Université Laval – Selon la professeure de sciences politiques et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les conflits et le terrorisme, Mme Aurélie Campana, l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) est en situation de crise permanente et ne peut donc pas jouer pleinement son rôle sur la scène internationale.
Mme Campana remet en question l’utilité de cette organisation internationale ainsi que son efficacité à prévenir les conflits, une des raisons premières pour laquelle elle a été créée. C’est ce qu’elle a avancé lors d’une table ronde portant sur la crise ukrainienne présentée à l’Université Laval le 13 novembre par l’Institut des Hautes études internationales. Elle faisait partie des conférenciers invités.
Se définissant pourtant comme la plus grande organisation oeuvrant en faveur de la paix, de la démocratie et de la stabilité, l’OSCE ne dispose d’aucun pouvoir coercitif lui permettant de répondre à la mission qu’elle s’est vu confier. C’est ce que déplore la professeure de sciences politiques. Mme Campana ajoute que plusieurs autres organisations internationales ne disposent pas de ce genre de pouvoir. Notamment, l’ONU.
Le titulaire de la Chaire d’études ukrainiennes à l’Université d’Ottawa, M. Dominique Arel, professeur également invité à la table ronde, affirme toutefois que l’OSCE, dans le cas du conflit ukrainien, est l’une des seules organisations internationales ayant la capacité d’intervenir étant donné que la Russie accepte de se prêter au jeu des négociations de l’OSCE.
Un système décisionnel inefficace
Mme Campana va cependant plus loin dans sa critique de l’organisation créée en 1973. Elle stipule que le système décisionnel est tout simplement inefficace puisque les décisions prises par l’OSCE doivent recevoir l’aval de tous les pays membres. On en compte 57 et c’est précisément là où le bât blesse.
«On a 57 pays avec des intérêts bien différents. Ça complique bien les choses et il y a énormément de négociations. C’est loin d’être très efficace comme façon de fonctionner», explique Mme Campana.
Sur le terrain, la mission de l’OSCE semble être tout aussi complexe que son mode de fonctionnement. La professeure de sciences politiques indique que la présente mission en Ukraine est « entravée par des accès limités à certaines régions et à certains postes-frontières». Ainsi, les observateurs de l’OSCE ne peuvent pas rendre compte à la communauté internationale, à savoir si l’intégrité territoriale de l’Ukraine est bel et bien respectée.
Mme Campana ajoute que certains observateurs ont même été enlevés par des groupes séparatistes dans l’est du pays.
Pour le moment, Mme Campana juge que cette organisation est encore à la recherche de sa vocation réelle. Toutefois, selon elle, le conflit ukrainien semble être venu à sa rescousse et lui a permis de renouveler son rôle sur la scène internationale.