Pour la première fois depuis 2016, les leaders politiques des États-Unis, du Mexique et du Canada se sont rencontrés à la Maison-Blanche dans le cadre d’un Sommet nord-américain. L’objectif de cette rencontre : entretenir des liens forts et former un front commun dans la bataille contre la Covid-19. Pour Daniel Douek, professeur au département de science politique de l’Université McGill, les tensions US-Mexique qui ont caractérisé les relations internationales sous la présidence de Donald Trump risquent de perdurer.

 Le 18 novembre dernier, Washington a reçu ses voisins du Nord et du Sud pour collaborer sur « la sécurité sanitaire, la compétitivité et la croissance équitable, [et] pour inclure le changement climatique et une vision régionale de la migration », selon le communiqué de presse publié. Pour Daniel Douek, professeur en science politique, les visions des États-Unis et du Mexique en matière d’immigration et de changements climatiques sont encore trop divergentes pour faire baisser les tensions. « Donald Trump est peut-être sorti de la Maison-Blanche, mais les tensions demeurent », affirme l’expert en relations internationales, « parce que les deux pays n’ont pas les mêmes priorités ».

Historiquement, les États-Unis sont connus pour limiter l’immigration en provenance du Sud en raison de leur grand problème d’immigration illégale, explique Daniel Douek. Selon lui, « la période ultra protectionniste sous l’ancien président a non seulement aliéné les deux pays voisins, mais a également fait surgir une montée du racisme à l’intérieur même des États-Unis ». La vision péjorative que porte une portion de la population états-unienne au Mexique ne fait qu’accentuer les dissensions aux niveaux social et politique.

« Les mexicains ne se sentent pas les bienvenus [aux États-Unis]. » – Daniel Douek

Un client essentiel

Le gouvernement démocrate aux États-Unis semble maintenant engagé à prioriser les changements climatiques et à atteindre ses objectifs de réduction d’émission de gaz à effet de serre, lance Daniel Douek. « Voici une autre source de tension », dit-il. Pour le Mexique, l’exportation d’huile et de pétrole représente un de ses principaux moteurs économiques. Son premier client : les États-Unis. « La possibilité que ceux-ci se concentrent sur le développement de leur marché intérieur constitue une grande crainte pour le Mexique et est source de conflits », explique le professeur.

Au mois d’octobre, le Président Biden a présenté un nouveau projet de loi appelée Build Back Better. Cette initiative vise à centraliser l’économie états-unienne à l’intérieur de ses frontières principalement via la construction d’infrastructures. Joe Biden affirme que ce projet permettra de créer des millions d’emplois nationaux, donc de subvenir aux besoins de la classe moyenne et de concurrencer la Chine, tout en priorisant l’environnement. Pour le Mexique, un tel projet peut représenter une menace pour les relations avec leur voisin du Nord, puisqu’il peut s’agir d’une fermeture de l’économie états-unienne, explique Daniel Douek.

Selon le professeur de politique comparée, le Mexique observe, autant que possible, des relations prudentes et amicales avec les États-Unis afin de s’assurer que des décisions drastiques aux niveaux de l’immigration et de l’économie ne soient pas reprises, comme sous le dernier gouvernement.

« (…) le Mexique, comme plusieurs autres pays, dépend des États-Unis pour que sa propre économie roule. La moindre mesure protectionniste des États-Unis peut causer un grand choc chez ces pays. » – Daniel Douek