QUÉBEC — Les nouvelles technologies permettent aux groupes locaux de faire connaître leur musique partout à travers le monde sans avoir à s’expatrier, fait valoir Maxime Chiasson, responsable de la programmation au Cercle à Québec.

Maxime affirme que la capitale nationale n’est pas dénuée d’une scène musicale de qualité. Loin de là. Il souhaite simplement que les artistes provenant de Québec ne s’expatrient pas à Montréal, où l’industrie se trouve principalement, puisqu’ils peuvent désormais arriver à percer à Québec. Maintenant, avec Internet et les autres technologies numériques, «tu peux être en contact avec tout le monde, tu peux faire écouter ta musique sur Bandcamp et sur Facebook. Tu peux te faire connaître partout dans le monde sans même être à Montréal.»

Maxime explique que les groupes faisant partie d’une maison de disque travaillent avec des agents, ils bénéficient de support médiatique, de support promotionnel, qu’ils sont encadrés, que tout ça vient en «package.»

Il sait pertinemment que s’il met au programme le groupe Radio Radio, la maison de disque va offrir un soutient «non-négligeable» pour la promotion du spectacle. «Ça aide beaucoup à vendre un spectacle quand les gens en parlent, qu’il y a de la promotion et qu’il y a un buzz autour de la sortie d’un album ou du spectacle d’un groupe.»

Par contre, il y a des groupes indépendants qui arrivent très bien, eux aussi, à vendre leurs spectacles. Selon Maxime Chiasson, Alaclair Ensemble est le groupe qui peut facilement être comparé à Radio Radio, même en étant totalement indépendant. Le groupe a réussi à créer la demande de ce genre de fonctionnement, ils donnent leur musique sur Internet et ils arrivent à remplir des salles de spectacle même en n’ayant pas signé avec une maison de disques. «Les gars ont compris comment faire. Ils contrôlent et maîtrisent très bien tout ça. Ils ont leur propre univers et ils jouent carrément avec ça», lance le responsable du Cercle.

«Mister Valaire, durant un certain moment, utilisait la même stratégie. Dans ces deux cas, ça a très bien fonctionné, mais au final, il faut que la qualité soit là pour que ça fonctionne.» Il ajoute cependant que bons nombres de groupes voudraient faire comme eux ou font comme eux et n’y arrivent pas.

Maxime Chiasson conclut en mentionnant qu’il croit que de plus en plus de groupes désirent avoir une certaine liberté en étant indépendants. Il ajoute cependant qu’il existe de petites maisons de production qui sont très ouvertes et qui laissent une liberté plus vaste aux groupes, par exemple Bonsound ou Dare to care records (Grosse boîte). «Je ne pourrais dire laquelle des deux options est la meilleure, ça dépend surtout de ce que les groupes font et de ce qu’ils veulent.»


La scène du Cercle

La programmation du Cercle est vaste et éclatée. Du Hip-hop au Punk en passant par l’Indie-rock, les genres musicaux sont très variés pour cette salle de spectacle en basse ville. Néanmoins, le responsable de la programmation assure que pour pouvoir continuer de faire des profits, le Cercle doit faire une sélection assez précise des groupes qui se produisent. «On reçoit des tonnes de demandes. Bien sûr, on recherche une certaine qualité culturelle, mais on a aussi besoin d’un retour pour rester ouvert, alors on s’attend le plus souvent possible à une salle comble.» Maxime Chiasson estime que la sélection provient de la notoriété de l’artiste, mais également de la disponibilité de la salle. Il ajoute qu’il a 7 jours dans la semaine, que des soirs sont moins achalandés que d’autres et qu’avec leurs deux salles de spectacles, il y a possibilité de laisser de la place à la relève. «Il faut commencer quelque part et c’est certain qu’on ne peut pas leur donner nécessairement la plus grosse journée de la semaine», mais au moins, les groupes émergents peuvent s’y produire.

La grande salle a une capacité de 400 personnes et la plus petite permet 125 places. Le responsable affirme qu’il suggère parfois aux groupes de commencer par la plus petite avant de passer à la plus grosse pour être certain que la soirée soit rentable. «On ne peut pas se permettre de prendre le risque qu’un spectacle ne fonctionne pas lorsqu’ils veulent être dans la grande salle.» De plus, au Cercle, il y a plusieurs façons d’offrir un cachet aux artistes. Lorsqu’ils «achètent» un spectacle, ils offrent un cachet précis à l’artiste. Maxime précise que dans les cas où il y a un support de la part d’une maison de disque, ils agissent de la sorte parce qu’ils connaissent le résultat d’avance. Ils savent que le spectacle va bien fonctionner parce que les groupes ont accès de la promotion et à un support médiatique de la part de la maison de disque. C’est un moins gros risque pour le Cercle de fonctionner de cette façon.

Maxime Chiasson estime que la tendance se modifie tranquillement. Avant, les groupes partaient nécessairement à Montréal. Maintenant, la scène québécoise est assez bien garnie et plus elle se développe, plus les gens ont le goût de rester. «Éventuellement, on pourra être autosuffisant musicalement à Québec aussi», lance-t-il. Pour appuyer ses propos, il nomme en exemple le travail de Karim Ouellet, le groupe émergent Mauves et tout l’univers du Pantoume.