Avec plus de 240 cas d’infection et 120 morts comptabilisés par l’OMS, l’épidémie Ebola n’épargne pas le corps médical en Afrique de l’Ouest. Comment médecins et aides-soignants travaillent-ils au quotidien avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête ?

Des équipes médicales en sous-effectif et dépassées par les événements, voilà le constat du docteur Alexandre Delamou, chef de section au Centre National de Formation et de Recherche en Santé Rurale près de Conakry, en Guinée. D’après lui, les médecins et infirmiers guinéens sont en permanence confrontés au risque de contamination du virus Ebola.

Il relate le cas d’une femme enceinte reçue en urgence dans une maternité pour subir une césarienne en août dernier. N’ayant pas eu un instant à perdre, le personnel de garde ne s’est aperçu que trop tard que la patiente souffrait d’Ebola. Résultat : cinq membres contaminés, au sein desquels un médecin et une sage-femme sont décédés. « Vous pouvez imaginer le sentiment de détresse, le sentiment d’insécurité, le sentiment de peur que cela peut susciter au niveau du personnel de santé », conclut le docteur Delamou.

Au-delà du choc psychologique, ces contaminations entraînent de lourds problèmes d’effectifs car, par crainte de propagation du virus, toute personne ayant été en contact avec les cas relevés doit également être placée en centre d’isolement pendant 21 jours. La docteure Bernice Dahn, médecin en chef du Liberia, constitue un exemple frappant avec une entrée en quarantaine le 29 septembre.

Pour expliquer les ravages au sein du personnel médical, l’OMS met en cause la pénurie des équipements de protection ainsi que le manque d’effectifs, obligeant les médecins à travailler bien au-delà du nombre d’heures préconisé. « En Guinée, il est parfois compliqué d’avoir des gants et des masques dans les hôpitaux des villes, alors pour ce qui est des hôpitaux en périphérie ou dans les brousses… », déplore Alexandre Delamou. De plus, les symptômes permettant de détecter Ebola (forte fièvre, crampes, nausées, etc.) sont sensiblement similaires à ceux du paludisme ou de la fièvre typhoïde, également très présents dans la région. Par conséquent, les médecins empressés de venir en aide aux malades ne prennent pas toujours les mesures de protection spécifiques au cas du virus Ebola.

Lueur d’espoir toutefois, l’OMS a annoncé le 5 septembre qu’un vaccin « pourrait être disponible en novembre ». Il serait alors destiné en priorité au personnel de santé actif sur le terrain, ces « héros anonymes qui se battent au jour le jour et qui cherchent de toutes leurs forces à sauver des vies pour que cette épidémie soit rapidement contrôlée », selon docteur Delamou.

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