QUÉBEC – Alors que les réseaux sociaux ne cessent de se multiplier, un artiste multidisciplinaire de Sainte-Brigitte-de-Laval se propose de lancer une association d’artistes grâce au bon vieux bouche-à-oreille.
Lorsqu’il s’est installé à Sainte-Brigitte-de-Laval avec sa conjointe il y a quelques années, Didier Bonaventure a choisi sa nouvelle maison avec le projet de créer une galerie et un atelier pour accueillir un regroupement d’artistes venus y exposer ou y travailler. Ces artistes de toutes les disciplines mettront en commun leurs ressources, se donnant ainsi une autonomie qui leur permettra de dépendre le moins possible des subventions qui obligent à s’inscrire dans des cadres prédéfinis, à se conformer à des critères préétablis. Ils formeront une association qui louera les locaux, gérera la vente des œuvres et réinvestira les revenus dans le développement artistique de ses membres.
Pour Didier Bonaventure, ce regroupement doit être fondé avant tout sur l’authenticité : celle des artistes qui s’expriment, mais aussi celle des visiteurs curieux de voir leurs œuvres. Pas question pour lui de créer sur Internet un « buzz » artificiel qui lui attirerait des gens avides de profiter d’un cocktail ou de rencontrer des célébrités…
Si on lui demande comment une telle démarche est possible de nos jours en dehors des réseaux sociaux, il répond qu’il n’est pas pressé, qu’il souhaite renouer avec le rythme qui régnait avant les moyens de communication de masse, toucher ceux qui sont vraiment intéressés, se centrer sur la création, la créativité. « Moi, j’en ai rien à foutre de me faire connaître, j’en ai rien à foutre de me faire aimer, lance-t-il. Par contre, ceux qui veulent me connaître, ceux qui veulent m’aimer, sont les bienvenus ».
L’espace galerie est grand et agréable, très simple avec ses murs blancs et son sol de sable; on peut y admirer des toiles, des installations, des photos – certaines sur les murs, d’autres sur l’écran où elles défilent… ce sont les œuvres de Bonaventure, mais bientôt y alterneront celles des membres du regroupement, sous forme d’expositions individuelles et collectives. Celles-ci pourraient même s’étendre en dehors des murs pour occuper les espaces extérieurs de cette résidence où tout semble pensé pour offrir aux artistes un environnement qui mettra en valeur leurs œuvres.
Didier Bonaventure est tombé dans la marmite quand il était petit. Issu d’une famille peu curieuse des arts et de la culture, mal réconcilié avec l’école, c’est au contact d’une peintre, la mère d’un copain, qu’il commence à s’interroger sur le pourquoi et le comment de la peinture et de l’art en général, questions qu’il se pose toujours aujourd’hui. Adolescent, puis jeune adulte, il se forme en autodidacte en lisant les œuvres complètes de Lamartine, Proust, Duras, Freud… Il voyage, visite les musées du monde entier, se donne une culture. Il s’intéresse d’abord à la peinture, puis, lorsqu’une amie lui prête son Leica, à la photographie; séduit par la possibilité d’arrêter le temps, de cadrer la réalité et de l’interpréter grâce à différentes techniques pour en présenter le résultat, il étudie avec des maîtres comme Jaydie Putterman tout en développant ses propres techniques. Il expose dans des endroits inusités qu’il choisit lui-même – déjà, il préfère rester hors du circuit traditionnel des galeries d’art – tout en occupant plusieurs emplois dans le domaine culturel et artistique.
Aujourd’hui, en plus de se consacrer à la création et à son projet de regroupement, il s’implique politiquement dans sa municipalité et fait partie du comité consultatif sur les arts, la culture et le patrimoine de Sainte-Brigitte-de-Laval. La petite municipalité connaît un boom immobilier depuis quelques années, et ce type de projet pourrait lui permettre « d’être, et de devenir surtout, autre chose qu’une jolie banlieue-dortoir », selon les mots d’Éric Thériault, ébéniste et président d’honneur de l’exposition Laval’Art qui avait lieu cette fin de semaine à Sainte-Brigitte-de-Laval.