QUÉBEC — «C’est parce que j’ai dans le cœur un pays, l’Acadie, et dans ma parlure les mots de ce pays. Des mots trop longs, des fois trop courts, mais des mots qui content puis des mots d’amour,» a narré jeudi 5 décembre, un curieux troubadour nommé Dominique Breau.
C’est au coin du poêle à bois, à la nuit tombée, que Dominique Breau, conteux fin finaud et chanteux acadien, a évoqué ses souvenirs à une vingtaine de personnes. «Je garde mes contes dans ma tête, je n’écris rien. Le conte change au gré de mon humeur. Des fois, je me surprends même à changer une partie de l’histoire parce que, tout à coup, il y a une étincelle», dit-il avec émotion. Dominique Breau donne des spectacles en Amérique, mais aussi en Europe. C’est pourquoi, il adapte ses récits et ses mots pour créer une complicité avec son auditoire.
Le spectacle se déroulait dans une salle conviviale, à l’arrière d’une maison d’hôtes. «On veut créer des rencontres amicales entre Québécois, mais aussi entre étrangers, de passage à la SmileKonnects International House. De cette façon, ils peuvent se plonger directement dans la culture canadienne», explique Sylvain Mallet, organisateur de l’événement.
Rita Cormier, l’une des spectatrices, est originaire du Nouveau-Brunswick. Mais depuis une cinquantaine d’années, elle habite à Québec. Pour elle, c’était un véritable retour aux sources. «Sa façon de raconter et de mettre en scène la vie des personnages de son village me rappelait la vie de mes ancêtres. Tout au long du spectacle, j’ai retrouvé des moments de ma jeunesse», confie-t-elle.
À la fin de sa représentation, Dominique Breau proposait, au public, sa bande sonore de blagues et de contes. «Je ne m’attendais pas à un conteur aussi bon, qui raconte de si passionnantes et si drôles histoires. J’ai été extrêmement surpris et j’ai adoré la soirée ! Puis, comme à chaque Noël c’est moi qui fais le conteur dans la famille, j’ai acheté l’album de Dominique Breau», explique Philippe Ringuette.
Toute une histoire
Le conte, connu en Acadie, est né dans les party de cuisine. Plongé dans cette tradition depuis l’enfance, Dominique Breau a voulu continuer cette coutume. C’est à l’âge de 15 ans qu’il est monté pour la première fois sur les planches. «Au départ, je ne croyais pas faire carrière comme conteur parce que j’étais de l’époque où un artiste qui vivait de la scène n’était pas commun. Mais à quarante ans, je me suis dit que si je ne le faisais pas, je ne le ferais jamais», raconte-t-il. Depuis, il consacre sa vie aux contes et aux chansons. «Quand j’ai commencé dans le conte, j’avais dit à ma femme qu’un jour les contes payeraient les comptes», raconte-t-il en rigolant. Cela ne fut pas le cas, mais la passion qui habite Dominique Breau fut plus forte que le reste.