Le Soudan se trouve en guerre civile depuis plus de 200 jours et la fin de ce conflit opposant l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), du général Mohamed Hamdane Daglo, ne semble pas proche.

Les tensions et les affrontements, qui ne datent pas du début de ce plus récent conflit, ont mené au déplacement de plusieurs millions de soudanais.

L’ONU a même déclaré récemment  que ce pays de l’Afrique du Nord-Est fait face « à la pire crise de déplacement au monde » avec plus de 7 millions de déplacés, dont 3 millions d’enfants. Le conflit a fait plus de 6000 morts.

L’organisation mondiale émet aussi de nombreuses inquiétudes sur la détention de femmes dans des conditions proches de l’esclavage dans la région du Darfour.

Un enfant soudanais reçoit un vaccin contre la cholera.
Un enfant soudanais reçoit un vaccin contre la cholera. (Photo de l’AFP)

Après le coup d’État militaire de 2021 mené par Abdel Fattah al-Burhane et Mohamed Hamdane Dogolo, un accord avait été mis en place afin de transférer le pouvoir aux civils en avril 2023. Un accord qui a été retardé après plusieurs différends entre les deux hommes.

« Ce conflit est loin d’être un événement imprévisible », estime Jabeur Fathally, professeur agrégé à la faculté de droit de l’Université d’Ottawa et spécialiste de la question.

Selon lui, il faut remonter avant le coup d’État pour voir la source de ce conflit.

« Depuis 2019, date de la chute du régime d’Omar Al-Bashir, tout indiquait que le Soudan, soumis aux caprices et aux agendas internes et internationaux des deux généraux est entré dans une nouvelle et dangereuse période d’instabilité politique, économique et sociale. »

L’instabilité dans le pays ajoute à une situation déjà précaire dans la région. Le Soudan du Sud traverse lui-même une période compliquée après une longue guerre civile et la tenue d’élections l’année prochaine dans le pays est incertaine. Le déplacement de millions de soudanais a aussi un impact dans les pays voisins (le Tchad, l’Égypte, l’Éthiopie et la République centrafricaine) qui ont tous accueilli des milliers de réfugiés.

« C’est un conflit qui peut avoir des répercussions graves sur la paix et la stabilité en Afrique », estime Jabeur Fathally qui est aussi directeur par intérim du Centre de recherche et d’enseignement sur les droits de la personne.

Le conflit soudanais a fait plus de 6000 morts selon l'ONU.
Le conflit soudanais a fait plus de 6000 morts selon l’ONU. (Photo : Ala Kheir)

L’Afrique est devenue un véritable champ de bataille entre la Russie et l’Occident dans les dernières années. La Russie accroît ses investissements financiers dans la région en plus de parfois donner son soutien militaire alors que les États-Unis dénoncent les actions russes, tout en essayant d’augmenter ses relations diplomatiques avec les pays africains.

Le conflit soudanais n’échappe pas à cette tendance.

« Il s’agit de conflit entre soudanais, mais il est aussi un conflit d’influence géostratégique entre certains acteurs régionaux comme l’Égypte, le Qatar et les Émirats, mais aussi internationaux avec les États-Unis et la Russie », analyse M. Fathally.

Des pourparlers de paix ont recommencé à la mi-novembre à Djeddah en Arabie Saoudite entre les deux groupes militaires.

Un conflit peu médiatisé

« Loin des regards du monde et des gros titres. » C’est comme cela que Dominique Hyde, directrice des relations extérieures de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, a décrit le conflit soudanais.

Le contrôle de l’information et la censure du gouvernement ont augmenté depuis le coup d’État militaire, selon Reporters sans frontières. Une journaliste soudanaise est morte en octobre dernier.

Toujours selon RSF, les journalistes sont même ciblés par les belligérants alors que plusieurs sont arrêtés pendant qu’ils exercent leur métier ce qui rend l’accès à de l’information provenant du pays plus difficile.