Plusieurs organisations à Québec se mobilisent pour accueillir des familles qui fuient la guerre en Ukraine. L’association des Ukrainiens de Québec et celle de Lévis œuvrent pour leurs installations dans la Capitale-Nationale.
En mai 2023, plus d’un million d’Ukrainiens avaient présenté une demande pour venir au Canada dans le cadre de l’AVUCU. Un programme fédéral permettant aux Ukrainiens qui fuient l’invasion à grande échelle de leur pays par la Russie à vivre, à travailler et à étudier au Canada.
Alors, plus de 150 000 Ukrainiens sont arrivés au Canada dans le cadre de ce programme de voyage d’urgence. Des familles parfois décomposées, les femmes et leurs enfants, venus ici laissant derrière eux, leurs maris, frères mobilisés sur le front.
25 familles ukrainiennes installées à Lévis
Cela n’est pas dû au hasard si certaines ont fait le choix de s’installer à Lévis. Paul Foisy, ancien enseignant, vit depuis 50 ans sur la rive sud. L’homme avait déjà aidé une famille syrienne à venir s’installer ici. Fort de cette expérience, il a voulu poursuivre cette mission en créant l‘Association Ukrainienne de Lévis.
« Quand la guerre a commencé, j’ai décidé de mettre sur pied un comité pour installer une famille ukrainienne. De fil en aiguille, on en a accueilli 25. »
Avec l’aide d’une trentaine de bénévoles et des 7 collaborateurs de l’association, Paul s’occupe de tout en amont et lors de l’arrivée de ces exilés. Il trouve un logement, une tâche difficile car il faut trouver une personne qui accepte de signer un bail à la place de la famille. Ces dernières étant dépourvues d’historique de crédit.
L’association s’occupe ensuite de trouver des meubles et des vêtements gratuitement. Pour cela, elle compte beaucoup sur la générosité des Lévisiens. Quand les familles arrivent sur place, ils ont tout ce qu’il leur faut pour pouvoir démarrer une nouvelle vie sans encombre. Des bénévoles se sont spécialisés pour les assister dans leurs démarches administratives.
« La prochaine famille que l’on va accueillir vient de Mykolaïv, le père, sa femme et leurs 3 enfants âgés de 7 ans, 4 ans et 5 mois vivent tous les jours avec les bombardements. Je ne peux pas rester insensible à leur sort. Je leur ai demandé de prendre des billets d’avion dès que possible. »
Les sentiers de la guerre, un court-métrage qui retrace le parcours des mères ukrainiennes
Ces situations extrêmement délicates ont été mises en scène par Iryna Kostrova. Originaire de Kharkiv en Ukraine. La jeune femme a longtemps travaillé pour la télévision nationale ukrainienne STP, en tant que réalisatrice de documentaire. « Quand j’ai quitté l’Ukraine, en 2019, je ne pensais pas à m’installer ici, puis la pandémie est arrivée et j’ai mis au monde un enfant. Je suis tombée amoureuse de la Beauce. J’ai trouvé un travail ici à la télé-communautaire de Beauceville. »
Le 30 septembre, la réalisatrice exposait à l’Université Laval un court-métrage qui retrace la dure réalité de l’immigration des femmes et des enfants ukrainiens au Québec forcé par le conflit avec la Russie. L’argent amassé par la vente des billets a permis de soutenir les enfants orphelins par les hostilités. L’histoire prend place au sein d’un camp de sport près de Montréal où femmes et enfants venaient d’arriver directement d’Ukraine.
« J’ai filmé une mère de famille et ces 3 enfants contraints de partir sans leur père. Mobilisé sur le front, dans l’enfer de Kharkiv. Le contact entre eux est rendu presque impossible sans connexion réseau. L’un des garçons n’acceptait plus de parler à personne, les traumatismes sont énormes. »
La solidarité inébranlable de la diaspora ukrainienne à Québec
Viktoria Gareau, ancienne journaliste et éditrice à la télévision nationale en Ukraine, a créé l’Association Ukrainienne Vilni. Arrivée dans la province en 2020, elle a voulu contribuer à l’installation de ces compatriotes à Québec.
Les 5000 membres qui composent le groupe Facebook de l’association s’échangent chaque jour des conseils pour entreprendre leurs démarches d’immigrations, ou encore pour trouver du travail, un appartement.
Victoria cherche à maintenir un lien commun où peuvent se retrouver la diaspora ukrainienne de la ville.
« On cherche actuellement un local pour permettre aux enfants ukrainiens de se retrouver les fins de semaines. Le but est qu’il se rappelle d’où ils viennent et qu’ils puissent échanger sur leurs cultures. L’école Sacré-Cœur à Saint-Sauveur nous donne accès à une salle tous les dimanches. »
Le centre multi-ethnique de Québec a recensé plus de 1000 Ukrainiens venues s’installer dans la Capitale-Nationale, l’organisation a pu aider plus d’une centaine d’entre eux à trouver un toit.