Le 11 mars 2011, un séisme de magnitude 9 frappe le Japon et provoque un violent tsunami. Celui-ci entraîne la fusion du combustible de trois des six réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima. Il s’agit de l’une des pires catastrophes nucléaires jamais survenues et ses conséquences sur l’économie japonaise se font encore sentir.

Les 150 000 personnes qui vivaient près de la centrale ont dû partir dans la précipitation au moment de la catastrophe. Quatre ans après, 80 000 d’entre elles sont encore des réfugiés. Sur place, le travail de décontamination du site continue. Le refroidissement des réacteurs nécessite l’utilisation de grandes quantités d’eau, qui sont à leur tour contaminées, et que Tepco, l’opérateur qui exploitait la centrale nucléaire, ne pourra, à terme, pas stocker. Autre source d’inquiétudes : l’eau fuit dans le sous-sol et dans l’océan Pacifique. La pollution radioactive déversée avait même atteint les côtes de l’Ouest du Canada en février dernier puisque deux échantillons d’eau de mer prélevés au large d’Ucluelet, une île de Vancouver, contenaient des éléments radioactifs typiques de l’accident de la centrale japonaise.

Autour de Fukushima, les zones où la radioactivité est la plus élevée ont été interdites d’accès et 20 000 personnes sont chargées de leur décontamination. Tout ce qui a été contaminé dans les zones autrefois habitées, feuilles, herbe ou terre, est enfermé dans des sacs poubelle qui s’amoncellent. Toutefois, le retour de la population est progressivement autorisé dans certaines parties de la zone « interdite », où le niveau de radioactivité se situe entre 20 et 50 milliSiverts/an. La commune de Naraha, située à 20 kilomètres de la centrale et qui comptait 8 000 habitants avant le séisme, est ainsi officiellement redevenue habitable en septembre dernier. La décontamination n’y est pas intégrale, mais le seuil est inférieur à 20 milliSiverts par an selon les autorités. À en croire ces dernières, ce seuil permettrait d’y vivre normalement.

Pourtant, seulement un peu plus de 10 % des anciens habitants de Naraha se seraient inscrits pour revenir dans leur ancien logement.

Selon Greenpeace, les efforts de décontamination ne concerneraient que les zones habitées mais pas les prairies et forêts alentour, qui risquent de recontaminer les zones habitées par la suite.

« Après la catastrophe de mars 2011, il y a maintenant une seconde catastrophe pour ces personnes qui ont été abandonnées par le gouvernement et forcées au retour », affirme ainsi Jan Vande Putte, expert nucléaire chez Greenpeace, qui a mené des études dans la zone contaminée et qui appelle à différer le retour des habitants.

Un impact terrible sur l’économie japonaise.

Si l’on ajoute à la catastrophe nucléaire les dégâts causés par le tsunami, les défis devant lesquels le Japon a été placé sont immenses. Toutes les ressources de cette puissance extrêmement endettée ont été sollicitées pour financer la reconstruction, explique Guibourg Delamotte, chercheuse au centre d’études japonaises dans un rapport paru en 2012. Au lendemain de la catastrophe, la production industrielle du Japon a été très affectée. Afin de faire face à la cessation d’activité de la centrale de Fukushima Daiichi, le gouvernement a en effet demandé aux particuliers comme aux entreprises de réduire de 15 % la consommation d’énergie. L’arrêt de la centrale a également eu des répercussions sur l’économie de la région de Tokyo, dont l’énergie provenait en partie de Daiichi.

L’agriculture et la pêche dans le nord du japon ont également souffert de la catastrophe. Les importations ont augmenté en raison des inquiétudes des citoyens japonais. Les exportations ont au contraire chuté et des pays comme l’Inde ont même interdit l’importation de produits alimentaires venant du Japon.

Le tourisme est également en berne et n’avait pas, en 2012, atteint son niveau de 2010. Enfin, 70 % des personnes déplacées dans la région de Fukushima après la catastrophe n’ont pas retrouvé d’emploi, ce qui a des conséquences directes sur le niveau de consommation des ménages japonais.

Pourtant, le gouvernement japonais est revenu sur sa décision de 2013 de mettre un terme à la production d’énergie nucléaire dans le pays et quatre réacteurs ont d’ores et déjà reçu l’autorisation de reprendre leurs activités.