Dariy Khrystyuk et sa famille ont quitté l’Ukraine pour s’établir au Québec en 2010. Lorsque l’invasion de l’Ukraine par la Russie est survenue en 2022, toute la famille s’est mobilisée pour venir en aide à leur nation d’origine. Pour Dariy, l’engagement s’est fait à vélo.
Sa mère a joué du piano pour amasser des dons, son père a acheté du matériel militaire à envoyer Ukraine et sa sœur Polina a lancé une ligne de vêtements pour lever des fonds. Pas question pour Dariy de demeurer immobile, il doit agir.
Grand sportif et aux études en enseignement de l’éducation physique, il s’est tourné vers le vélo pour son projet : traverser le Canada sur deux roues afin de récolter des dons pour l’Ukraine.
De Vancouver à Lévis en 54 jours, Dairy a pédalé sur 5500 kilomètres en documentant l’aventure sur ses réseaux sociaux. Le Lévisien de 23 ans s’était préalablement fixé un objectif d’un dollar par kilomètre parcouru, mais la générosité de la population a rapidement dépassé ses attentes.
« J’avais besoin de faire un projet pour mériter ma nationalité ukrainienne. » – Dariy Khrystyuk
Dariy a augmenté la cible à 20 000 $, et est encore une fois parvenu à dépasser l’objectif. À ce jour, les dons totalisent plus de 26 500 $ et le compteur tourne toujours. « J’ai été vraiment surpris par le montant que j’ai amassé. À chaque fois que je demande de l’aide, les gens sont très investis », se réjouit l’étudiant. « Ça fait chaud au cœur d’être supporté ».
Le jeune homme a franchi la ligne d’arrivée le 26 juin dernier, mais ne s’arrête pas là pour autant. La famille Khrystyuk participe toujours à différents défis pour faire grossir la cagnotte.
Le cycliste a mis sur pied son initiative dans le but d’aider à la reconstruction de l’Ukraine, un projet de grande envergure. En juillet 2022, le président de l’Ukraine chiffrait la reconstruction à plus de 750 milliards de dollars.
Utiliser les dons à bon escient
Le défi ne s’arrête pas à l’épreuve physique et à la collecte de dons. Il faut encore acheminer la somme amassée ou le matériel donné jusqu’au bon endroit.
« C’est sûr qu’il y a un défi technique quand on est loin du pays qu’on veut aider », tranche le jeune ukrainien. Les frais de livraison grimpent rapidement afin d’envoyer du matériel militaire et médical, comme l’a fait le père de Dariy.
Mais même pour envoyer de l’argent, ce n’est pas si simple, assure Dariy. « Un défi s’impose pour ne pas perdre cet argent-là dans la corruption, parce que malheureusement l’Ukraine a la réputation d’être un pays corrompu. » Il est sur ses gardes devant un historique de corruptions par des hauts placés du gouvernement.
« On met beaucoup d’énergie pour amasser ces fonds-là, il y a beaucoup de Québécois qui ont ça à cœur », se rappelle Dariy, en réitérant l’importance de valider à qui l’argent sera acheminé. « C’est le plus demandant : trouver la bonne personne, le bon projet ou la bonne fondation à qui je peux faire confiance en étant loin ».

Dariy est toujours à la recherche de la bonne destination pour les quelque 26 500 $ amassés. Il tient à respecter son engagement voulant que les dons servent à la reconstruction du pays. « Je cherche vraiment à ce que l’argent puisse aider le plus de monde possible », explique-t-il.
Le jeune sportif se concentre au nord du pays, où la situation est plus stable. Il espère ainsi que son investissement soit profitable à long-terme, et non détruit par des bombardements. Le nord a été surtout affecté au début de la guerre, mais a été libéré depuis. « Selon les estimations qu’on peut avoir, il ne devrait pas y avoir d’invasion par le nord de l’Ukraine », indique Dariy.
Pour parvenir à ses fins, Dariy peut compter sur l’aide précieuse de ses parents, qui sont toujours en contact avec leurs familles en Ukraine. « Mon père et ma mère ont vécu la majorité de leur vie là-bas et ont un réseau de contacts qui est plus gros », raconte-t-il. Leur aide est un atout pour connaître le système ukrainien et joindre des personnes de confiance sur place.