QUÉBEC — Le théâtre Premier acte a ouvert sa saison sur un conte présenté par la compagnie Singulier Pluriel. Un récit qui nous a porté de Montréal à Buenos Aires. Une histoire qui a plongé  le spectateur au cœur de la rencontre improbable de deux femmes, Annabelle et Soledad. L’une est photographe et porte encore toutes les blessures de son voyage passé en Argentine en 2001. L’autre est une jeune étudiante argentaine, qui tente de trouver sa place au cœur de la métropole en 2013.

La lumière s’est levée sur un décor aux couleurs claires où un accordéoniste a fait son entrée en jouant un air de tango. Les deux actrices, Julie Vincent et Liliane Boucher, vêtues sobrement, ont alors pris place à l’avant–scène, pour faire débuter ce voyage, valises à la main. Elles ont enligné le public droit dans les yeux, avec de brefs moments d’interaction entre elles. Les deux protagonistes ont d’abord tracé le passé de leurs personnages, avant de nous diriger vers leur rencontre dans le métro de Montréal. Soledad a choisi Annabelle comme sujet central de sa maîtrise sur l’oralité. Annabelle, elle, tentera par tous les moyens de fuir le regard de celle qui lui évoque de douloureux souvenirs. Le dialogue a débuté sur une toile tissée des photographies, que la compagnie Singulier Pluriel a recueillies lors de plusieurs voyages en Amérique du Sud.

La vidéo a également été utilisée à plusieurs reprises durant le spectacle, pour nous faire vivre l’ambiance à l’intérieur des métros des deux grandes villes. Portraits de Soledad, images de pieds qui déboulent à toute vitesse sur les dalles, ont ponctué le fil de la représentation. C’est la comédienne Julie Vincent, interprète du rôle d’Annabelle, qui a signé l’écriture et la mise en scène de ce spectacle. Elle est également celle qui a fondé la compagnie Singulier Pluriel, en l’an 2000.

La compagnie a toujours été fascinée par les problématiques entourant l’arrivée des immigrants en sol québécois et s’est intéressée à leurs mondes souterrains. La comédienne a  d’ailleurs souligné que «très tôt dans le processus d’écriture, les concepteurs sont intervenus, un peu à la manière d’un livret d’opéra. J’avais quelques scènes clés, mais les photos ne sont pas venues pour faire écran au texte. Plutôt comme des fenêtres… Elles révèlent une autre dimension.»

La pièce nous a offert un regard sur le tissu social en Argentine en parallèle avec plusieurs évènements politiques importants au Québec. Soledad se retrouvant au cœur du printemps érable peu de temps après son arrivée. Le spectacle continuera de rapprocher ces deux mondes, sous les yeux des spectateurs de Québec, jusqu’au 28 septembre.