Le Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ) accueillera à partir du 10 juin une exposition mettant en vedette plusieurs œuvres de Pablo Picasso. L’exposition s’intitulant Picasso. Figures sera la pièce de résistance de la saison estivale au MNBAQ en présentant près de 80 œuvres de l’artiste. Avec la réouverture des musées ce mois-ci, l’exposition tombe à point, selon la commissaire aux expositions du MNBAQ, Maude Lévesque, qui invite toutefois à la prudence.

C’est avec une grande fébrilité que le Musée national des beaux-arts du Québec accueillera l’exposition Picasso. Figures en exclusivité canadienne. Depuis plus d’un an, les conservateurs du musée travaillent en collaboration avec le Musée Picasso-Paris afin d’attirer cette exposition dans la vieille capitale. La réouverture des musées par le gouvernement arrive donc comme un grand soulagement pour l’institution.

« Le timing est bon. Nous allons pouvoir offrir une exposition unique en primeur canadienne devant un public. En plus, il va être possible d’avoir un bon achalandage, nous sommes assez optimistes. » – Maude Lévesque, conservatrice de la CPOA et commissaire aux expositions du MNBAQ

Le MNBAQ a mis en place un protocole qui permettra de minimiser les risques tout en maximisant le nombre de visiteurs autorisés dans son établissement :

« Pour mieux planifier, les billets seront uniquement disponibles en ligne et seront tous horodatés aux 15 minutes afin de contrôler l’achalandage. En plus, l’exposition se fera [principalement] dans une grande salle pouvant accueillir plus de 90 personnes en même temps, tout en gardant la distanciation sociale. Toutes les mesures sanitaires seront respectées. » – Maude Lévesque

Par contre, si un nouveau confinement devait avoir lieu, rien n’indique que le musée offrira l’exposition en ligne, ajoute Madame Lévesque. Même si tous les vernissages sont maintenant offerts en ligne, le MNBAQ n’offrirait pas l’exposition Picasso. Figures virtuellement. Il faudra donc s’armer de patience puisque la commissaire aux expositions du MNBAQ pense que l’achalandage pourrait être considérable :

« La réouverture ça va être vraiment bon pour nous. Il n’y a pas grand-chose à faire ces temps-ci, ça pourrait nous rapporter cet été. Si l’on manque de billets, ce serait dommage, mais ce serait un très beau problème à gérer. » – – Maude Lévesque

Voici trois tableaux célèbres de l’artiste espagnol qui prendront place sur les murs du MNBAQ pour l’exposition Picasso. Figures cet été.

Un artiste toujours aussi actuel

La venue de cette exposition est majeure à bien des égards: ce sera la plus importante exposition mettant en vedette cet artiste majeur présentée en sol québécois. La dernière fois que l’œuvre de l’artiste est passé par la vieille capitale, ce fut en 2004 lors de l’exposition « Picasso et la céramique », les visiteurs n’ont pu admirer aucun de ses tableaux marquants. Picasso est l’un des rares artistes à s’être constamment renouvelé dans la carrière. explique M. Prioul. Selon lui, c’est la raison pourquoi son œuvre est toujours aussi actuelle et accessible :

« Les œuvres de Picasso sont extrêmement dynamiques, elles sont très colorées. Elles sont même souvent joyeuses. Parfois, elles sont d’un érotisme fou. C’est donc pourquoi c’est aussi accessible. Le public n’a pas besoin de réfléchir sur ce qu’il voit, il joue sur la sensibilité, tout simplement. » – Didier Prioul, l’historien de l’art et ex-conservateur en chef du MNBAQ

L’un des thèmes centraux de Picasso. Figures est le corps humain. Selon l’historien de l’art et ex-conservateur en chef du MNBAQ de 1993 à 2000, Didier Prioul, le thème du corps en est un qui traverse toute l’œuvre de Picasso :

« Avec le thème du corps humain, chez Picasso, on peut mettre n’importe quoi, parce que chaque œuvre de Picasso parle du corps. Que ce soit du portrait, ou la démonstration du corps humain par la déconstruction, vous pouvez traverser toute sa vie avec ça. Cela reste des œuvres de très grande qualité. » – Didier Prioul

La balado suivante propose une revue historique de l’oeuvre de Pablo Picasso, mais aussi des explications sur le processus de location des expositions dans les musées, le tout décortiqué par Didier Prioul.

Picasso, convoité par les collectionneurs

La pandémie a eu un impact économique important sur plusieurs secteurs : les œuvres de l’artiste espagnol n’ont pas fait exception. En effet, un sommet quant à la valeur des œuvres a été enregistré; une première depuis la fin des années 1990. Selon le collectionneur et chroniqueur radio Sébastien Brassard-Simard, les collectionneurs recherchent grandement ces œuvres que l’on peut qualifier de « valeur-refuge » :

« Le marché pour les Picasso est immense, et on parle de beaucoup d’argent. Par exemple, un « canva » (une toile de18 x 30 cm), peut facilement se vendre plus de deux millions et demi de dollars. Et à ce prix-là, on ne parle vraiment pas d’œuvres marquantes. »
-Sébastien Brassard-Simard, collectionneur historique, d’art et de culture pop.

La raison pour laquelle les collectionneurs s’intéressent à ce genre d’œuvres au Canada serait bien simple selon lui : aucun permis d’acquisition n’est requis légalement.

« En Europe, il faut des permis d’acquisition pour des œuvres de ce genre, tout est très bien règlementé. Au Canada, tout le monde peut se procurer une œuvre de grand maître, avec les moyens évidemment. »

Selon M.Brassard-Simard, Picasso serait encore l’artiste de cette envergure avec le plus d’œuvres toujours sur le marché, c’est-à-dire hors des musées, avec environ 20% de son travail qui appartient à des particuliers ou dans des maisons d’enchères partout dans le monde.