Dans un contexte social et économique de plus en plus difficile, de nombreux fidèles se tournent vers les religions pour trouver des réponses aux crises profondes qui secouent le monde. La religion chrétienne compte ainsi 2,419 milliards de fidèles dans l’ensemble des pays où cette religion est autorisée.

Depuis le 13 mars 2013, le Pape François est le nouveau chef de file de l’Église catholique. Celui qu’on surnomme le « Pape des Pauvres » a notamment déclaré le 16 octobre dernier qu’il fallait que « l’humanité renonce à idolâtrer l’argent ». Pourtant, l’État de la Cité du Vatican, nation du Saint-Siège, peut se targuer d’être l’un des pays les plus riches au monde alors qu’il ne compte en 2015 que 921 habitants !

Il est difficile de connaître avec précision les avoirs d’une entité religieuse chargée de venir au soutien des pauvres et des nécessiteux, mais qui affiche un train de vie qui peut sembler aux antipodes des valeurs qu’elle déclare défendre.

Néanmoins, plusieurs enquêtes menées par les médias permettent d’y voir plus clair, à l’image de l’enquête réalisée par le site français d’information en ligne Médiapart en mars 2014 ou encore celle du magazine suisse Bilan en septembre de la même année.

D’où vient l’argent du Vatican, véritable entreprise religieuse?

Jordan-infographieLe principal poste de recettes reste le don des fidèles. Près de 368 millions de dollars chaque année. Ramené aux presque 2,5 milliards de fidèles, cela reste malgré tout peu : moins de 15 centimes de dollars par chrétien et par année. Il faut ajouter à cela 213 millions de recettes commerciales (souvenirs, timbres) et 130 millions de recettes provenant des seules entrées des Musées des Vatican. Enfin, 35 millions proviennent des dons récoltés dans les diocèses et envoyés au Vatican.

Mais le Vatican, ce n’est pas qu’une grande boutique de produits dérivés et de musées somptueux. C’est aussi un très grand propriétaire immobilier et financier. Ainsi, 182 millions proviennent de loyers et produits financiers quand 75 millions sont des dividendes versés directement par la banque du Vatican, l’Institut pour les œuvres de religion. Car la banque du Saint-Siège est une institution puissante.

Ainsi, l’institution financière du Saint-Siège détient pour près de 4,7 milliards de dollars canadiens d’obligations et peut se targuer de dépôts de plus de 1,7 milliard de dollars. Les fonds d’investissement représentent 276 millions de dollars et les actions près de 140 millions. Le dernier bénéfice connu de la banque du Vatican, annoncé en 2012, est de 123 millions de dollars canadiens. N’oublions pas que l’institution financière possède également dans ses coffres forts près de deux tonnes d’or, selon Médiapart.

Le patrimoine immobilier du Vatican est stupéfiant. Rien qu’en Italie, le Vatican est propriétaire de 115 000 immeubles, 23 000 terrains, 9 000 écoles,  4 000 hôpitaux et centres de soins et près de 2000 appartements.

Enfin, le Vatican est avant tout le gardien de la principale collection d’œuvres d’art dans le monde. Les musées du Vatican détiendraient plus de 70 000 œuvres, dont certaines exceptionnelles : des croquis et des tableaux de Leonardo da Vinci, des œuvres de Michel-Ange, des joyaux de l’Antiquité grecque, étrusque et romaine ou des témoignages de l’histoire comme une lettre de Marie-Antoinette en route vers l’échafaud. Plusieurs experts ont tenté de chiffrer l’ensemble de ses trésors. L’estimation la plus réaliste fait état d’un patrimoine fort de près de 100 milliards de dollars au prix du marché. Mais que valent réellement les sculptures originales de Leonardo da Vinci? De nombreuses oeuvres dépassent toute estimation de valeur.

Deux commentaires sont néanmoins à apporter sur cette démonstration impressionnante concernant la très grande richesse du Vatican.

Le premier s’inscrit dans la rentabilité extérieure de la religion chrétienne. Ainsi, lors de son déplacement au Brésil en juillet 2013, plus de 3 millions ont assisté aux différents offices du Pape François. Le voyage a couté 45 millions d’euros au Vatican, mais les retombées économiques engendrées par ce déplacement papal dépassent les 552 millions d’euros, que se partagent le Brésil et le Vatican dans une proportion inconnue.

Le second commentaire reste général. Difficile de recenser ou de synthétiser avec précision les avoirs et les rentrées d’argent de la Chrétienté dans le monde. Le culte religieux n’est en aucun cas une entreprise en tant que telle, même si elle en a toutes les caractéristiques. Aucun bilan comptable détaillé n’est disponible et plusieurs postes de dépenses sont opaques.

Lorsqu’il s’agit de foi, les religieux sont intarissables. Mais lorsqu’il s’agit d’argent et de secrets, les portes du Saint-Siège restent étrangement fermées. Pourtant, de plus en plus de scandales liés au Vatican font surface. Le dernier en date? Le Vatileaks.