Les membres de la nation wendat ont récemment élu un nouveau Grand Chef ainsi que certains chefs familiaux, dont les sièges étaient mis en jeu. Ces derniers formeront ensemble le Conseil qui dirigera la nation pendant les 4 prochaines années.  Selon certains électeurs de communauté, la revendication territoriale et le rayonnement de la culture wendat sont parmi les enjeux importants du nouveau Conseil élu.

Malgré la campagne atypique de 70 jours, sous la menace de la Covid-19, plus de 2000 membres de la communauté wendat se sont prononcés à l’élection du 30 octobre 2020, du jamais vu. Stéphane Picard, le nouveau chef du cercle familial Picard-Lainé, entrera en fonction d’ici quelques semaines.

« C’est une élection record, le taux de participation est environ 55%. Au niveau du nombre de personnes qui ont voté, c’est la première fois qu’on va au-delà de 2000. Avec la Covid, 75% des gens ont voté par correspondance, ce qui correspond à environ 1500 versus un peu plus de 500 en présentiel. Il faut comprendre que sur les 3600 électeurs, près de 2400 habitent à l’extérieur de Wendake », comptabilise Stéphane Picard.

Le poste de chef familial s’apparente à celui d’un ministre alors que le rôle du Grand Chef est de représenter la nation auprès des gouvernements et des autres premières nations. Le Grand Chef mène aussi tous les dossiers de défense du territoire au niveau national et préside l’assemblée des huit chefs familiaux.

« Nous sommes environ 450 dans mon cercle familial. Il y a 8 chefs familiaux et le rôle d’un chef est de représenter ce cercle familial et être son porte-parole auprès du Conseil. On rencontre nos membres trois ou quatre fois par année, pour les garder informés des dossiers et de l’avancement de la nation. S’ajoute à cela, le mandat qui nous est attribué par le Grand Chef », explique monsieur Picard.

Une image à redéfinir, mais une souveraineté électorale

Pour Isabelle Sioui, compteuse de légendes et artisane wendat, la perception qu’ont les Québécois et les touristes des membres de la nation wendat est clairement un enjeu de la communauté. Enjeu qui trouve une partie de sa solution dans le rayonnement de la culture wendat :

« Avant la pandémie, 95% des touristes de Wendake étaient des Français. Quand on leur faisait visiter les maisons longues et les tipis, ils pensaient qu’on habitait encore là-dedans.  Ils ne se doutaient pas que nos maisons avaient de l’électricité et du chauffage. Alors que pendant la pandémie, les touristes étaient essentiellement québécois. Ils savaient qu’on habitait dans des maisons « normales ». Ils nous associaient par contre à la crise d’Oka, aux taxes et aux cigarettes. C’est une question de perception, il faudrait une plateforme pour éduquer les gens », raconte madame Sioui.

Malgré l’image parfois écorchée des autochtones, Isabelle Sioui trouve un réconfort dans l’indépendance électorale dont jouit la nation :

« Les élections de Wendake ne sont pas organisées par Élections Canada ou Élections Québec, le gouvernement du Canada n’a rien à voir là-dedans. C’est la première nation elle-même qui les organise, la Loi sur les Indiens a été abrogée en 2000″, explique madame Sioui.

Le site Onhua Chetek8e est la reconstitution d’un village wendat. (Photo crédit : Sébastien Cayer)

Une appartenance identitaire

Nathalie Vincent a participé pour la première fois à l’exercice démocratique de sa nation, ayant voté par correspondance aux élections. La jeune wendat qui réside à l’extérieur de Wendake compte s’impliquer davantage dans sa communauté.

« J’accorde dernièrement plus d’importance à mes origines. Je ne parle pas de porter une hure ou de crier nos revendications, c’est plus subtil. Simplement être fier de ma descendance », confie madame Vincent.

La communauté wendat a été fondée en 1697. Sur l’image : l’église Notre-Dame-de-Lorette, à l’entrée de Wendake. (Photo crédit : Sébastien Cayer).