Québec – Jacques Lessard et ses étudiants du Conservatoire d’art dramatique de Québec remontent sur les planches pour présenter La Boîte, une pièce déjà jouée mais réinterprétée aujourd’hui. Venue tout droit de l’univers d’Eugène Ionesco, la pièce livre un monde où la conscience n’a plus sa place, sauf dans une boîte.

La Boîte, c’est cet objet mystérieux qui a pris place dans toutes les demeures. Elle s’illumine en cas de litige, donne l’heure, permet de s’informer et procure du bonheur en boîte, dans le vrai sens du terme. En posant ses mains dessus, le bonheur envahit instantanément la personne. Les troubles s’éloignent et laissent place à une atmosphère de bien-être.

Bobby Watson père, PDG de l’entreprise de la Boîte, tient d’une main de fer une population qui n’a plus conscience des choses qui l’entourent. Avide de pouvoir, il se tient en haut de la pyramide sociale, comme celle qu’avait créée Georges Orwell dans 1984. La population se laisse bercer instinctivement par ce voile d’illusion élaboré par la bureaucratie.

Ce bonheur artificiel éclate le jour où Bobby Watson, pour des besoins de succession, fait kidnapper une jeune fille du peuple, Brébis Bérubé. Ensuite, tout devient incontrôlable. La folie de l’homme engendre des changements profonds inattendus.

Toute la pièce nous rappelle la cupidité de l’homme qui possède les rênes du pouvoir, et qui écrase la conscience, moteur de l’humain, pour mieux régner. D’autres auteurs s’étaient déjà attelés à cette idée, dont Lois Lowry dans Le Passeur et Aldous Huxley avec Le Meilleur des mondes.  

La pièce, pourtant lourde de sens, se déroule dans une atmosphère légère. Mais c’est l’écriture, la base de la pièce qui reste centrale dans cette atmosphère bon enfant. Des thèmes importants, oui, mais joués avec beaucoup d’humour sont abordés. À cela s’ajoutent des jeux de mots fréquents tels «je vais la tâter dans le sens du voile», «j’en ai les larves aux yeux», «je ne suis pas né du dernier puits». Le public a semblé conquis dès le début.

L’écriture de la pièce est née de la concertation entre des étudiants du Conservatoire et leur professeur. La pièce s’est inspirée d’Eugène Ionesco et son univers parfois délirant. Le travail d’écriture s’est basé sur le dramaturge avant de s’en éloigner, trouvant d’autres pistes de recherches et de styles. Car la question à laquelle les étudiants ont répondu avec cette pièce est : comment aurait vu Eugène Ionesco notre société actuelle? La pièce est présentée du 19 au 30 novembre au Théâtre Premier Acte.