L’administration Obama a rejeté le projet d’oléoduc Keystone XL, plus de six ans après le début de l’examen du projet.
À quelques semaines du début de la COP21 à Paris, la décision peut légitimement être vue comme un symbole. Après sept longues d’années d’études et de tergiversations, le projet d’oléoduc Keystone XL de l’entreprise Trans-Canada a été rejeté par le gouvernement américain.
«Le département d’État a décidé que le projet Keystone XL n’était pas dans l’intérêt national des États-Unis. Je suis d’accord avec cette décision» a expliqué Barack Obama au cours d’une brève allocution faite depuis la Maison Blanche.

- CREDITS : Creative Commons
Le tracé de l’oléoduc Keystone et de son extension, Keystone XL, entre les États-Unis et le Canada
Le projet d’oléoduc Keystone XL visait à accélérer la livraison du pétrole issu des sables bitumineux aux raffineries du Golfe du Mexique. Il aurait permis de gagner du temps en évitant le détour actuel de l’oléoduc appelé simplement Keystone. L’oléoduc existant est représenté par les traits marron, orange et bleu sur la carte. Le parcours vert, lui, reprend le tracé de Keystone XL
Quand l’économie devient politique
Largement soutenu par le premier ministre sortant du Canada, Stephen Harper, ce gigantesque projet a été l’enjeu majeur de discorde entre le Canada et le gouvernement Obama depuis 2008. L’élection de Justin Trudeau pourrait avoir changé les choses : sans s’être déclaré opposé à l’oléoduc Keyston XL, le nouveau premier ministre est plus sensible aux enjeux environnementaux. Régler ce dossier emblématique des luttes écologistes avant le début de la COP21 à Paris, le 30 novembre, était un objectif du côté canadien comme du côté américain.
Le président Obama avait clairement fait part de son opposition au lancement des travaux. Sa décision, elle, s’est fait attendre. Si bien que l’entreprise Trans-Canada a tenté le tout pour le tout lundi : en demandant la suspension de l’étude de son projet, elle a misé sur une victoire des Républicains aux élections américaines qui se tiendront l’année prochaine. Car Trans-Canada n’avait rien à attendre du côté des Démocrates : Hillary Clinton et Bernie Sanders, les deux têtes d’affiche, avaient affiché leur opposition au projet. Le sujet était donc devenu éminemment politique, comme l’expliquait le New York Times, au début de l’année 2015. (en anglais)
Au delà des manœuvres et des positions politiques, l’oléoduc rencontrait une forte opposition au sein des villes et les communautés qu’il traverse. Le journal français Médiapart avait consacré une série de reportages édifiants sur le sujet, en septembre 2014. Associations écologistes et fermiers conservateurs, Amérindiens ou Texans d’ordinaires pétrole friendly, le projet avait réussi à braquer bon nombre d’Américains. Ce qui en faisait un dossier emblématique des oppositions qui traversent les États-Unis en matière d’écologie : d’un côté, l’espoir de créations d’emplois ; de l’autre, mise en garde contre les risques environnementaux.
Avec cette décision, le président Barack Obama réaffirme son intérêt pour les questions environnementales : il a voulu en faire un axe majeur de son second mandat. La prochaine étape climatique se poursuit à Paris, le 30 décembre. Une occasion pour les États-Unis de s’affirmer comme un acteur de la lutte contre le réchauffement climatique, après des décennies de rendez-vous ratés.



















