On assiste, ces dernières semaines, à de longues périodes sans pluie et des températures anormalement élevées pour une fin de septembre au Québec. À cela s’ajoutent les récents cyclones qui ont fait des ravages auprès des populations touchées dans l’Atlantique. Alors que les climato-sceptiques se voient propulsés à l’avant-scène, le point sur la situation québécoise.

Harvey, Irma, José, Maria, le mois de septembre a vu s’abattre des ouragans d’une grande intensité sur l’Atlantique. Même si les scientifiques estiment qu’on ne peut établir de lien direct entre ces événements et le réchauffement climatique, ce dernier pourrait effectivement rendre leurs effets plus dévastateurs.

C’est d’ailleurs le cas pour El Niño. Il s’agit d’un phénomène qui se produit chaque année aux alentours de Noël. Cette année cependant, il a pris une ampleur plus importante, étant considéré par l’Institut péruvien de l’Économie comme ayant entrainé la « pire chute de PIB depuis 33 ans », avec d’énormes répercussions sur l’agriculture et plus d’un million d’habitants touchés. Les effets visibles du changement climatique pourraient donc être une aggravation des phénomènes naturels. Mais est-ce que cette aggravation rendrait possibles des catastrophes d’une telle envergure au Québec?

 

« Le Canada devrait se préoccuper plus que les autres pays, car les changements climatiques nous affecteront plus que les autres régions du monde. »

 

Philippe Gachon, professeur à l’UQAM et responsable de la recherche sur les scénarios climatiques et les méthodes de régionalisation, rappelle que le contexte global de réchauffement va en s’amplifiant. De plus, « il affecte de façon inégale certaines régions du monde au niveau saisonnier », affirme-t-il.

L’hiver, au Québec, il y a eu un réchauffement plus important au cours de ces trois dernières décennies. En effet, ce réchauffement a un taux de deux, voire trois fois celui de l’échelle globale. Pour les étés, le réchauffement est également de taille, mais demeure deux fois moins important que durant les mois d’hiver.

Gachon met en évidence le fait que les cyclones tropicaux ne peuvent pas toucher le Québec puisqu’ils n’affectent que les zones tropicales. Certains cyclones majeurs peuvent cependant toucher nos régions également à travers une transition vers la zone extra tropicale, ce qui engendrerait des vents et précipitations très abondantes.

 

Philippe Gachon est aussi chercheur pour l’organisme gouvernemental Environnement et Changement climatique Canada. (Crédit photo : Philippe Gachon)

 

« Au Québec, on est dans un contexte où la variabilité est énorme, l’amplitude thermique est une des plus grandes au monde », explique encore le professeur. Les phénomènes tels que les pluies verglaçantes et les tempêtes de neige seront affectés par le changement climatique et leur intensité sera plus importante. En témoigne ainsi «l’augmentation de la fréquence des inondations printanières au cours des derniers trente ans », ajoute-t-il.

De l’autre côté du pays, depuis le début de l’été, la Colombie-Britannique a subi une recrudescence des feux de forêt par exemple. Ce qui représente également enjeu majeur pour le pays. Gachon estime qu’avec l’information développée, il peut avancer qu’il y aura une exacerbation de la sévérité des sécheresses dans les prairies.

Le réchauffement va donc s’amplifier et affectera aussi le cycle hydrologique: les quantités de neige et la longueur de saison de neige. Cela aura un impact sur les inondations printanières majeures. Toujours selon le professeur Gachon, avec 6 à 8 mois de neige et températures négatives au Canada, « la phase gelée de l’eau est plus importante qu’ailleurs et les phénomènes auront aussi des conséquences plus importantes. » Le réchauffement climatique affectera donc les écosystèmes et la biodiversité, mais aussi la qualité de vie des individus. De plus,  la rapidité avec laquelle les écosystèmes sont affectés fera en sorte que « certaines espèces migrent et disparaissent », tel qu’il l’explique.

Les Québécois conscients du changement climatique

Une majorité de Canadiens aurait en effet conscience du changement climatique et de son ampleur. C’est ce que révèle une étude effectuée en 2016. En zone rurale cependant, une grande partie des citoyens ne croit pas au changement climatique. Pour la Colombie-Britannique, le Québec et la Nouvelle-Écosse, le pourcentage d’individus attestant du phénomène est plus important. À Montréal, dans la circonscription de Laurier-Sainte-Marie, par exemple, cette proportion est de 90% des électeurs.

Quelques Québécois ont accepté de partager leur perception sur réchauffement climatique au quotidien.

Valérie, 58 ans, n’en peut plus des canicules interminables des étés actuels. « Quand j’étais jeune, les saisons étaient plus marquées avec des étés plus ensoleillés, beaux et chauds, les froids polaires en hiver et l’inoubliable tempête de neige de 1971. Il faisait froid, il faisait chaud, mais il n’y avait pas la canicule en été comme maintenant », se rappelle-t-elle, avec un sourire révélateur de sa nostalgie.

Tout comme Valérie, Patrick avoue être inquiet par rapport à l’état actuel du climat : « Le plus difficile dans tout ça c’est quand vient l’été, ce n’est plus possible de respirer. »

 

Carte de la canicule de septembre 2017

Les températures du mois de septembre de cette année fracassent des records de chaleurs, partout au Québec. (Crédit photo : Météomédia )

 

Environnement Canada quant à lui fait remarquer que les températures sont nettement au-dessus de la normale depuis le 11 septembre 2017. L’absence de précipitations en ce mois de septembre en témoigne suffisamment. Ce phénomène très rare ne s’est pas produit depuis 30 ans dans certains cas. Le mercure qui frôlait les 30°C du 23 au 25 septembre, avec un ressenti dépassant les 38°C, a retenu l’attention d’Environnement Canada. Selon cette institution, ces phénomènes se produisent, car « le Québec est sous l’influence d’un fort anticyclone ainsi qu’un afflux d’air chaud en provenance des États-Unis. »

Pour faire un pas en avant et tenter d’atténuer le réchauffement climatique, Philippe Gachon préconise bien évidemment une réduction des gaz à effet de serre. Afin de bien cerner la problématique, il estime qu’il est primordial de conduire une analyse des impacts sur la santé humaine. Il rappelle aussi que les changements climatiques pourront être la cause de périodes de sécheresse ou de précipitations intenses, ainsi que de dérèglements des saisons. Les événements extrêmes risquent d’être amplifiés, surtout au Canada.