La période des fêtes signifie que les banques alimentaires travaillent durement pour distribuer des denrées alimentaires à ses organismes afin que ceux-ci puissent les redistribuer à la population. L’année 2019 aura toutefois été une période généreuse pour la région de Québec. On constate qu’il y a eu un doublement des surplus qui seront distribués pour la période de la Guignolée à Québec, qui amène alors une vision optimiste pour le futur.

Moisson Québec est une banque alimentaire située à Québec sur la rue Hertz qui vient en aide aux personnes qui ont des difficultés financières et qui ne sont pas en mesure de payer une épicerie. La banque alimentaire regroupe 125 organismes communautaires qui s’approvisionnent chez elle. Catherine Martel, Coordonnatrice aux événements à la communication et au financement de Moisson Québec, mentionne toutefois que la demande n’a pas nécessairement augmenté cette année, mais que  le contexte a changé pour les gens qui y ont recours : « les gens qui ont recours à l’aide alimentaire le font sur une base plus régulière qu’avant, il n’y a pas nécessairement plus de gens qui en ont de besoin, mais ceux qui en ont de besoin en ont de besoin plus fréquemment qu’avant ».

                                           

Cependant, même si la demande d’aide alimentaire reste semblable cette année chez Moisson Québec, il y a quand même un nouveau phénomène qui est présent pour la période de la Guignolée. L’année dernière, Moisson Québec croyait ne pas être en mesure de remettre des surplus de denrées à ses 125 organismes communautaires. Pire même, la banque alimentaire croyait être incapable de répondre à la demande de la population. Madame Martel avoue cependant que les choses ont vraiment changé cette année : « Cette année, on a réussi à doubler les surplus qu’on donne au mois d’octobre et on a aussi réussi à le doubler pour le mois de décembre ». Elle précise qu’une personne qui se présente chez Moisson Québec et qui désire obtenir 1000 kilogrammes de viande en aura alors 2000.

Catherine Martel affirme qu’au Québec, les banques alimentaires ne sont pas toutes en mesure de répondre à la demande, mais elle précise que cela ne veut pas dire qu’elles sont vides et qu’elles n’ont plus de stock. (Crédit photo : Olivier Frégeau)

Madame Martel affirme par ailleurs que les dons monétaires des personnes et des entreprises ont largement participé au fait que Moisson Québec a été capable de remettre le double de ses surplus cette année. Elle explique qu’avec un seul dollar donné, qu’elle peut remettre par personne dans la population l’équivalent de 13 dollars de denrées. Elle mentionne aussi qu’elle peut nourrir plusieurs personnes avec un dollar : « Avec chaque dollar, je suis capable de faire trois repas. Avec 20 dollars, je fais 60 repas et avec 60 repas, je suis capable de nourrir 3 personnes pendant 1 semaine, partant du fait qu’il y a 21 repas par semaine ».

Chez les organismes communautaires qui s’approvisionnent chez Moisson Québec, on peut également voir une augmentation de la production de paniers de Noël qui seront distribués cette année. Par exemple, le Père André Morency, Directeur général de la Fraternité St-Alphonse, indique que le fait que Moisson Québec ait doublé le surplus de denrées remises aux organismes communautaires cette année fait une grande différence. Il mentionne que d’habitude, son organisme a le droit d’aller chercher des denrées deux fois par mois chez Moisson Québec et que présentement, il reçoit actuellement un plus grand volume de denrées comparativement aux autre périodes où il va en chercher. Ce facteur joue également sur la production de paniers de Noël proposés aux personnes dans le besoin : « L’année passée, on avait fait 22 paniers de Noël. Cette année, jusqu’à maintenant, on va en avoir fait 36, donc on peut voir qu’il y a une bonne augmentation de la production».

« Ici, nous ne sommes pas équipés pour remettre de la nourriture à l’année longue. Pour la période des paniers de Noël nous sommes en mesure de le faire, mais jamais qu’une personne va sortir d’ici avec les mains vides », explique le Père André Morency, Directeur général de la Fraternité St-Alphonse. (Crédit photo : Olivier Frégeau)

Pourquoi les gens donnent plus ?

Selon Christophe Leduc, Responsable des communications et de l’administration de l’Institut Mallet, il existe quatre facteurs qui permettent de comprendre pourquoi la population donne aux banques alimentaires durant la période de la Guignolée.

Le premier facteur selon lui est que la population a de plus en plus conscience des inégalités sociales : « il y a une prise de conscience notamment via les médias du creusement des inégalités sociales. Il est évident que ces dernier-temps, c’est un sujet de l’actualité et en ce qui concerne le don en général et le don de biens, c’est évident que plus les gens prennent conscience du besoin, plus ils ont envie de donner ».

Par ailleurs, il note une professionnalisation au niveau des organismes de bienfaisance : les fondations font de plus en plus appel à des bénévoles d’expertise qui donnent des conseils sur les communications et le marketing. Il ajoute aussi que les fondations font aussi appel à des professionnels en communication et en marketing pour permettre de créer des messages plus efficaces qui seront ensuite diffusés vers la population. Il cite en exemple la publicité actuelle de la Guignolée des médias pour qui selon lui, est très efficace puisqu’elle permet de mettre en valeur la conscience des besoins existants chez les personnes qui ont des difficultés financières.

Selon Monsieur Leduc, « les gens ont besoin de voir l’impact de leurs dons » : lorsque les citoyens donnent de l’argent à des organismes, ils ne savent pas toujours où celui-ci va. Avec les banques alimentaires, les gens savent que la nourriture qu’ils donnent vont aux personnes qui sont dans le besoin et que leur don fera une différence dans ces familles-là.

Enfin, Monsieur Leduc explique que dans la population, il y a également une prise de conscience du gaspillage puisqu’il existe une économie circulaire de dons : de plus en plus de friperies et d’endroits pour aller porter des dons, permettent donc de limiter le gaspillage. Il précise alors que les gens ont de plus en plus conscience de la valeur de leurs biens et de la nourriture et évitent donc de gaspiller.