Québec et Ottawa ont annoncé le 17 septembre dernier une entente allouant 1,8 milliard de dollars dans le logement social au cours des dix prochaines années. Ici à Québec, la nouvelle a été bien accueillie par le Comité populaire Saint-Jean-Baptiste – un organisme communautaire bien connu – mais sa porte-parole, Marie-Ève Duchesne, rappelle que le droit au logement demeure encore loin d’être un acquis pour plusieurs.

La nouvelle Stratégie nationale sur le logement avait tardé à prendre effet au Québec. Autant dire que l’annonce de l’entente entre Québec et Ottawa, dont tous les détails ne sont pas encore connus, a été reçue avec soulagement. Il faut dire qu’aucune nouvelle somme n’avait été investie par Ottawa dans le logement social depuis 1994.

Dans le centre-ville de Québec, l’accessibilité au logement est un problème qui ne date pas d’hier. En haute-ville, c’est dans le quartier Saint-Jean-Baptiste que l’enjeu est le plus criant. Encore aujourd’hui, le taux d’inoccupation des logements atteint 1,7 %, ce qui indique une accessibilité au logement très difficile.

« Le principal enjeu au sujet du droit au logement, c’est le manque de logements sociaux, une catégorie qui regroupe les HLM, les coopératives de logement et OSBL d’habitation », souligne Marie-Ève Duchesne. Le manque de financement public en est la principale cause, au point où le dernier projet de logement social dans le quartier Saint-Jean-Baptiste remonte déjà à plus de 10 ans. C’est dire que les sommes affectées au logement social ces dernières années n’ont été affectées qu’à la rénovation des logements, et non pas à la création d’unités supplémentaires.

La cherté des terrains municipaux constitue le principal obstacle à de nouvelles mises en chantier. D’autant plus qu’avec le projet de Réseau de transport structurant, il est à prévoir que la valeur des terrains connaisse une nouvelle augmentation. Le Comité est d’autant plus surpris d’avoir vu la Ville de Québec accéder à sa demande de constituer une réserve de terrains municipaux dédiés à la construction de logements sociaux, dans le cadre de la refonte de sa politique d’habitation.

AirBNB et « rénovictions »

Ces dernières années, le nouveau phénomène des « rénovictions » a causé de nombreux problèmes. Ce terme désigne le processus par lequel des propriétaires immobiliers réalisent des rénovations augmentant la valeur de leurs logements dont les loyers deviennent par conséquent inabordables pour plusieurs de leurs anciens locataires. C’est le cas pour plusieurs anciens habitants d’un immeuble de la rue Saint-Jean, dont les logements ont vu le loyer parfois quadrupler en raison des rénovations qui ont fait suite à un incendie majeur survenu en 2018.

La présence d’AirBNB dans le quartier contribue également à limiter l’accessibilité au logement pour les résidents du secteur. Cette difficulté est pointée du doigt depuis plusieurs années par le Comité populaire, qui craint que le quartier ne devienne un « nouveau Vieux-Québec », c’est-à-dire voué au tourisme et déserté par ses habitants. Autant de problèmes que la nouvelle Stratégie nationale sur le logement devra considérer dans son application.