L’information locale et hyperlocale était le thème de l’une des conférences du Festival international du journalisme de Carleton-sur-Mer sur lequel cinq journalistes ont échangé leurs points de vue sur les défis et l’importance de ce type d’information.

« La beauté du journalisme local, c’est que les gens avec qui tu parles en entrevue, tu les recroises à l’épicerie, souligne Isabelle Larose, journaliste à Carleton-sur-Mer. Ça humanise un journaliste. C’est plus rare que tu croises Céline Galipeau à Montréal », lance-t-elle. La proximité entre les journalistes et les citoyens peut ainsi nourrir la confiance à l’égard des médias, un sujet récurrent du Festival.

Le journalisme local, c’est quoi ? « C’est de couvrir ce qui se passe dans la vie des gens de façon proche, explique la journaliste Isabelle Larose. Peu importe où on est, les gens ont besoin d’avoir accès à l’information. Il peut se faire du journalisme local à Carleton comme à Montréal ».

Isabelle Larose est journaliste depuis 2013 à Radio-Canada à Carleton-sur-Mer.

Mme Larose a déjà fait un article sur un homme du coin qui a remporté le record Guinness du gros navet ! Le sujet a même été repris par Infoman. Comme quoi le journalisme local peut aussi avoir une portée nationale et internationale. « Les gens aiment qu’on parle d’eux», constate Isabelle Larose.

Catherine St-Vincent-Villeneuve, directrice régionale à Ici Radio-Canada Est-du-Québec, abonde dans le même sens. Les journalistes doivent entretenir de bonnes relations avec le public des régions dites éloignées. « Il ne faut pas y aller juste quand le feu est pris si on veut tisser des liens avec les gens », croit-elle.

L’information plus locale permet également aux médias de se différencier. C’est une remarque qu’a soutenue Gaétan Chiasson, rédacteur en chef de l’Acadie Nouvelle, lors de la conférence sur le sujet. « Souvent, les textes les plus intéressants, les plus lus, sont ceux qui proviennent de sujets hyperlocaux. Dans les sondages qu’on a faits, 80 % des gens ont répondu qu’ils veulent de l’information qui concerne leurs proches ou leur village », mentionne-t-il.

Les défis

La proximité avec le public semble aussi bénéfique que complexe. Isabelle Larose donne l’exemple de certaines relations amicales qui évoluent maintenant en politique. Elle doit couvrir l’actualité avec la même impartialité. Un phénomène qu’a souligné Katerine Belley-Murray de l’École supérieure en Art et technologie des médias (ATM) en conférence. Lorsqu’elle était journaliste au Saguenay, le maire était le petit cousin de son père. Léger conflit d’intérêts. Elle mentionne également que les médias dépendent des publicités des entreprises du coin. Il peut donc être difficile d’écrire des articles plus critiques sur elles.

Bien sûr, même si le journaliste local est important, Isabelle Larose déplore un manque de ressources. Souvent, elle part couvrir un sujet, seule, avec sa caméra. Elle conduit pendant de longues heures, sans compter qu’elle réalise aussi le montage vidéo. Mme Larose tient à préciser qu’il faut huit heures pour faire le tour de la Gaspésie.

Le journalisme local doit être valorisé, selon elle. « Dès qu’on voit que quelqu’un a du talent, il faudrait qu’il parte à Montréal. Les régions ont besoin de bons journalistes qui ne restent pas que six mois », déplore Mme Larose. Elle, elle a choisi de rester à Carleton-sur-Mer. La journaliste aime l’endroit et l’océan.