Huitième plus grand pollueur de la planète en matière d’émissions de gaz à effet de serre, selon les chiffres du World Resources Institute, le Brésil a annoncé l’objectif de réduire en 43% ses émissions jusqu’à 2030 (par rapport à 2005), comme contribution pour contenir le réchauffement climatique qui sera discuté pendant la COP21. La cible du géant de l’Amérique latine, septième économie mondiale, est l’une des plus ambitieuses jusqu’à présent.

« L’engagement est de réduire les émissions de gaz à effet de serre à 37% jusqu’à 2025, et à 43% jusqu’à 2030 », a garanti la présidente brésilienne Dilma Rousseff lors de son discours à l’ONU, à New York. En 2005, le total d’émissions fut de 2,03 milliards de tonnes de CO2. Atteindre la cible signifie 1,28 milliard de tonnes en 2025, et 1,15 milliard de tonnes en 2030.

Le directeur de l‘Observatoire du climat Carlos Rittl, cité par le site de nouvelles brésilien G1, a considéré l’annonce comme étant une indication positive, mais encore insuffisante : « Si l’on compare avec d’autres grands pollueurs, le Brésil propose de faire le plus. Mais si l’on prend en compte le potentiel de réduction d’émissions du pays, la responsabilité et l’urgence, on aura pu être plus ambitieux ». En tout cas, selon lui, la décision démontre que le Brésil veut quitter le groupe des pays qui font partie du problème pour intégrer celui des états qui cherchent une solution.

Par contre, le porte-parole de Greenpeace à São Paulo, Marcio Astrini, cité par Le Monde, a qualifié les objectifs d’« irréalistes ».

Pour la présidente brésilienne, la conférence sera une occasion unique d’élaborer une «réponse commune» au défi climatique. Dilma Rousseff a également promis la fin de la déforestation illégale, principal problème du Brésil, qui abrite l’un des plus grands écosystèmes et l’une des plus grandes forêts de la planète : l’Amazonie. À ce sujet, le pays joue un rôle capital dans le changement climatique. Les émissions de gaz à effet de serre du Brésil proviennent davantage du modèle d’utilisation des sols et des forêts que du secteur énergétique, comme c’est le cas dans la plupart des pays développés et de nombreux pays en développement.

Toutefois, le porte-parole de Greenpeace estime qu’il s’agit d’un engagement de façade, car le plan reste fondé sur une loi qui ne fonctionne pas et Mme Rousseff ne propose rien pour changer cette politique. En 2012, le code forestier a été assoupli et une amnistie a été accordée aux coupeurs illégaux, ce qui a envoyé un signal d’impunité dévastateur.

La chancelière allemande, Angela Merkel, en visite au Brésil en août a souligné l’importance de l’engagement du pays en vue de la COP21 : « Le Brésil est (un acteur) clé dans l’ensemble des objectifs en matière de climat. Mais c’est aussi la clé pour le maintien de la biodiversité dans le monde, car le Brésil est le pays le plus riche au monde en matière de biodiversité. Et ce qui est détruit ici n’est pas remplaçable », a affirmé la chancelière, selon l’AFP, espérant que l’exemple du Brésil aura un effet domino en Amérique latine et sur d’autres économies émergentes.