Du plus en plus populaires sur Internet, les web séries, des téléséries diffusées uniquement sur l’Internet, sont de plus en plus nombreuses. Elles traitent de plusieurs sujets et peuvent être faites par à peu près n’importe qui.

Co-créateur du site d’hébergement Kebweb.tv, Simon Côté explique la mission de son site.

Questionné sur la possibilité de voir des longs métrages sur le site, le co-créateur affirme que : « Ça existe, mais pour le site, on va surtout se concentrer sur la Web série et sur les courts métrages. » Par contre, il ne ferme pas la porte : « Pourquoi pas? » Le timing ne semble simplement pas être le bon.

Le prix d’accès

Il ne faut pas penser que les producteurs et les diffuseurs Web roulent sur l’or. Le marché est encore mal défini et la rémunération n’est pas facile à obtenir.

Il arrive que le site de Kebweb paye une licence pour obtenir l’accès à certaines Web séries de qualité, comme Projet-M et Manigances. Toutefois, pour la plupart des séries accessibles sur le site, il n’y a aucune somme d’argent transférée.

Le site n’a tout simplement pas assez d’argent pour se permettre de payer pour supporter des productions, dit son gestionnaire, Simon Côté. « Il s’agit plutôt d’un échange non monétaire. Eux ils reçoivent de la visibilité et nous on a du contenu. » explique-t-il.

Alors comment ces Web séries se financent-elles ?

De plus en plus, les web séries se tournent vers le socio-financement ou financement participatif, parce qu’il est pratique et facile d’accès. Que ce soit avec les plateformes de kickstater, Indiegogo ou Touscoprod, les producteurs ont la possibilité d’afficher leurs projets web directement par le web lui-même.

En plus de ces plateformes, les producteurs peuvent organiser eux-mêmes leur financement via une page dédiée uniquement à leur projet comme l’a fait la série Les jaunes, aujourd’hui diffusée sur Tou.tv. Le groupe se donne un objectif de 15 000 $.

De plus, plusieurs organismes se dédient uniquement à soutenir le contenu web. Le Fond Indépendant de Production finance la production de web séries pour plus de 1, 5 millions de dollars par années depuis 2012. Il a, entre autres, aider à la réalisation d’œuvres telles que le Projet-M, Manigances et bien d’autres, des séries qui sont disponibles sur Kebweb.

L’organisme a changé drastiquement sa vocation en décidant de financer des web séries, lui qui était au départ consacré aux séries télévisuelles de 1991 à 2009. Il finance depuis 2012 uniquement les producteurs émergents de contenu web.

Les Fonds TV5 pour la création numérique accordent aussi leur appui. Son mandat vise à soutenir les créateurs de séries ainsi que la diffusion de leur production sur le médium numérique. Avec un budget de 220 000 dollars en 2014, les fonds ont aidé depuis 2009 à la production de 38 web séries produites en français, et ce, seulement au Canada.

L’avenir est dans le numérique

On affirmait le 2 mars dernier que l’année 2014 assurait la place du Canada dans l’avenir numérique. Dans un rapport produit par la Société de développement de l’industrie des médias de l’Ontario (SODIMO), les Fonds des médias du Canada (FMC) et le Fonds indépendant de production (FIP), le groupe passe en revue la production vidéo diffusée en ligne.

Son constat est sans équivoque :

La consommation de vidéo sur internet a augmenté drastiquement et les Canadiens font partie des plus grands consommateurs sur la planète.

La « Videofication » de l’internet est encore largement mal exploitée, même si les budgets pour des productions en ligne ont augmenté, « homemade », fait à la maison sans budget, est encore le modèle de production dominant.

L’accès aux acheteurs est devenu difficile pour Hollywood avec une prolifération de vidéos originaux qui sont en constante évolution. Il faut s’entendre que le contenu web ne devrait pas ressembler à celui de la télévision.
En outre, le rapport estime qu’il faudrait davantage d’investissement et de projets structurants, une voix que comptent emprunter les différents groupes canadiens.

On en fait même des festivals !

Simon Côté est aussi le fondateur et l’organisateur du premier Webfest de Montréal qui aura lieu les 15 et 16 mai 2015 « Ça prenait ça à Montréal. Au Québec, il y a des fonds et des produits d’une assez bonne qualité. Pour les gens du milieu, c’était important de souligner la web série. » Au niveau des participants à Montréal, les cinq continents seront représentés. Le Canada et les États-Unis sont majoritaires, mais on a aussi beaucoup de pays d’Europe (France, Belgique, Angleterre) et d’autres de plus loin comme l’Australie et la Nouvelle-Zélande.

Divers types de prix seront remis lors du gala de la dernière journée : « On fait des prix par secteurs. On fait des prix pour le Québec, le reste de Amérique du Nord et l’Europe » explique l’organisateur. Il ajoute que des prix sont remis dans des catégories comme la meilleure réalisation, meilleur scénario et meilleure animation.

Les Webfest sont très répandues dans le monde. Malgré le fait que le plus vieux festival n’ait que cinq ans (Los Angeles), Simon Côté affirme qu’il y en aurait déjà plus d’une vingtaine autour du globe : « Marseille est arrivé en deuxième. C’est l’un des plus gros. Eux ils invitent tout le monde à leur frais. On espère pouvoir faire ça un jour. »

Parmi les autres festivals, il y a aussi Vancouver, Miami, Melbourne, Hong Kong et bien d’autres.