« Révolte à Hong-Kong : comment poursuivre la lutte ? », c’est l’intitulé de la conférence qui s’est tenue le 12 octobre à la librairie Saint-Jean-Baptiste de Québec. Organisé par des membres du groupe « Alternative socialiste » (AS), cet événement était l’occasion d’évoquer la crise politique de Hong-Kong. L’activiste de l’AS, Simon-Pierre Lauzon a fait le déplacement depuis Montréal pour parler de son expérience de vie à Hong-Kong où il a passé 3 années avant de lancer la discussion autour des suites possibles de la lutte depuis le Québec.

 

Ils sont quelques membres actifs du groupe d’alternative socialiste à avoir fait le déplacement depuis Sherbrooke ou Montréal pour venir parler de la révolte de Hong-Kong dans cette librairie du Vieux-Québec réputée pour son affinité avec la gauche socialiste. L’alternative socialiste est la section québécoise. « Je ne m’attendais pas à voir autant de monde, surtout un samedi soir de long congé » se réjouit Hubert Grenon, étudiant à l’Université Laval et membre de l’alternative socialiste de la ville de Québec qui a organisé cette rencontre. 19 personnes, dont 12 citoyens de la ville, sont venues, par curiosité pour les uns, par intérêt politique pour les autres. Après une présentation visuelle faisant état de la situation de Hong-kong, Simon-Pierre Lauzon invite la salle à poursuivre le débat à travers leurs interventions.

Licenciement de plusieurs activistes à Hong-kong

Le mercredi 2 octobre, Nathan Leung, un membre du comité de l’internationale ouvrière, dont l’Alternative socialiste est la branche du Québec, a été licencié du groupe HSBC, pour lequel il travaillait. Son renvoi, comme celui de plusieurs autres activistes, est lié à son soutien au mouvement pro démocratie et son appel ouvert aux institutions bancaires à se syndiquer. Ce licenciement a provoqué une vague de soutien dans de nombreuses villes où des piquets de grève se sont tenus devant les locaux du géant HSBC. Bien qu’il reconnaisse la difficulté pour avoir un réel impact dans la lutte ayant lieu à l’opposé du globe, Alexandre Pouliot Roberge, un autre activiste de l’AS, pense que la lutte depuis le Québec reste essentielle. Faisant une comparaison avec la situation en Syrie, cet activiste de la première heure affirme qu’il est possible d’aider dans le conflit en combattant les mouvements identitaires xénophobes du Québec par exemple. Évoquant des manifestations devant la Banque HSBC de Québec, il continue de penser que « c’est bien beau de jaser, mais agir c’est plus pertinent ».

Des mesures concrètes depuis le Québec

Pour Pierre-Simon Lauzon, envoyer de l’argent pour aider les manifestants est une action très utile et évoque pour cela un fonds dédié, destiné aux membres de Hong-Kong, disponible sur le site de l’internationale. Il ajoute cependant que l’organisation fragmentée du mouvement à Hong-Kong, dont il n’y a pas de leader reconnu, peut rendre l’implication plus difficile en raison du grand nombre d’acteurs. Selon lui, il est plus facile de participer à la résolution du conflit depuis le Québec : « ici au Québec, c’est le même système capitaliste donc on peut faire de la pression pour Trudeau par exemple, pour mettre de la pression sur la Chine pour qu’elle respecte les droits humains de Hong-Kong ». Il ajoute que même au niveau syndical « il y a un travail à faire », faisant référence aux dénonciations des syndicats de banques québécoises devant le licenciement des employés de HSBC. Le groupe Alternative socialiste a, également, soumis des propositions pour résoudre la crise aux membres actifs à Hong-Kong telles que l’organisation de groupe d’auto défense, des grèves générales illimitées ou encore la mise en place d’assemblées populaires où pourraient siéger la jeunesse.

La question identitaire, une problématique québécoise

Utilisant les parallèles entre ces deux régions bien éloignées l’une de l’autre, les membres du groupe socialiste pensent que le soulèvement populaire de Hong-Kong n’est pas sans rappeler la crise identitaire du Québec. Ayant déjà fait une conférence sur le même thème à Montréal, Simon-Pierre, trouve le public de Québec davantage réceptif à la question de l’engagement dans la cause de Hong-Kong en raison de l’histoire bien particulière de la région, marquée par une affiliation socialiste plus prononcée qu’à Montréal, où règne un grand cosmopolitisme : « à Québec, il y a les radios-poubelles d’extrême droite qu’on n’a pas à Montréal puis nous à l’alternative socialiste on a un show de radio pour justement contrer ce genre de radio ».

Le conférencier va jusqu’à affirmer que la question du soulèvement populaire à Hong-Kong fait écho à son implication socialiste au Québec : « Alternative socialiste se trouve ailleurs au Canada, Toronto, Vancouver, et donc la conversation se fait en ce moment, puis l’idée c’est que là où il y a le capitalisme, il y a l’exploitation des travailleurs et donc notre groupe peut aller là ». À la question d’un éventuel miroir entre la crise de Hong-Kong et la question de la souveraineté du Québec par rapport au Canada, l’activiste affirme que « oui absolument, le parallèle est tout à fait pertinent ».

Une négation du droit à la souveraineté du pays

Interrogé au téléphone, le secrétaire général de la Jeunesse Communiste du Canada, Adrien Welsh, a, de son côté, exprimé son désaccord avec la position des membres de l’alternative socialiste. Bien qu’il ne remette pas en question des « liens avec le parti communiste chinois », ce partisan rejette toute ingérence avec la situation actuelle à Hong-Kong : « nous croyons que ce qui se produit à Hong-Kong en ce moment, c’est ni plus ni moins, en tout cas dans la majeure partie, une manipulation des impérialistes contre la République populaire de Chine, et on n’est pas les seuls à le dire ».

Selon lui, la couverture médiatique par les médias occidentaux vise à nuire au pays dont la souveraineté est reniée : « en ce moment, le plus important c’est de défendre le droit à l’autodétermination, le droit à la souveraineté de la République populaire de Chine qui est reconnu par la majorité des pays dans le monde ». Le jeune activiste est même allé jusqu’à dire que cette crise n’a rien à voir avec un soulèvement populaire, il s’agirait selon lui plutôt d’une « jacquerie qui est complètement financée par l’impérialisme occidental, de la même façon qu’il y a eu des jacqueries qui ont été financées en Libye ».

Les théories conspirationnistes sont de plus en plus nombreuses à l’échelle mondiale et même au Québec, comme les membres de l’alternative socialiste ont pu l’expérimenter lors de la première conférence sur Hong-Kong, qui s’est tenue quelques jours plus tôt à Montréal. Des membres du groupe d’extrême gauche, Spartakiste, étaient alors venus interrompre la conférence en criant au complot américain, ce qui leur a valu d’être envoyés à la porte de sortie.

Galerie Photos