Québec – Le ton monte entre le collège des médecins et la commission sur les soins de fin de vie. Le « diagnostic » du médecin Louis Roy illustre cette tension : « La Commission sur les soins de fin de vie remet en cause l’intégrité professionnelle des médecins ». Même si la loi sur les soins de fin de vie a été votée à l’Assemblée nationale il y a presque un an, la bonne volonté de Québec ne suffira pas pour taire les nombreuses inquiétudes et débats qui y sont associés.

 

La polémique

D’un côté, les médecins déplorent le manque de respect de la Commission des soins de fin de vie envers les professionnels de la santé, habiletés à prodiguer des soins de fin de vie. De l’autre, selon la Commission, l’intégrité des médecins est remise en cause ainsi que leur capacité à respecter ce qui est précisé dans la loi. Plusieurs missives ont été envoyées par la Commission pour dénoncer la prise en charge des actes médicaux non conformes à la loi des soins de fin de vie. C’est que Louis Roy aurait, selon la Commission, prodigué des soins de fin de vie sans le consentement de son patient. « Les conséquences qui en découlent causent préjudice à notre endroit ainsi qu’à la façon dont nous pratiquons notre profession », s’indigne Louis Roy dans une entrevue. Un tel discours soulève sans contredit son lot d’inquiétudes et a de quoi alarmer l’ensemble des citoyens. Louis Roy est un médecin qualifié en matière de soins de fin de vie. Or, la Commission remet en question, dans une lettre qui lui a été envoyée, sa compétence professionnelle. Il réfute ces allégations en se référent au Collège des médecins qui qualifie la situation d’alarmante.

 

Anguille sous roche

Il semble y avoir anguille sous roche selon plusieurs médecins. Dans son entrevue accordée à Radio-Canada, Louis Roy précise, « certains membres de la Commission sur les soins de fin de vie sont ouvertement opposés à l’aide médicale à mourir ». Ce qui viendrait expliquer la polémique de départ voulant que la loi sur les soins de fin de vie soit supprimée. Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, tente de calmer le jeu en évoquant le manque de communication et d’interprétation de part et d’autre. « La Commission a été mise en place pour s’assurer qu’il n’y ait pas de dérapage et que les choses se passent de façon rigoureuse selon les paramètres de la loi », a-t-il souligné à l’émission 24/60. Gaétan Barrette rappelle à l’ordre la Commission en soulignant que son rôle n’est pas de juger si le médecin a porté oui ou non le bon diagnostic médical mais bien, de référer le diagnostic au Collège des médecins, qui lui est habileté à en juger la viabilité en matière de soins de fin de vie.

 

Rappel de la loi au Québec

Le gouvernement du Québec a passé la loi sur les soins de fin de vie le 10 décembre 2015. Cette loi intégrée d’un protocole d’actions permet aux citoyens d’obtenir des soins adaptés à leurs besoins. Un accompagnement est prévu à cet effet pour s’assurer de la bonne mise en place des services liés aux soins de fin de vie. Le but dans ce processus de dernier recours; apaiser les souffrances du malade. Depuis quelques mois seulement, même si cette alternative complexe repose sur un consensus collectif, elle soulève plusieurs questions d’éthique sur lesquelles le personnel entretient son lot d’inquiétudes. En ce sens, des mesures ont été mises en place pour familiariser le personnel responsable d’orienter les clients dans leurs choix ultimes de leur vie. Selon ces mesures mises en place par le gouvernement du Québec, « la loi comporte deux volets, le premier, les droits: l’organisation et l’encadrement relatifs aux soins de fin de vie, les soins palliatifs, incluant la sédation palliative continue et l’aide médicale à mourir. Le deuxième, la reconnaissance de la primauté des volontés exprimées clairement et librement, par la mise en place du régime des directives médicales anticipées »

 

Tableau référant aux mesures mises en place par Québec pour répondre aux questions du personnel à l'interne concernant les soins de fin de vie. Source: Gouvernement du Québec
Tableau référant aux mesures mises en place par Québec pour répondre aux questions du personnel à l’interne concernant les soins de fin de vie.
Source: Gouvernement du Québec