Québec – « Dans le bois », mise en scène par Danielle Le Saux-Farmer, a été présenté en première à Québec au théâtre Premier Acte. Cette pièce de théâtre de l’auteur américain David Mamet et traduit par Rosemarie Belisle met en vedette deux comédiens, Jean-Denis Beaudoin et André Robitaille.

C’est dans une salle comble mardi dernier 16 septembre qu’avait lieu la première. Les lumières se sont éteintes sur un public en ovation debout.

Le processus de création et de réflexion a commencé en avril alors que les répétitions ont débuté à la fin du mois de juillet.

Les comédiens incarnent deux jeunes garçons, Nick et Antoine, vivant une relation amoureuse nouvelle et complexe. Entre le rejet de l’autre et le désir de se rapprocher de lui se trouve le couple. En forêt, ils décident de se retrouver le temps d’une nuit pour être ensemble tout simplement.

Leurs efforts pour se dévoiler, se connaître, et ainsi, s’aimer résultent en une tension violente.

Dans le bois explore l’univers du couple sous un angle différent. Originalement écrite pour un homme et une femme, l’équipe de Bois franc et langues fourchues a décidé d’exploiter différemment le texte en le prêtant à un couple homosexuel. Ce choix a dirigé la pièce vers d’autres avenues en ajoutant cette dimension de diversité sexuelle et ses contraintes.

D’ailleurs, Mme Le Saux-Farmer affirme qu’elle n’aurait pas accepté de mettre en scène cette pièce dans sa forme originale puisqu’elle y voyait un pouvoir social plus important que l’illustration du couple dit «traditionnel». L’adaptation faite par l’équipe permet d’explorer les constructions sociales associées avec les genres.

Ayant adapté légèrement le texte pour qu’il convienne à un couple homosexuel, le but ultime était néanmoins de conserver le plus fidèlement possible la personnalité des protagonistes. «Les comportements typiquement féminins ou masculins existent autant chez les deux sexes. Une femme peut ne pas vouloir s’engager autant qu’un homme peut rechercher une relation solide et durable», a souligné Mme Le Saux-Farmer lors d’une entrevue téléphonique.

Les inquiétudes et les espoirs des personnages restent les mêmes dans les deux versions du texte.

Ce qui se dégage inexorablement de la pièce est le manque flagrant de communication entre les personnages. Au cœur des dialogues presque banals se trouve cette difficulté à mettre des mots sur des sentiments et par-dessus tout à les partager avec l’autre.

«Les humains ont de la misère à se dire les choses…ces choses intimes et vraies», souligne la metteure en scène. «Ce qui aurait pu être dit en 5 phrases s’étirent sur une pièce entière». Les non-dits et les répétitions abondent dans le texte. Cela contribue à construire la tension dramatique.

La scénographie minimaliste créée par Karine Mecteau-Bouchard met en évidence le jeu des comédiens. L’action se déroulant uniquement sur la galerie d’un chalet favorise un sentiment d’aliénation chez le public. En fait, ce qui entoure la scène, soit la nature, devient une figure oppressante puisqu’elle oblige les comédiens à rester dans un espace restreint.

Le public a accueilli avec engouement le spectacle. «J’ai vraiment aimé. On dirait qu’on se fait accrocher inconsciemment par la pièce…à la fin, on est à bout de souffle», a dit Catherine Lavoie, présente lors de la première.

Il s’agit de la première pièce de la saison 2014-2015 au théâtre Premier Acte. Soulignant ses 20 ans d’existence cette année, l’équipe du théâtre a décidé de donner toute la place à la relève de Québec. Sa mission de soutenir le théâtre émergent se poursuit.

Dans le bois est présenté jusqu’au 4 octobre 2014 au théâtre Premier Acte.