C’est dans l’ambiance feutrée et confortable de son «salon» — le sous-sol du bar Le Cercle, transformé en salon aux accents victoriens — que l’auteur et psychanalyste Maxime-Olivier Moutier a reçu sa cinquantaine d’invités, le 27 novembre. À cette occasion, ils ont été témoins de sa rencontre avec les artistes Marc Séguin et Andrée A. Michaud, qui se tenait sous le thème de «l’inquiétante étrangeté».
Première rencontre d’une série de trois rendez-vous, cette soirée a pris la forme d’une entrevue dirigée par Maxime-Olivier Moutier, naviguant entre entrevue en profondeur et discussions ouvertes pendant lesquelles le public était invité à intervenir. Le thème «l’inquiétante étrangeté» était tiré de l’œuvre éponyme de Freud parue en 1919.
D’abord artiste en arts visuels, Marc Séguin a publié deux romans, dont le premier, La foi du braconnier, lui a valu le Prix littéraire des collégiens en 2010. Sa seconde publication, Hollywood, a été acclamée par la critique lors de sa parution en 2012.
Lors de la soirée intime, Marc Séguin s’est entre autres exprimé sur ses rapports à ses personnages et à la liberté qu’ils lui permettent de s’offrir lors de son processus de création littéraire. «C’est un privilège de faire parler quelqu’un d’autre avec sa propre voix, car on peut faire passer des messages qu’on ne peut pas exprimer nous-mêmes, mais qui passent avec le contexte de la littérature», explique-t-il. «Le lecteur est dans un contexte où il est prêt à entendre certaines choses, car il est dans le bon environnement. Il y a des choses qu’on peut dire seulement dans les livres».
Pour Séguin, la littérature a plus que le pouvoir de toucher les gens, il a le devoir de le faire. «Tu dois être bouleversé par l’art, sinon c’est un échec. Il doit y avoir un changement entre le début de la consommation de cette œuvre et la fin. Il faut qu’il se soit passé quelque chose entre les deux, il doit y avoir un bouleversement chez le lecteur», résume l’artiste.
Ayant publiée de nombreux ouvrages depuis le début de sa carrière d’écrivaine, Andrée A. Michaud a récolté plusieurs prix littéraires. Le dernier figurant au tableau d’honneur est le prix Ringuet remporté en 2007 pour le roman Mirror Lake qui a d’ailleurs fait l’objet d’une adaptation cinématographique plus tôt cette année.
La romancière s’est d’ailleurs prononcée sur les influences que le septième art peut avoir sur son travail. «C’est certain que le cinéma influence beaucoup mon travail, mais c’est un amalgame d’influences, et je ne peux pas savoir lesquelles exactement sont finalement entrées dans mon travail», résume-t-elle.
Tout comme l’a fait Marc Séguin, elle s’est expliquée concernant sa relation avec les personnages qu’elle crée et fait vivre au fil des pages depuis de nombreuses années. Pour elle, une distance est nécessaire entre le protagoniste et l’auteur, afin d’arriver à comprendre intimement le personnage et le rendre adéquatement aux lecteurs. Cette distance lui est plus palpable lorsqu’elle met en scène des personnages masculins. «Ils me permettent une plus grande distance que les personnages féminins, puisqu’ils entrent moins dans un processus d’identification. Je sens une plus grande liberté quand je décris un personnage masculin, aussi paradoxal que ça puisse paraître», conclut-elle.