter.

La Bouquinerie Nouvelle Chance offre une nouvelle vie aux livres, mais aussi aux individus. La boutique prend en effet son origine dans l’organisme communautaire Toxiaide, qui se chargeait de vendre des livres, des vêtements ou des objets pour aider à la réhabilitation des toxicomanes. Cette bonne oeuvre a dû fermer ses portes et quelques employés ont décidé de la racheter pour créer la bouquinerie actuelle, donnant ainsi une nouvelle chance à ce concept de vente de livres et de disques sans but lucratif. Jean-Guy Marceau, le président du conseil d’administration de la Bouquinerie fait partie des six employés rémunérés parmi une équipe de vingt personnes. Les autres sont tous des bénévoles.

[soundcloud url= »https://api.soundcloud.com/tracks/229079941″ params= »color=ff5500&inverse=false&auto_play=false&show_user=true » width= »100% » height=’20’ iframe= »true » /]

La Bouquinerie Nouvelle Chance est une activité d’économie sociale et n’a pas un but lucratif. « Ce sont des dons, on n’achète pas du tout, ce qui nous permet de vendre moins cher par rapport à une autre librairie usagée à but lucratif », explique Jean-Guy Marceau.

Ne pas jeter, mais recycler

_
[soundcloud url= »https://api.soundcloud.com/tracks/229080210″ params= »color=ff5500&inverse=false&auto_play=false&show_user=true » width= »100% » height=’20’ iframe= »true » /]

Si Jean-Guy Marceau insiste sur le fait que la Bouquinerie de Limoilou ne jette pas, mais recycle, c’est parce que la pratique demeure un tabou dans le monde de l’édition. « C’est un problème sérieux, car une librairie ne peut pas garder tous les livres », précise le président de la Bouquinerie. Quand les livres invendus sont jetés ou recyclés, on dit qu’ils sont envoyés au pilon. Selon le rapport sur la Situation du livre en 2009 réalisé par Hervé Gaymard et commandé par le Ministère de la Culture et de la Communication français, entre 80 et 100 millions de livres sont pilonnés par an en France, ce qui représente un cinquième de la production annuelle. Au Québec, ce chiffre est estimé à quelques milliers de livres par an.

Si cette pratique constitue un tabou, c’est que le livre est un objet sacré, la réticence à le détruire demeure. La pratique est notamment encouragée par les grandes maisons d’éditions, qui surimpriment les livres pour ne pas risquer d’en manquer ou pour créer une demande par une grande visibilité. Comme le relate un reportage réalisé par l’hebdomadaire français l’Express, envoyer les livres au pilon est plus économique que d’en imprimer moins.

La devanture de la Bouquinerie Nouvelle Chance
Crédits : Marc-Antoine Turmel / L’EXEMPLAIRE
Donner les livres à ceux qui n’y ont pas accès

Pourtant, la Bouquinerie Nouvelle Chance n’envoie pas systématiquement les livres au recyclage. Elle les transmet aussi à d’autres associations. « Pour Haïti, ce sont tous des livres scolaires. Ils viennent les chercher tous les quinze jours et on leur demande cinq dollars la boîte », raconte le président du CA.

Et puis, si bénéfices il y a, ils sont reversés à des organismes tels que La Bouchée Généreuse ou Le Relais d’Espérance à Québec, qui donnent toutes les semaines de la nourriture à ceux qui en ont besoin. « On leur a donné 1000 $ chacun et maintenant, on va le faire quatre fois par an. La nouvelle chance est partout, c’est ce que ça veut dire ! On n’est pas là pour faire de l’argent : le profit est réinvesti », déclare-t-il.

Si la Bouquinerie Nouvelel Chance permet à tout un chacun d’acheter des livres, le fonctionnent peut différer pour les autres organismes. La Fondation des parlementaires québécois — Cultures à partager œuvre au Québec depuis 1997. Grâce à des centres de collecte situés dans quatre régions du Québec, particuliers comme professionnels peuvent donner leurs livres et l’organisme se charge de les envoyer aux populations qui en ont besoin. À date, un total de 1 432 288 livres a été offert à divers partenaires du monde entier.

Crédits : Fondation des parlementaires québécois - Cultures à partager
Crédits : Fondation des parlementaires québécois – Cultures à partager

Parmi les entreprises québécoises qui donnent leurs livres invendus, la maison d’édition Écosociété. Fondée en 1992, elle se veut responsable et publie uniquement sur papier recyclé des tirages réduits à 1000 ou 1500 livres, pour éviter toute perte. Si invendus il y a, ils sont transmis à la Fondation Cultures à partager.
De même que la Bouquinerie Nouvelle Chance, Écolivres, un organisme à but non lucratif basé à Lévis, reçoit des livres pour leur donner une nouvelle vie.
Tous ces organismes ont une mission sociale, culturelle, mais aussi environnementale. Quoi qu’il arrive, le livre est réutilisé, le papier recyclé. Cela, afin d’éviter toute pratique de pilonnage. « Tout ce qu’on peut sauver, on le sauve », déclare Jean-Guy Marceau.