QUÉBEC — Le tramway a connu ses heures de gloire à Québec au début du XIXe siècle, mais de nos jours, il n’a plus tellement sa place au centre-ville, a estimé mercredi soir Jean-Marie Lebel, un spécialiste de l’histoire de Québec.

M. Lebel donnait une conférence sur l’histoire du train et du tramway dans la région de Québec à l’église Saint-Félix de Cap-Rouge, lors d’une soirée marquant la fin des festivités pour le centenaire du tracel de Cap-Rouge. L’historien, qui enseigne aussi à l’Université du troisième âge de Québec, connait bien le domaine ferroviaire puisqu’il s’y est particulièrement intéressé dans sa carrière.

Alors que le projet de tramway semble faire l’unanimité au conseil municipal, Jean-Marie Lebel émet quelques réserves. «J’avoue que j’ai un petit peu de difficulté à comprendre cet engouement, parce que de bons services d’autobus, c’est aussi bon que des tramways. En plus, ils ont une mobilité que les tramways n’ont pas», a-t-il affirmé à l’Exemplaire.

«Quand il y a un feu rouge, il faut que le tramway arrête lui aussi. Alors le tramway en ville, souvent, il n’est pas plus rapide qu’un autobus», a-t-il noté. L’historien se souvient encore du temps où les voitures sillonnaient les rails aménagés dans les rues du Vieux-Québec. Mais pour lui, cette époque est révolue, et relève maintenant de la nostalgie.

Il tronquerait volontiers le tramway en ville pour des trains de banlieue, «qui emmènerait rapidement les gens de Val-Bélair ou de Beauport au centre-ville». Il ne ferme pas la porte à ce que ces trains parcourent les rues du centre-ville, mais «uniquement dans de très grandes artères».

L’historien rappelle que ce sont les autobus qui ont chassé les tramways des rails, en 1948. À l’époque, la population ne s’est pas indignée de cette disparition, y voyant plutôt un signe d’évolution. «L’autobus était devenu à la vogue. Les rues étaient étroites, et les tramways étaient plutôt encombrants» précise-t-il. Ainsi, l’autobus était vu comme «une bénédiction».

La petite histoire du tramway de Québec

Jean-Marie LebelC’est en 1865 que le premier service de tramway a été mis en service à Québec, dans les rues du quartier Saint-Roch. Les voitures, qui pouvaient contenir jusqu’à 20 personnes, étaient alors tirées par des chevaux (tramway hippomobile). En 1878, un circuit s’est développé en haute ville sous l’impulsion d’hommes d’affaires anglais, mais le lien avec la basse ville était impossible à faire, en raison de la pente qui sépare les deux lieux.

Cette liaison sera finalement rendue possible en 1897 par l’apparition du tramway électrique. M. Label n’a pas manqué de rappeler avec humour que ces tramways étaient «plus forts que l’écolobus», empruntant plusieurs côtes sans problème. En 1910, presque toute la ville était desservie par le réseau de rails avec l’ajout d’arrêts à Limoilou, Sillery et Beauport.

C’est l’arrivée des voitures et des autobus dans les rues de Québec qui a signé l’arrêt de mort du tramway, en 1948. Celui-ci a définitivement été remplacé par le bus, non sans laisser quelques vestiges encore visibles. En effet, les numéros des parcours ont été conservés lors de la transition «pour ne pas créer de confusion», explique M. Lebel. Ainsi, des parcours comme le 1 et le 7 du Réseau de transport de la Capitale portent le même numéro et suivent sensiblement le même trajet que leurs équivalents d’il y a une centaine d’années.