L’État de la Cité du Vatican, d’une superficie de 0,44 km2, soit à peine plus du tiers du territoire du campus de l’Université Laval, est soumis à des secousses répétées depuis l’élection de François en mars 2013.

Le Vatican est sur la voie de la réforme de sa curie, son gouvernement central, critiqué notamment pour son cloisonnement, son dirigisme centralisé et ses scandales sexuels. Plus grande collégialité, moins de pouvoir pour les Européens (en particulier les Italiens), actuellement surreprésentés aux postes de haute direction, plus de place aux laïcs et aux femmes, création de deux super-ministères, dont l’un sera responsable des questions environnementales, plusieurs thèmes seront touchés. Sous l’impulsion de François, qui a été nommé personnalité de l’année 2013 par le Time, le Vatican se dépoussière !

Réunis les 12 et 13 février derniers à Rome, 165 cardinaux du monde entier ont ainsi échangé sur le vaste chantier de la réforme de la curie romaine, qui ne devrait être finalisée que dans plusieurs années. Selon le père Federico Lombardi, porte-parole du Vatican, si les cardinaux ne se sont pas montrés favorables à ce que des laïcs puissent diriger les ministères les plus importants, ils n’ont toutefois pas exclu qu’un laïc, une religieuse ou un couple puisse être nommé à la tête d’un service dépendant de ces super-ministères. Les travaux se sont déroulés à huis clos dans « un climat très constructif, nullement revendicatif », a assuré le père Lombardi.

Mais au-delà de la réforme des structures, celui que le Rolling Stone Magazine appelle le pape de la révolution douce souhaite une réforme des mentalités. Son discours de présentation des vœux Noël à la curie en décembre dernier était non équivoque. Il a alors énuméré et détaillé une liste des quinze « maladies» qui peuvent affecter les collaborateurs du Saint-Siège : mauvaise coordination, alzheimer spirituel, schizophrénie existentielle, maladie du bavardage, du murmure et du commérage, le ton était aussi incisif que le propos : «  […] la maladie des personnes qui cherchent insatiablement à accroître leurs pouvoirs, et à cette fin ils sont capables de calomnier, de diffamer et de discréditer les autres, même dans des journaux et dans des revues. […] Et ici, me vient à l’esprit le souvenir d’un prêtre qui appelait les journalistes pour leur raconter – et inventer – des choses privées et confidentielles de ses confrères et de ses paroissiens […] »

François n’avait pas été plus tendre envers les évêques italiens, en mai 2013 : « Le manque de vigilance – nous le savons – rend le pasteur tiède; il le fait devenir distrait, oublieux et même intolérant ; il le séduit avec la perspective de la carrière, la flatterie de l’argent et les compromis avec l’esprit du monde ; il le rend paresseux en le transformant en un fonctionnaire, un clerc d’État davantage préoccupé par lui-même, par l’organisation et par les structures, que par le vrai bien du Peuple de Dieu. » 

Selon certains observateurs, le programme de François est une véritable révolution de l’Église et suscite une forte opposition en coulisses. Autres soubresauts à venir donc.