C’est le deuxième poumon de la planète. La forêt du bassin du Congo, plus important massif forestier tropical après la forêt amazonienne, pourrait être privée de 12 millions d’hectares si rien n’est fait d’ici 2030, selon un rapport du Fonds mondial pour la nature ou World Wide Fund (WWF).
Couvrant plus de deux millions de km², soit trois fois la France, la forêt du bassin du Congo est un haut lieu de biodiversité avec ses 415 espaces de mammifères, 11 000 espèces de plantes, 1 100 d’oiseaux et presque autant de poissons, sans compter d’autres espaces animales comme l’éléphant de forêt, l’okapi et le chimpanzé.
Mais cette large étendue boisée, que se partagent le Cameroun, la Centrafrique, le Congo-Brazzaville, le Congo-Kinshasa, le Gabon et la Guinée équatoriale, est aujourd’hui menacée.
Au banc des accusés : l’essor de l’agriculture et la pression démographique, alors que la population de cette région est appelée à doubler en 2030 par rapport à l’année 2000. Mais il y a aussi, et surtout, mentionne Greenpeace, une terrible instabilité politique qui permet à des entreprises de faire le commerce illégal de bois.
L’ONG a enquêté pendant deux années sur les activités d’une société forestière, Cotrefor, ainsi que dans divers ports à travers le monde, pour publier en mai 2015 un rapport accablant qualifiant « d’illégale et destructive » l’exploitation forestière menée par cette entreprise en Afrique centrale.
Cotrefor est accusée d’avoir violé les législations locales et internationales en exportant du bois de la forêt du bassin du Congo à destination de nombreux pays, dont les États-Unis, de la Chine et de l’Union européenne.
D’après l’ONG, le cas Cotrefor pourrait n’être que la pointe de l’iceberg dans la forêt du bassin du Congo.
« Les activités de la société Cotrefor sont symptomatiques du chaos organisé régnant dans le secteur de l’exploitation forestière en RDC, où la faible gouvernance et la corruption sont des obstacles majeurs à la protection des forêts », déclare Raoul Monsembula, coordinateur national en RDC pour Greenpeace Afrique par voie de communiqué.
En Afrique centrale, la déforestation met non seulement en péril la biodiversité, mais également des centaines de communautés locales dont le mode de vie est foncièrement lié à la forêt, et qui en dépendent notamment pour leur alimentation et pour leurs plantes médicinales.
Sur son site web, Greenpeace France rappelle que la déforestation est responsable de 20% des émissions de gaz à effet de serre au niveau planétaire. Lorsqu’ils sont coupés, en effet, les arbres libèrent dans l’atmosphère une partie du carbone qu’ils ont emmagasiné au cours de leur vie.