QUÉBEC — «Vol à dent armée d’un kilo de plombage! Elle a, en vain, pris ses gencives à son cou. Le palais de justice l’a rattrapée. Depuis ce jour, elle se casse sans cesse à essayer de limer l’émail de ses barreaux. Mais maintenant, je la garde à l’œil. Œil pour œil, dent pour dent!»
C’est ce qu’a déclamé Cédric Anderson lundi soir, dans l’ambiance chaleureuse du bar l’AgitéE. Sa maîtrise de la langue lui aura permis de remporter la victoire du premier slam de poésie de la saison. «Aujourd’hui, tellement peu de place est accordée à la poésie. Cet événement est génial! J’étudie en littérature et j’écris parfois. Mes professeurs m’en ont parlé et j’ai tenté l’expérience», a expliqué Cédric, recrue de cette nouvelle édition.
«Qui sont les slameurs? Ce sont des poètes de la parole, des performeurs, des conteurs, des chanteurs, dont des rappeurs, et des humoristes», s’est exclamé André Marceau, slammestre de la soirée de lundi, pour lancer la huitième saison de SLAM cap et de la Ligue québécoise de slam. Leurs seuls atouts étaient la force de leurs mots, la puissance de leurs voix et le rythme de leurs textes.
Quatre personnes du public ont accepté généreusement de donner leurs noms pour venir briser la glace et ouvrir le spectacle par un micro ouvert. S’en est suivi un slam shot de mise en bouche pour présenter les slameurs en compétition, avant que le duel ne prenne vie. Les slameurs se sont affrontés amicalement. Ils disposaient seulement de trois minutes pour conquérir le public et convaincre le jury.
Pour évaluer la performance scénique des candidats, cinq personnes de la salle ont été choisies au hasard. «On m’a donné un babillard et un crayon et on m’a demandé de juger tous les slams de 1 à 10. J’ai trouvé que le niveau était très bon», a affirmé Anthony Charbenon Grenier, membre du jury. Le public n’a pas hésité à manifester son accord ou son désaccord lorsque les juges donnaient leurs pointages.
Préoccupations sociales
Les slameurs ont balayé les préoccupations de la société qui les tenaient à cœur. Ils ont touché les cordes sensibles du public qui tantôt s’abasourdissait, tantôt riait. «J’ai été militant, activiste pour Greenpeace, ma première manifestation s’est tenue pendant le Sommet des Amériques, donc c’est quelque chose que j’ai toujours vécu. Je n’ai pas le choix d’en parler», a expliqué Kalil Mnasri, l’un des slameurs.
Chaque slam de poésie à Québec se tient le troisième lundi du mois, au bar l’AgitéE. Tous les mois, André Marceau lance des appels sur le blog de SLAM cap pour dénicher de nouveaux joueurs et alimenter ces soirées. «L’idée du slam, c’est d’encourager la relève, c’est d’allumer des étincelles pour qu’il y ait de nouveaux écrivains», a confié André Marceau après avoir récompensé le gagnant.