Le feu de forêt Camp Fire, décrit comme le feu le plus destructeur de l’histoire de la Californie, laisse sur son passage un bilan de près de 90 morts et de plus de 14 000 habitations brûlées. Bien que le Québec ne soit pas à l’abri des feux de forêt, des dommages d’une telle ampleur sont moins probables dans la Belle Province.

L’augmentation du nombre de quartiers périurbains en Californie, soit des aménagements résidentiels situés en bordure des villes et près des forêts, a contribué à la dévastation engendrée par Camp Fire. Ces lotissements augmentent notamment les risques d’incendies accidentels liés aux activités humaines. Ils permettent aussi une propagation rapide du feu d’un bâtiment à l’autre. La municipalité Paradise, en Californie, en est un bon exemple : en quelques jours, Camp Fire a rasé presque tous ses 2000 immeubles.

Or au Québec, ces quartiers sont moins fréquents et moins à risques, selon Alison Munson, professeure titulaire en écologie forestière à l’Université Laval : « Ici, on va enlever des arbres quand on crée des banlieues; on commence donc avec de tout petits arbres et beaucoup de gazon. Ce n’est pas si inflammable en soi, comme végétation ». Elle note cependant que certains villages du nord de la province, dont plusieurs localités autochtones, demeurent situés assez près des forêts pour être vulnérables.

Selon la professeure, le climat québécois aide aussi à rendre la province moins vulnérable, l’hiver jouant un grand rôle dans l’extinction des feux : « En Californie, ils ont une période de précipitations, mais ici, c’est sûr qu’en hiver, c’est tranquille [au niveau des feux de forêt]. » En ce début de période creuse, la province a d’ailleurs été en mesure de prêter deux de ses hydravions à la Californie pour lutter contre Camp Fire.

Alison Munson, professeure titulaire en écologie forestière à l’Université Laval, explique que le climat québécois permet de rendre les forêts de la province moins vulnérables que celles de la Californie (Crédit photo : Emy Lafortune).

Pour Marie-Louise Harvey, agente à la prévention de la Société de protection des forêts contre le feu, il existe aussi une grande différence entre la végétation de la Californie et celle du Québec : « [La Californie] a une végétation un peu plus petite. Si on veut se faire un feu de camp, on commence avec du petit bois pour que ça allume plus rapidement; ensuite, le gros bois va brûler. Le combustible en Californie est plus petit que le tronc de nos arbres, et peut ainsi avoir un impact sur le comportement du feu ».

Des risques bien réels

Bien que les risques de dévastation totale soient moins élevés au Québec qu’en Californie, Marie-Louise Harvey souligne que les dangers de feux de forêt sont bien réels dans la province : « Nous, ce qu’on a, c’est une forêt boréale. En général, la majorité des arbres qu’on va y trouver sont des pins gris. Ce sont des arbres qui brûlent très rapidement, surtout au printemps, et qui engendrent des comportements de feu assez féroces, qui vont avancer rapidement. En Côte-Nord, aussi, ce sont des secteurs assez montagneux. Lorsqu’on a des montagnes, ça permet au feu de prendre beaucoup d’intensité. Il va monter et descendre très rapidement. » L’été 2018 a d’ailleurs été particulièrement occupé pour la SOPFEU.