Dans le cadre de la Semaine numérique 2018 en début avril se déroulera la quatrième édition du programme Catapulte. Il s’agit d’un concours qui permet aux développeurs de jeux vidéo indépendants de faire découvrir leur projet à une équipe de professionnels. L’équipe gagnante sera accompagnée par des vétérans de l’industrie pendant un an. Elle pourra donc apprendre des meilleurs et profiter de plusieurs services de production afin de mieux se concentrer sur la conception du jeu. Light Fall, jeu soutenu par le programme Catapulte durant l’année 2017 a été mis sur le marché le 22 mars 2018. 

Le programme Catapulte a vu le jour en 2014 grâces au créneau Arts numérique et divertissement interactif (ANDI), un programme gouvernemental qui a comme mission d’amener la ville de Québec à devenir une ressource mondiale sur le plan des arts numériques et du divertissement interactif. Le programme Catapulte encourage donc les programmeurs de la relève à se dépasser afin de gagner des prix qui pourraient propulser leur carrière. Le programme peut se permettre une grande générosité envers les gagnants grâce à leurs partenariats d’affaires. En effet, La Caisse Desjardins de Québec, Québec International, Ubisoft et la ville de Québec ne représentent que quelques-uns de leurs partenaires.

Les gagnants sont aussi évalués et soutenus par une équipe d’experts. Les candidats de l’édition 2018 seront évalués par neuf personnes qui occupent des postes variés et qui ont des champs d’expertise différents. À titre d’exemple, Patrick Klaus, directeur général de Ubisoft Québec est un des membres du jury pour la grande finale. Il sera également accompagné de Katleen Evers (PDG et fondatrice de 4EversGames), Alex Epstein (directeur narratif et directeur vocal chez Compulsion Games), Denis François Gravel (expert en développement des habiletés de présentation) et de François Taddei (concepteur et chef sénior chez Beenox). Voici le résultat du travail des gagnants de l’édition 2016 du concours.

Pour les créateurs de jeux vidéo de Québec, le programme Catapulte est plus qu’attirant. Les candidats intéressés devaient soumettre une idée de projet avant le 9 février 2018. Les candidats qui ont été retenus devront faire une démonstration de leurs jeux vidéo lors de l’événement qui se déroulera le 5 avril 2018 dans le cadre de la Semaine Numérique de Québec.

Le gagnant méritera une bourse de 55 000$, un accompagnement par une équipe d’experts, une année d’incubation et d’accompagnement par le CAMP (un incubateur), une bande-annonce pour faire connaître le jeu vidéo, des licences de logiciels et plusieurs consultations par rapport à des aspects spécifiques du jeu vidéo. Mariona Ferrer, directrice développement des affaires du programme Catapulte explique comment Catapulte aide les développeurs indépendants.

Le gagnant de l’édition 2016, Benoît Archer, explique comment Catapulte Québec lui a permis de concrétiser son projet. En effet, la sortie de Light Fall en mars 2018 a été possible grâce au programme Catapulte.

Coups de pouce importants

Chainsawesome Games est le groupe indépendant qui a gagné la toute première édition du programme. Pour Jean-Simon Otis, président et directeur de la compagnie, le programme Catapulte « a permis de vraiment améliorer le produit lancé ». Monsieur Otis explique qu’il y avait seulement trois développeurs qui travaillaient sur leur jeu vidéo Knight Squad lorsque celui-ci a été soumis à Catapulte : le fait de gagner plusieurs milliers de dollars a permis à l’entreprise d’engager des employés contractuels afin d’ajouter une valeur au jeu, en particulier en ce qui concerne le domaine de l’animation. Monsieur Otis explique qu’il bénéficie encore des partenariats d’affaires que le programme Catapulte lui avait permis de développer à l’époque.

La clé du succès

Même avec le financement et l’appui de partenaires d’affaires, il est toutefois difficile de créer un jeu vidéo original et amusant. Monsieur Otis et monsieur Archer expliquent quels sont les critères qui déterminent si un jeu vidéo sera un succès.

Québec : la ville idéale?

Monsieur Archer affirme que la ville de Québec est un endroit de prédilection pour le domaine du jeu vidéo. En effet, le cofondateur et vice-président de Bishop Games explique que les studios de jeux vidéo indépendants sont très centralisés dans la ville : « On est généralement tous autour du boulevard Charest. On a vraiment une proximité et c’est un climat qui encourage l’entraide entre studios ». De plus, monsieur Archer dit qu’au Québec, les développeurs de jeux vidéo ont accès à programmes d’aide afin de les aider à mettre de nouveaux produits sur le marché. Par exemple, il est beaucoup plus facile d’avoir accès aux crédits d’impôt et des programmes de mentorat au Québec qu’en France ou aux États-Unis, selon lui.

Selon Jean-Simon Otis, le fait que les développeurs de jeux vidéo valorisent le climat d’entraide plutôt que la compétition développe leur intelligence d’affaires.

Conserver le talent dans la capitale

Selon Manon Lortie, conseillère chez Entreprenariat Laval, le programme Catapulte permet de garder les professionnels du jeu vidéo à Québec. Madame Lortie affirme même que le Québec « est un écosystème très fort » en ce qui a trait au domaine du jeu vidéo. Elle ajoute que « plus il y a des initiatives dans le domaine du jeu vidéo, plus nous conserverons nos cerveaux à Québec et nous donnerons le goût aux entrepreneurs d’ailleurs de s’y établir ». Mme Lortie explique d’ailleurs que cette tendance crée une atmosphère de collégialité entre les acteurs du développement du jeu vidéo. Les gagnants des éditions 2016 et 2015 de Catapulte Québec confirment les propos de madame Lortie.

La conseillère affirme que le financement est l’un des principaux enjeux en ce qui concerne le démarrage d’entreprise, en particulier pour le domaine des jeux vidéo. En plus de remettre une compensation financière au gagnant, Catapulte permet aux participants de démontrer leur expertise et d’accroître leur crédibilité. La conseillère chez Entreprenariat Laval affirme également que Catapulte est un programme très convoité par les entrepreneurs et que c’est un honneur pour eux de faire partie des finalistes.

Démarrer un studio indépendant

Selon « extra credits », une série web dédiée à l’analyse de l’industrie du jeu vidéo, un studio indépendant doit se concentrer sur quatre aspects fondamentaux pour la production de son premier jeu. L’épisode consacré à ce sujet, l’auteur, James Portnow, insiste sur l’importance de la planification du projet. En effet, le fait de bien répartir les tâches connexes, de gérer la planification budgétaire ainsi qu’une bonne mécanique de jeu vont permettre au studio de mener son projet à terme. Or, les prix de Catapulte Québec permettent aux gagnants de bien suivre ses recommandations. 

Selon Joanne Miller, chargée d’enseignement à la Faculté des sciences de l’administration à l’Université Laval, il est important de ne pas négliger les étapes préliminaires lorsqu’un développeur souhaite mettre sur le marché un nouveau produit. Selon madame Miller, il est essentiel de faire une analyse de faisabilité du marché afin de mieux comprendre la concurrence, les besoins du marché et les prix auxquels le nouveau produit sera vendu.

La professionnelle du marketing ajoute également que d’autres aspects doivent être évalués, tels que la faisabilité légale, la faisabilité technique et la faisabilité organisationnelle. C’est seulement après tous ces tests de faisabilité que les entrepreneurs devraient faire leur plan d’affaires. En ce sens, le programme Catapulte demande un plan d’affaires à ses candidats afin d’être sélectionné. Par la suite, le gagnant doit assister à certaines consultations, telles que celle en propriété intellectuelle. Cela permet d’assurer la faisabilité légale du produit.​