«Eldorado ou péril environnemental?» Telle était nommée la conférence donnée par Sylvain Archambault, membre de la Coalition Saint-Laurent, sur les projets d’exploitation pétrolière dans le golfe du Saint-Laurent. Le conférencier invite à la prudence pour ces projets qu’il qualifie d’hasardeux.

C’est qu’Old Harry, une structure géologique située dans le golfe du Saint-Laurent, est dans la mire des compagnies énergétiques depuis longtemps déjà. Certains prétendent que son exploitation pourrait fournir le Québec en hydrocarbures pour des décennies.

Sylvain Archambault est co-fondateur de la Coalition Saint-Laurent, dont l’objectif est de déclencher un moratoire sur l’exploitation des hydrocarbures dans le golfe du Saint-Laurent. Selon lui, le projet de forage sur le site Old Harry, situé à 70 kilomètres des côtes de Terre-Neuve est hasardeux pour plusieurs raisons qu’il a expliquées en détail durant sa conférence, qui s’est tenue le 27 novembre au centre Frédéric Back.

Sylvain Archambault a d’abord expliqué qu’Old Harry, contrairement à la croyance populaire, n’est pas un gisement pétrolier. Il s’agit d’un dôme de sel, une structure géologique qui suggère la présence d’hydrocarbures. La nature des hydrocarbures contenus dans le dôme est donc inconnue. Ainsi, seul un forage peut confirmer qu’il y a bel et bien un gisement pétrolier à Old Harry.

Afin de délimiter la structure et d’arriver à ces conclusions, Corridor Resources Inc., la compagnie qui possède les permis d’exploitation du site, a dû procéder à des levés sismiques, une méthode qui consiste à envoyer des ondes sonores de 250 décibels vers le fond marin et à analyser l’écho pour déduire la forme du sol. La faune du golfe est fort sensible à ces ondes sonores, notamment les populations de morue et de saumon atlantique qui utilisent leur ouïe pour s’orienter et communiquer.

M. Archambault a ensuite parlé des implications d’un accident sur le site si les forages ont lieu. Les politiques actuelles en cas d’accident de cette nature ne forcent les compagnies qu’à payer 30 millions $ pour les interventions. Or, Corridor Resources Inc. n’est pas un gros joueur comme BP, qui a payé 43 milliards $ lors de la catastrophe Deepwater Horizon en 2010. Sylvain Archambault s’est contenté de poser la question rhétorique suivante : «En cas de déversement, la compagnie aura-t-elle les reins assez solide pour répondre à la catastrophe?»

En somme, bien que le développement pétrolier dans le golfe du Saint-Laurent puisse sembler alléchant, les dangers pour l’écologie et le manque de ressources en cas d’accident, entre autres, incitent à la prudence, selon Sylvain Archambault. Il affirme donc qu’un moratoire sur l’exploitation des hydrocarbures dans le golfe constitue la meilleure solution pour préserver cet écosystème unique et fragile.