Près de quatre mois après la victoire du mouvement 5 étoiles à la mairie de Rome, les promesses de la nouvelle maire ne se font pas sentir. Pire encore, Virginia Raggi se trouve empêtrée dans de multiples scandales. Son parti commence à lui forcer la main et les Romains s’impatientent.

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Virginia Raggi à Tor Bella Monaca, le 11 juillet dernier. Crédit :  ANSA/CLAUDIO PERI

 

« Secret et mensonge. C’est une pochade à la Woody Allen », raconte Il Messaggero. Le journal romain ne fait pas de critique de cinéma, mais évoque sans vergogne les débuts brouillons de la nouvelle maire de Rome. Élue le 19 juin dernier au second tour avec 67% des suffrages, Virginia Raggi avait promis d’élaborer une démocratie municipale exemplaire et transparente. Sans programme ni véritable équipe, elle indiquait vouloir s’attaquer en priorité aux dysfonctionnements des transports publics et au traitement désastreux des déchets.

Entre scandales et inactions 

Quatre mois plus tard, l’euphorique campagne semble loin derrière Virginia Raggi. Les déchets continuent à s’amonceler dans les rues de la ville éternelle. Les monticules d’ordures s’entassent même jusqu’aux quartiers chics de Parioli et de Prati. Le 11 juillet dernier, dans le quartier périphérique de Tor Bella Monaca, des enfants ont filmé une troupe de rats rôdant autour de poubelles débordantes.

 

Pour résoudre ce fléau gangrénant la ville éternelle, Virginia Raggi a décidé de s’appuyer sur Paola Muraro. Or, la quinquagénaire a conseillé l’agence de ramassage des ordures romaines pendant 12 ans pour 1 millions d’euros d’honoraires. Le flagrant conflit d’intérêt n’effraie pas Virginia Raggi qui la soutient encore, même si la maire a admis que sa protégée faisait l’objet d’une enquête. Dans le même temps, les patrons des sociétés municipales des transports publics et du ramassage des ordures, qu’elle avait fraichement nommés, ont démissionné début septembre.

Des départs séance tenante qui s’ajoutent à ceux du responsable financier de la ville et de sa chef de cabinet. Virginia Raggi s’est résolue à débarquer Carla Raineri, aux émoluments proches de 200000€ par an, alors que son Mouvement 5 étoiles ne cesse de dénoncer les « salaires exorbitants des dirigeants politiques » et que la dette de Rome a franchi la barre des douze milliards d’euros. La maire n’a toujours pas trouvé leurs remplaçants et cherche encore un adjoint au budget. Les Romains s’interrogent également sur le rôle de Raffaele Marra, proche de l’ancien maire issu de l’extrême droite Gianni Alemann, conseillé de l’ombre au Capitole aux tâches incertaines.

Le M5S prêt à la renier 

« La gestion de la capitale est grotesque », a déploré Mateo Renzi devant des jeunes du parti démocrate le 24 septembre dernier. Son équipe bancale, ses cafouillages et ses transports toujours au bord de l’asphyxie ont poussé le chef du M5S, Beppe Grillo, à réagir. Mi septembre sur son blog, il a lui-même annoncé le renoncement de Rome aux jeux olympiques une semaine avant que Virginia Raggi ne l’officialise devant la presse. Récemment revenu aux affaires, l’humoriste ne semble plus faire confiance à l’hésitante trentenaire. Il lui a même menacé à demi mot d’éviction si elle n’exécutait pas rapidement ses ordres.

Peu à l’aise dans son costume de maire, Virginia Raggi donne l’impression de manquer de marge de manœuvre voir même d’indépendance. Les journaux italiens ont fait état des querelles internes au M5S pour se partager les postes d’influence aux côtés de la jeune maire. Fait curieux, son parti lui a fait signé un document dans lequel elle s’engage à démissionner et à payer une pénalité de 150 000 euros si d’aventure elle cause « un dommage à la réputation du mouvement ». Une formulation floue et troublante qui en appelle au divorce. La maire de Rome est prévenue : la mairie de la capitale italienne ressemble à une magnifique vitrine pour le M5S qui aspire à prendre le pouvoir de la botte. Rien ne lui sera pardonné