Les Nations l’ont acté le 21 septembre 2015 : l’ambassadeur de l’Arabie saoudite a été nommé à l’un des postes clé du Conseil des droits l’Homme. Une décision presque ahurissante quand on connaît la notion de respect de ces droits dans le royaume et qui suscite de violentes critiques dans le Canada, face à un gouvernement accusé de fermer les yeux sur ce partenaire encombrant.

« L’Arabie saoudite est un pays allié ». C’est par ces mots prononcés le vendredi 25 septembre en conférence de presse que Stephen Harper, Premier ministre du Canada, a décidé de faire taire les critiques qui lui ont été adressées sur le partenariat diplomatique entre Ottawa et Riyad. L’organisation de défense des droits de l’homme « Amnistie internationale » a accusé le Canada d’avoir du « sang sur les mains ». En cause : un contrat de 15 milliards de dollars signé en 2014 pour la livraison de véhicules blindés étalée sur une quinzaine d’années.

L’Arabie saoudite a en effet pris la décision de décapiter courant septembre un jeune chiite qui avait participé au mouvement opposé à la monarchie en 2012, avant de crucifier son corps et l’exposer en public, sans avoir autorisé le condamné à bénéficier de l’intervention d’un avocat lors de son procès. Une exécution suspendue momentanément par le roi Salmane en réaction à la pression médiatique mais qui illustre le peu de respect accordé par l’Arabie saoudite à ses sujets en matière juridique.

Une alliance stratégique pour le gouvernement conservateur canadien

Mais pour Stephen Harper, pas question de « sacrifier » les 3 000 emplois qui « dépendent du plus gros contrat de l’histoire du pays ». Surtout lorsque ces emplois sont basés en Ontario, l’une des provinces sur lesquelles le parti du Premier ministre (Conservateurs) peut s’asseoir confortablement lors des prochaines élections fédérales du 19 octobre.

Au Québec, c’est du côté de la Coalition avenir Québec (CAQ), deuxième groupe d’opposition au Parlement de la province francophone, que la colère gronde contre les liaisons dangereuses qu’entretient le Canada avec l’Arabie saoudite. Son porte-parole, Benoît Charrette, a appelé mardi 29 septembre le Canada à suspendre son financement du Conseil des droits de l’homme. Pour lui, « c’est désormais l’Arabie saoudite qui va déterminer les affectations des différents experts sur les exactions présumées sur la scène internationale ». Si l’actuel gouvernement canadien rejette la moindre intervention diplomatique dans le dossier saoudien, ce-dernier aura eu au moins le mérite de remettre en question la réelle place du Canada sur la scène internationale.