Les relations américano-russes sont au point mort depuis l’investiture de Joe Biden. L’envoi par Moscou d’un missile dans l’espace a jeté un nouveau coup de froid entre les deux pays.

Le mardi 16 novembre dernier, la Russie a reconnu avoir effectué un tir d’essai contre l’un de ses anciens satellites en orbite autour de la Terre. L’envoi du missile a provoqué la frayeur et la colère des États-Unis, le tout dans un contexte de vives tensions entre les deux pays. Depuis l’arrivée au pouvoir de Joe Biden il y a moins d’un an, les discussions entre Washington et Moscou sont très rares. « Biden reconnaît le rôle et l’influence de la Russie dans l’élection de Donald Trump. Il pense que c’est inacceptable » analyse Jonathan Paquin, professeur de sciences-politiques à l’Université Laval.

Sous l’administration Trump, les relations bilatérales avec Moscou étaient très dégradées, Joe Biden n’est pas plus ouvert au dialogue. Jonathan Paquin résume l’état de cette relation : « Les relations sont au point-mort. Il n’y a pas d’amélioration depuis l’investiture de Joe Biden, qui met l’accent sur la démocratie et la lutte contre les régimes autoritaires. Ça ne va pas fort entre les deux pays, les tensions se poursuivent ». Le tir du missile dans l’espace a encore plus cristallisé les rapports entre les États-Unis et la Russie. Mais cette démonstration de force de Vladimir Poutine est totalement réfléchie. La Russie souhaite faire passer un message fort aux États-Unis : à l’heure où les USA ont les yeux rivés sur la Chine, Moscou veut affirmer qu’elle existe en Occident, qu’elle reste une grande puissance. « Ce genre de test c’est d’abord pour essayer son armement, la Russie souhaite percer le bouclier anti-missile des États-Unis. Mais c’est surtout un signal envoyé aux USA ajoute l’expert en politique étrangère. L’objectif est de dire que la Russie a les moyens de ses ambitions. La Russie est là et veut garder son influence. Ce sont des vieilles techniques ». Malgré le tir de ce missile dans l’espace, la Russie reste largement derrière les États-Unis dans le domaine spatial. Le budget spatial de Moscou est de 60 milliards de dollars US contre 740 milliards de dollars pour Washington. Ces tensions ne sont qu’une partie des différents terrains de tensions entre les deux pays.

L’Ukraine, autre terrain de tensions

La communauté internationale est vivement préoccupée par les mouvements de troupes russes à la frontière ukrainienne. L’OTAN craint un envahissement imminent, comme celui de la Crimée en 2014. Les États-Unis, en coopération avec l’OTAN, mènent ainsi des manœuvres en mer Noire, ce que la Russie voit comme « une provocation ». Pour Jonathan Paquin, les États-Unis n’iront pas au-delà de ces opérations de dissuasion : « Ce n’est pas la priorité des États-Unis, c’est secondaire. La Chine est plus importante pour eux. Ça a d’ailleurs permis depuis des années à la Russie d’exercer beaucoup d’influence sur ce territoire. Les États-Unis se limitent à des opérations de dissuasion, ça ne va pas plus loin ». Dernier exemple en date d’une nouvelle tension entre les deux pays : le sommet pour la démocratie. Le président Biden n’a pas invité la Russie, ni la Chine, pour ce sommet prévu en décembre. Dans une tribune conjointe, les ambassadeurs russe et chinois à Washington ont fustigé l’exclusion de leur pays. Une nouvelle déconvenue qui aggrave un peu plus les relations très froides entre les États-Unis et la Russie. « Je ne vois pas d’arguments pour que la relation s’améliore » tranche Jonathan Paquin.