Depuis mars dernier, le monde entier est plongé dans une bataille commune, soit celle de faire face à la pandémie de la COVID-19. Après un confinement quasi mondial au printemps, plus de 35 millions de cas déclarés, plus d’un million de décès et une deuxième vague qui frappe de plein fouet plusieurs pays du monde cet automne, ce virus continue de démontrer sa puissance. Pourtant, plusieurs personnes doutent encore de l’existence de la COVID-19. Phénomène planétaire auquel le Canada n’échappe pas, même si une récente étude québécoise révèle que le Canada est loin d’être le pire pays en ce qui concerne l’adhésion aux théories du complot et aux fausses nouvelles.
« La COVID-19 est un virus créé en laboratoire pour favoriser les compagnies pharmaceutiques », « les mesures gouvernementales mises en place pendant la pandémie ont pour but de contrôler les citoyens », « le virus est une simple grippe », « la COVID-19 n’existe pas » et « le port du masque obligatoire brime notre liberté » sont toutes des affirmations entendues ou lues sur le Web et les médias sociaux. Les idées conspirationnistes sont des points de vue souvent sans aucun fondement scientifique qui viennent contredire les discours officiels, tandis que les fausses nouvelles sont des informations inexactes qui ont pour but de tromper le public.
En contexte de crise sanitaire et à travers tous les discours gouvernementaux, quelle place les idées conspirationnistes et les fausses nouvelles prennent-elles ? Les personnes opposées au port du masque et les adeptes des théories conspirationnistes sont bien présents dans l’espace public. Ainsi, une enquête internationale sur l’influence des stratégies de communication en santé publique en contexte de pandémie menée en juin dernier auprès de 8 800 personnes, dont 1 500 Canadien(ne)s, et dirigée par l’Université de Sherbrooke démontre que les Canadien(ne)s ont un niveau de confiance plutôt élevé envers les diverses autorités impliquées dans la gestion de la pandémie. Cette confiance du peuple canadien est d’ailleurs plus élevée qu’aux États-Unis, mais aussi généralement plus grande qu’en Angleterre, en Suisse, à Hong Kong, aux Philippines, en Nouvelle-Zélande et en Belgique.
En effet, 78,3 % du peuple canadien a confiance en leur gouvernement en ce qui concerne la gestion de la pandémie. Les Néo-Zélandais dominent à ce chapitre avec 83 %, tandis que seulement 49,3 % des Américains et 48,4 % des Belges ont confiance en leur gouvernement. Les résultats démontrent également que 89,2 % des Canadien(ne)s font confiance aux experts en santé publique, le plus haut pourcentage devant les Belges (78,7 %) et les Américains (76,9 %).
De plus, les répondant(e)s ont été exposé(e)s à divers énoncés dans le but d’évaluer l’adhésion aux théories conspirationnistes. Ce sont 17,7 % des Canadien(ne)s qui affichent une adhésion aux idées conspirationnistes. Le Canada est le deuxième pays derrière la Belgique où la population est la plus sceptique face à ces théories. À titre comparatif, les Philippines (47,7 %), l’Angleterre (35,9 %) et les États-Unis (34,7 %) sont les pays où les gens adhèrent le plus aux conspirationnistes.
Finalement, les Canadien(ne)s démontrent un faible niveau d’adhésion aux fausses nouvelles avec un résultat de 11,5 %. Les pays qui adhèrent le plus aux fausses nouvelles sont les Philippines (37,6 %), les États-Unis (26,8 %) et l’Angleterre (25,9 %).
La liberté d’expression n’a pas de limite
Bien que les résultats de cette étude démontrent que la population canadienne adhère moins que les autres pays aux fausses nouvelles et aux théories du complot, il ne demeure pas moins que ces idées sont tout de même propagées dans l’espace public, notamment sur les réseaux sociaux. Des points de vue dissidents, factieux et farfelus auxquels plusieurs personnes adhèrent sans vérifier leur provenance. La liberté d’expression permet à n’importe qui de dire n’importe quoi, et ce, même si les propos peuvent mener à des comportements à risque comme c’est le cas en période de pandémie.
En général, les théories du complot et les fausses informations servent les individus qui méprisent les médias en prétextant que ces derniers ne divulguent pas la vérité. En réalité, les journalistes travaillent pour le public et veillent à respecter la véracité des faits et vérifier leurs sources. Cela fait partie de l’essence même du travail journalistique. Le complotisme est problématique. Tant et aussi longtemps que les gens ne comprendront pas les valeurs et le code déontologique des pratiques journalistiques, il sera difficile de récupérer ceux et celles qui adhèrent et propagent les points de vue marginaux.
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